GALSI. Risque de veto algérien pour punir Sarkozy *

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    Selon certaines sources, pour pénaliser Sarkozy, les dirigeants algériens ne souhaitent pas que le GALSI dérive vers la France, donc la Corse…

    En mars 2010, Corsica avait titré, en couverture : « Galsi : le grand bluff ». En évoquant, au regard des promesses faites, à Ajaccio, par Nicolas Sarkozy, le retard pris par le projet algéro-italien, les éventuelles réticences algériennes, les problèmes posés par l’acheminement du gazoduc tant en Sardaigne qu’en Corse et un manque de financement, nous affirmions que le gaz naturel algérien ne serait sûrement pas en Corse en 2015 (date à laquelle les actuelles centrales au fioul devraient passer au gaz). Mais, sans doute beaucoup plus tard, contrairement à ce que feignaient de croire, à cette époque, aussi bien les élus que leurs opposants nationalistes ou les associations de défense de l’environnement.

    Nous étions sans doute en dessous de la vérité puisque selon certaines informations, non officielles, auxquelles nous avons eu accès, au moins une partie des dirigeants algériens sont opposés à ce que la France dispose, actuellement, du pétrole algérien devant être transporté par le GALSI. Et refuseraient, en réalité, toute dérivation du gazoduc algéro-italien vers la Corse. Évidemment, cette attitude ne sera pas assumée publiquement par les dirigeants algériens. D’ailleurs, lorsqu’en juin, l’ambassadeur d’Algérie, Missoum Sbih, a été reçu à l’Assemblée de Corse, il a botté en touche. Tout en affirmant que l’Algérie serait « très heureuse que le gaz algérien puisse contribuer au développement de la Corse », il a affirmé que c’était « une affaire franco-italienne » qui ne concernait pas son pays.

    Reste à savoir si les Algériens ne vont pas ou n’ont pas déjà fait savoir aux Italiens qu’ils devaient respecter les termes du contrat qui les liaient à l’Algérie, contrat qui ne prévoyait aucune dérivation du GALSI vers la Corse. Une manière, pour eux, de sanctionner le gouvernement Sarkozy avec qui ils ont actuellement de très mauvais rapports.

    Tout a commencé en 2007, lorsque le Président français s’est rendu à Alger. Nicolas Sarkozy n’a pas eu, et c’est le moins qu’on puisse dire, de très bonnes relations avec le Président Bouteflika, notamment parce qu’il a refusé que la France s’engage sur la voie d’une quelconque repentance à propos de la guerre qui avait opposé les deux pays. Une voie sur laquelle s’était engagé son prédécesseur Jacques Chirac et que Sarkozy a refusé de suivre. Pire, Nicolas Sarkozy a fait sentir qu’il se refusait à consolider les rapports politiques entre la France et l’Algérie, pour se contenter d’un simple rapport économique. Et, là encore, il n’a fait aucune annonce importante puisqu’il les a réservées au Maroc, où il s’est rendu ensuite. Ce qui a profondément énervé les Algériens. À la suite de cela, Bouteflika a annulé la visite officielle qu’il devait faire en France et les choses ont été de mal en pis. Dernier épisode qui a scandalisé les Algériens : la manière dont la France a négocié la libération, en février 2010, de Pierre Camatte, un humanitaire français qui avait été enlevé par un groupe d’islamistes. Paris, derrière le dos des Algériens qui les combattaient depuis longtemps, avait négocié avec les ravisseurs, quelques centaines d’islamistes algériens se revendiquant d’Al Qaïda et effectuant des raids entre l’Algérie, le Mali et le Niger. Le Mali avait libéré quatre prisonniers, dont deux Algériens appartenant au groupe terroriste, et les services algériens pensent, peut être à tort, que la France a payé une rançon, voire fourni des armes…

    Une formule qui n’a pu être reprise pour libérer un autre otage, Michel Germaneau, qui aurait été abattu par les mêmes ravisseurs.

    Tout cela faisant suite à la « timidité » dont ont fait preuve les Français lorsque l’armée algérienne combattait, sur son sol, les groupes terroristes islamistes. Des histoires qui prouvent que la France laisse l’Algérie bien seule face à leur ennemi commun : les terroristes islamistes. Toute chose, en tout cas, qui n’invite pas à l’optimisme en ce qui concerne les relations entre les deux pays.

    Et qui risque fort, par contrecoup, de pénaliser la Corse, laquelle risque d’attendre encore longtemps son cher GALSI. Non pas parce que l’Algérie manquerait de pétrole, comme on a pu le lire ici ou là, mais parce qu’elle refuserait, pour le moment, de servir la France.

    Gilles Millet

    (*) Titre de la rédaction
    unita-naziunale.org

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