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Corruption en Algérie : deux ex-ministres de Bouteflika inculpés pour dilapidation de la manne publicitaire

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Corruption en Algérie : deux ex-ministres de Bouteflika inculpés pour dilapidation de la manne publicitaire Anep

De nouvelles accusations de corruption présumée et de malversations viennent d’être portées contre des responsables liés au ministère de la Communication et à l’agence chargée d’attribuer les publicités de l’État en Algérie.

Le parquet d’Alger a annoncé l’ouverture d’une enquête sur la gestion de l’ANEP durant la période 2014-2019, soupçonnant trois anciens responsables d’avoir favorisé des médias proches du pouvoir à la fin de l’ère Bouteflika.

Selon le communiqué du parquet, ces responsables sont soupçonnés d’avoir attribué des espaces publicitaires à des journaux fictifs et minuscules, n’ayant aucune existence sur la scène médiatique. Le préjudice causé au Trésor public est estimé à plusieurs milliards de centimes de dinars, sans précisions sur les journaux bénéficiaires ou sur les montants en question.

Parmi les personnes inculpées, se trouve Hamid Grine, ancien ministre de la Communication entre mai 2014 et mai 2017, sous le gouvernement de Abdelmalek Sellal. Ce dernier est actuellement en prison pour des faits de corruption et d’abus de fonctions. Hamid Grine, quant à lui, est placé sous contrôle judiciaire et est soupçonné d’avoir favorisé le régime du président déchu Abdelaziz Bouteflika lors de son passage dans l’exécutif.

Ces nouvelles inculpations interviennent après une première vague d’inculpations en novembre 2022. L’ANEP, agence nationale de l’édition et de la publicité, est décidément au cœur de plusieurs affaires de corruption et de dilapidation de deniers publics en Algérie. Les autorités judiciaires continuent de mener des investigations pour mettre en lumière les agissements de responsables corrompus, dans le but de rétablir la justice et de restaurer la confiance des Algériens envers leur gouvernement.

Les récentes inculpations en Algérie pour dilapidation de la manne publicitaire mettent en lumière l’influence de deux personnalités controversées : Ali Haddad et Saïd Bouteflika.

Le deuxième responsable inculpé dans cette affaire est Djamel Kahouane, ancien PDG de l’ANEP de mai 2015 à mai 2017, puis ministre de la Communication jusqu’en avril 2019. Il est actuellement incarcéré à la prison d’El Harrach.

Djamel Kahouane a dirigé de 2008 à 2015 deux quotidiens appartenant au groupe ETRHB d’Ali Haddad, condamné dans plusieurs affaires de corruption.

À l’époque, c’est Haddad qui avait placé Kahouane à la tête de l’ANEP, avant de souffler son nom pour prendre le poste de ministre de la Communication. Djamel Kahouane tenait ses instructions directement de Ali Haddad et de Saïd Bouteflika, ex-conseiller à la présidence également en prison.

Le troisième responsable inculpé est Amine Echikr, qui a dirigé l’ANEP entre mai 2017 et avril 2019. Durant les deux dernières décennies, l’ANEP était devenue une véritable poule aux œufs d’or pour certains patrons de presse, agences de communication, responsables civils et militaires, ainsi que pour certains élus et hommes d’affaires.

Pour la période 2016-2020, l’ANEP a distribué pour 40 milliards de dinars (environ 1,1 milliard d’euros) de publicité à des journaux dont la ligne éditoriale était favorable à l’ancien régime.

Tout laisse à penser que la désignation des inculpés à la tête de la régie publicitaire visait à contrôler la distribution de la manne publicitaire aux journaux proches du pouvoir et à en priver les publications hostiles à l’ancien clan présidentiel. L’ANEP était ainsi devenue un repaire de la « Issaba », le vocable utilisé pour qualifier l’ancien clan présidentiel, assimilé à une bande mafieuse.

Ces nouvelles inculpations visent à mettre en lumière les pratiques corrompues des responsables de l’ANEP et à rétablir la justice en Algérie. La distribution équitable de la manne publicitaire aux médias est un enjeu majeur pour la liberté de la presse et pour la transparence de l’information en Algérie.

 

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