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Revue de presse. Victoire de l’Algérie : Pourquoi une telle ferveur en France ?

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Victoire de l'Algérie

Les supporteurs de l’équipe d’Algérie ont manifesté haut et fort leur joie après la qualification des Fennecs en 8e de finale à la Coupe du monde. Fabien Archambault, maître de conférence en histoire contemporaine à l’université de Limoges et spécialiste des liens entre football et politique, nous explique pourquoi. 

Les victoires de l’Algérie au Mondial donnent lieu à des manifestations de joie très démonstratives. Comment l’expliquer?

Fabien Archambault: Que des communautés d’origine étrangère soutiennent leur pays d’origine est banal. Mais dans le cas de l’Algérie, la démonstration de joie est plus forte. Il y a chez les supporteurs un besoin d’investir l’espace public qui renvoie à l’histoire particulière des relations entre la France et l’Algérie.

Le foot a en effet joué un rôle important dans la décolonisation. En 1958, une dizaine de joueurs algériens, qui évoluaient en championnat de France, comme Rachid Mekhloufi, sont partis en Tunisie à la demande du FLN pour créer une équipe nationale algérienne. Celle-ci n’a pas été reconnue par la Fifa mais elle a fait des tournées internationales, notamment au sein du bloc socialiste, et reste donc liée à la naissance de l’Algérie comme nation indépendante. Par ailleurs, traditionnellement, les grandes équipes des pays arabo-musulmans sont celles du Moyen-Orient, comme l’Egypte. Les pays maghrébins se sont longtemps sentis méprisés au sein de cet ensemble civilisationnel. Il est donc important d’exister face au Machrek.

Mais les jeunes générations n’ont pas cette histoire forcément en tête…

Inconsciemment, ils en portent l’héritage. Dans ses travaux, le sociologue algérien Abdelmalek Sayad a montré que si la première génération d’immigrés algériens supportait plutôt la France, la seconde supportait davantage l’Algérie que la France. Ce qui pouvait sembler paradoxal puisque cette génération ne connaissait généralement pas ce pays qui faisait office de patrie fantasmée.

C’est évidemment, pour cette génération, née en France et qui y a grandi, une façon d’affirmer une différence. Le même phénomène a été observé dans les années 60 avec les enfants d’immigrés italiens dans la région de Grenoble… Par ailleurs, dans un contexte de crise économique où les immigrés subissent de plein fouet le chômage et sont victimes du racisme, il existe une fierté à montrer qu’eux aussi peuvent obtenir de bons résultats.

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