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La femme en Algérie. Il faut continuer le combat

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La femme en Algérie

La situation de la femme en Algérie est assez équivoque, et pas très facile à définir, dans le sens où celle-ci est résolument tournée vers l’avenir tout en étant ancrée dans les traditions et les valeurs qui lui ont été transmises, de façon souvent inconsciente, par la mère, la grand-mère, etc. Et ce, de façon transgénérationnelle.

Malgré que la femme a souffert de divers injustices, elle s’est mise à les transmettre sans se rendre compte, et ainsi, elle est devenue la complice de l’autorité masculine en se faisant indirectement mal à elle même.

Certes, les femmes aujourd’hui occupent des postes dans tous les domaines professionnels et qu’elles assurent d’ailleurs de façon assez impressionnante et exceptionnelle. Il suffit de voir les réussites financières des entreprises où elles sont le plus représentatives pour s’en rendre compte, et ce malgré les aléas et les difficultés qu’elles ont malheureusement traversé et qu’elles continuent de subir.

Mais qui n’ont néanmoins jamais compromis sa détermination d’aller jusqu’au bout pour décrocher la lumière, à travers par exemple, des taches ménagères accablantes, je me rappelle depuis toujours, que nous passions des nuits blanches et infernales à nous battre contre le sommeil, afin d’attendre cette eau précieuse, dans le but de remplir nos bassines et nos jerricanes.

Imaginez vous, que même des professeurs d’universités, passaient des nuits durant à se consacrer à faire la lessive de leurs enfants pour s’assurer qu’ils puissent le lendemain aller à l’école propres, pour aller quelques heures après, affronter une journée accablante de travail supplémentaire.

Il est indéniable que la femme Algérienne possède cette soif de relever les défis, et cela revêt un aspect historiquement glorieux, et ce depuis la nuit des temps. Cette capacité est sans nul doute, une caractéristique qui nous colle même à la peau de façon presque naturelle.

Actuellement la femme algérienne est partout, et a le mérite et la position sociale qu’elle a admirablement acquise ou plutôt dignement arraché, car personne n’en lui a fait cadeau, ce n’est qu’après des sacrifices consentis qu’elle est arrivée à ce résultat.

Sans compter le fait d’avoir pu se frayer un chemin et obtenir une place respectable et distinguée, au milieu d’une junte masculine hypermachiste et même souvent agressive.
Je crois que le fait que la femme ait saisi les enjeux de l’émancipation, lesquels passent incontestablement par l’école et l’instruction, sont d’une importance capitale.

Elle a su prendre sa revanche contre la condition de subordonnée,  laquelle hélas, a pris en otage leurs mère ou tout simplement les femmes d’avant en général, et qui étaient le plus souvent non instruites ou carrément analphabètes.

Elles n’avaient pas d’autre choix, que de supporter les péripéties de la dépendance d’un tuteur et des affres d’une pression, voire d’une certaine discrimination de la part des hommes et des belles mères, jusqu’à se retrouver répudiées et jetées à la rue comme des torchons, avec une marmaille d’enfants sur les bras.

Il est vrai que la femme arrive à s’introduire dans plusieurs domaines de fonctions, mais il reste un domaine où celle-ci n’a pas du tout sa place: il s’agit bien entendu du domaine politique, où il reste encore du chemin à faire, et le combat doit continuer, sachant que même dans les pays dit « développés », la participation de la femme continue de susciter des controverses les plus houleuses et souvent de façon assez caricaturales.

Quant à mon épanouissement personnel, croyez moi qu’autant, je peux être fière du parcours de la femme  et de la détermination de la plus part des Algériennes, ainsi que celles qui travaillent d’arrache-pied pour réussir en contribuant à la réalisation des rêves de notre patrie, et autant je peux désormais dire ça avec une pointe d’amertume, car je risque de me sentir égoïste et individualiste, en tentant de déguster une satisfaction strictement personnelles.

A mes yeux elle devient subitement obsolète, car je sais que notre société est malade: elle souffre de dégénérescence à tous les niveaux, malgré que je pense réellement que si certaines institutions tiennent un peu debout, c’est beaucoup grâce à la femme qui s’affirme en général très positivement.

Je ne peux me sentir épanouie, en voyant toute la société sombrer dans une dégénérescence morbide, dans la turpitude et le désespoir, la misère, le chômage, le suicide, la prostitution, la drogue  et el harga…

Comment puis-je me sentir tout simplement heureuse, quand je vois que toutes nos aspirations sont déchues et sacrifiées sur l’autel de la corruption généralisée et institutionnalisée, du harcèlement sexuel et du chantage psychologique, exercés malheureusement à l’encontre la femme qui subit en silence, au risque de perdre son emploi et qui doit ainsi supporter cette torture pour ne pas attirer toutes les foudres de l’humiliation et du déshonneur sur elle ou sur sa famille.

Sincèrement, je ne peux me réjouir d’être femme en Algérie, ce n’est nullement pour dresser un tableau noir, mais j’essaye uniquement d’être le plus objective possible et d’essayer de toucher le problème du doigt.

Les tabous d’ordre traditionnel font souvent plus de dégâts que les tabous liés à la religion, comme par exemple la dot (fortune) octroyée à la future mariée lors de son mariage, où les jeunes prétendants sont obligés de se ruiner ou dévaliser une banque pour se marier, alors que la religion est contre cette aspect, sachant que notre prophète (sws) offrait en échange juste une bague en métal.

La complexité de la chose réside dans l’enchevêtrement de la religion avec les traditions, et il n’est pas toujours facile de distinguer le bon grain de l’ivraie. Et dissocier les deux dogmes, n’est point une mince affaire, du moment qu’il existe un enchevêtrement entre les deux aspects, ou plutôt une inter dépendance mutuelle.

En matière de relation entre homme femme, il existe ce qu’on appelle aussi des frontières à ne pas dépasser, que se soit par rapport à la religion ou aux traditions tout simplement, qui  servent souvent de contre poids à l’élan naturel que pourrait prendre une relation, surtout hors mariage, comme certains rapports aussi peuvent être traduits comme étant des égarements illicites et « indignes »de la religion ou de l’honneur familial.

Mais, l’héritage culturel Algérien est souvent le fruit et l’apanage de plusieurs religions, comme pour la question de la virginité par exemple. Ce problème n’est pas forcément lié à l’héritage islamique, mais beaucoup plus aux tradition Juives, sachant que historiquement parlant, et notamment à Constantine ou à Tlemcen entres autres, il y avait un rituel extraordinaire depuis le hammam, jusqu’au lieu de la cérémonie, qui se célébrait autour de cette question, laquelle tenait une place centrale lors des mariages, et qui avait même un aspect important et presque vital, lié à la pureté, à la virginité et aux répercussions ou prolongement incroyables,  jusque dans la descendance (progéniture), etc,

Je crois que, lorsque l’amour est fort et intense entre un couple, en dépit de tous les interdits, leurs engouement finit et parvient à abolir et a braver tous les tabous, quelque soit X.

La religion ou les traditions peuvent en quelques sortes compromettre certaines choses ou les stimuler, ça dépend, mais tant que l’éducation sexuelle est encore une matière qui n’est pas enseignée dans nos écoles, les rapports demeureront assez sombres et entachés de risques et de rebondissements préjudiciables. Il suffit de regarder les orphelinats et les bébés jetés ça et la dans des sachets, pour s’en rendre compte à quel point les choses en sont arrivées, sans compter les MST(maladie sexuellement transmissibles), etc,

La perversité sexuelle qui sévit hélas dans notre pays, est liée à la frustration, au problème de l’ignorance et au phénomène de domination, de hogra et de misère (manque de moyens).

Il y a eu dernièrement même une chasse au couples, entreprise par notre président célibataire, et les siens, qui occupent des postes au pouvoir et qui se croient tout permis avec leurs multi- maitresses et leurs innombrables demeures, et allant jusqu’à menacer les jeunes couples qui se bécotent sous les arbres dans les parcs publics.

Certains couples ont souvent la sensation de commettre l’interdit, en volant des baisers, ou d’être obligés de faire les choses en cachette, alors que les couples en Occident sont considérés comme des oiseaux à protéger, et qui font partie même du prolongement du décor des parcs et de la verdure.

Pour la parité homme femme en Algérie, je crois que cela pourrait arriver, si les deux parties décideront d’avancer ensemble main dans la main pour le bien de tous, et si tous les hommes parviendront à prendre conscience, que si la femme est arrivée à obtenir une autonomie financière et une aisance matérielle souvent importantes, ce n’est nullement pour défier l’homme, mais uniquement pour se protéger d’une certaine situation d’ostracisme, et pour se libérer du joug familiale surprotecteur et pernicieux en même temps et éviter de tomber dans la condition de leurs mères ou leur grands mères qui ont assez souffert.

Aussi le jour où cet homme cessera de regarder la femme avec dédain et de chercher à tout prix à la dominer ou à s’efforcer d’être toujours au dessus, ou de souvent l’envier de lui prendre sa place, sans pour autant chercher à la comprendre, car c’est à travers la sincérité des rapports que la parité commencera à faire son chemin, sans bien sur nier que  cette parité dépend aussi éminemment d’une volonté politique, laquelle a le devoir d’offrir des facilités à la femme pour l’aider à s’épanouir, tels que la disponibilité des logements, ou des prestations familiales  liés aux garderies (jardins d’enfants), et aux privilèges qui l’aideront la a progresser sans tracas quotidiens, et sans bâtons dans les roues.

Lorsqu’on s’aperçoit  que notre pays est l’un des pays les plus riches de la planète, et que parallèlement, le cadre Algérien perçoit une misère à la fin du mois, qui est à peine suffisante pour un hammam destiné à la femme au foyer, il y a de quoi avoir honte. Cela est pire qu’une insulte à mon avis de la part de notre pouvoir, et cela prouve à quel point la femme et tous les citoyens confondus, sont méprisés dans notre pays.

Pour ce qui est du combat pour l’émancipation de la femme, je suis convaincue qu’il se fait petit à petit. Il se situe sur un plan individuel, au sein des universités, des couples, des familles, des espaces professionnels, dans les cafés, les rues, les théâtres et dans la vie de tous les jours, car politiquement parlant, y compris dans le domaine associatif, les choses ont hélas été galvaudées et instrumentalisées par des « leaders » opportunistes qui ont transformé le combat de la femme en une cause perdue d’avance ou morte née, et qui ont utilisé le nom et la détresse de certaines femmes pour servir leurs propres intérêts et accéder à des postes au sein du gouvernement.

Donc sur ce plan, excusez moi d’être quelque peu pessimiste, mais personnellement  je fais davantage confiance au combat sur le terrain au quotidien, qu’à celui qui est prôné par des khobzistes. La femme arrivera doucement mais sûrement, puisqu’elle a réussi à dépassé tant d’obstacles, en étant consciente des défis à relever et en allant constamment de l’avant.

Actuellement, nous avons affaire à une autre génération en Algérie, et nous sommes face à d’autres fléaux: les filles n’échappent pas à la prison comme le fut Habiba de Tiaret et l’histoire de l’évangélisation. Hélas même pour el harga, les femmes s’y mettent aussi. Cela veut dire que « le couteau est en quelques sortes arrivé à la gorge » comme on dit chez nous. Et nous constatons malheureusement que le ras le bol et l’étau continuent d’étrangler tout le monde.

Je souhaite seulement que bientôt, l’Algérie pourra s’en sortir de la situation mortifère qui l’a ronge et qu’elle parviendra à se libérer de ses bourreaux arbitraires du régime mafieux, qui ne cesse de lapider nos compatriotes et notre si beau pays.

Il est vrai que la parité entre l’homme et la femme nous fait penser forcément au code de la famille, lequel est totalement anticonstitutionnel. Mais parler d’amendement ou d’abolition uniquement lorsqu’il s’agit de droit, serait également une erreur à mon avis, car de prime abord, la question me semble complètement biaisée. Ce serait comme vouloir noyer le poisson dans l’eau, sachant qu’il s’agit globalement et en réalité d’une question d’état de droit.

Il est temps de revoir et de redéfinir en analysant ça à la lumière  d’experts, sociologues, psychologues, juristes et de véritables théologiens rationnels. Car il ne faut pas négliger non plus, qu’en matière d’héritage par exemple, la femme jouit d’une protection exceptionnelle.

Il est temps de prendre le taureau par les cornes, c’est-à-dire commencer par corriger la constitution d’abord dans le but de remettre les choses à leurs places. Par conséquent, les droits de la personne et les libertés individuelles seront automatiquement garantis et rétablis. Le droit chez nous est presque obsolète, et le fait de s’inspirer de la religion uniquement quand il s’agit de la famille, me semble pas seulement contradictoire, injuste, et incohérent, mais également très compromettant, dans le sens où il s’agit du sous bassement et de la cellule de base d’une société, et la déliquescence de celle-ci conduit malheureusement et fatalement notre pays au déséquilibre: en exacerbant les injustices tout en favorisant les fléaux, lesquelles contredisent la raison, le bon sens, y compris la religion et les valeurs humaines en général.

Hayat, directrice artistique établie au Canada
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