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Gilles Manceron dénonce la timidité des efforts de la France en vue de reconnaître sa responsabilité dans les massacres du 8 mai

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Les massacres du 8 mai 1945 en Algérie doivent être reconnus comme un crime « contre l’humanité », un crime de « masse » parmi les plus révélateurs de l’histoire de la colonisation, dont la violence « n’est en rien comparable à celle des colonisés insurgés », a affirmé dimanche, à Guelma, l’historien français Gilles Manceron. Le conférencier, également rédacteur en chef de la revue de la Ligue des droits de l’homme, « Hommes et Libertés », donnait une conférence en présence du ministre des Moudjahidine, M. Mohamed Chérif Abbas, à l’ouverture du 9ème colloque international sur les massacres du 8 mai 1945, intitulée « Les massacres de mai 1945 et d’août 1954 par l’armée française : reconnaître les crimes et écrire l’histoire ».

Pour l’historien français, sortir de la période coloniale « signifie, aujourd’hui, reconsidérer l’histoire de cette période car cette dernière tournait le dos aux idéaux de justice, d’égalité, de dignité et de droits de l’homme, alors même qu’aujourd’hui le monde arabe enregistre des sursauts animés par ces idéaux, semblables par plusieurs aspects, aux mouvements de décolonisation inaugurés par la fin de la deuxième guerre mondiale ». Il faut, a-t-il ajouté, « regarder la vérité en face et cesser de s’en tenir aux clichés et aux préjugés qui étaient ceux des colons et de l’administration coloniale ».

Il a également rappelé qu’en 1942, « les Algériens, toutes tendances confondues, y compris les plus modérés, avaient légitimement rejoint la revendication indépendantiste, considérée, alors, comme une juste attente de leurs efforts de guerre aux côtés des alliés qui venaient de débarquer en Afrique du Nord ». M. Manceron a estimé que les efforts de la France officielle en vue de reconnaître sa responsabilité dans les massacres, demeurent « timides », limités au niveau diplomatique, et « n’ont pas encore d’impact sur l’opinion publique française, comme en témoigne la censure encore de mise, prouvée par la réaction des ultras, il y a une année, lors de la projection du film de Rachid Bouchareb, Hors-la-loi, au festival de Cannes, film dans lequel était incluses six minutes d’images sur les massacres du 8 mai 1945 ».

Jugeant « insuffisantes », les initiatives françaises reconnaissant les massacres du 8 mai 1945, comme ce fut le cas, il y a trois ans, à Guelma, lorsque l’ambassadeur de France avait déposé une gerbe de fleurs sur le Carré des martyrs, Gilles Manceron a souligné que le « travail des historiens progresse avec plus de précision et de rigueur », citant notamment le livre de l’historienne Claire Mauss-Copeaux, paru au début de l’année à Paris, sous le titre « Algérie le 20 août 1955, insurrection, massacres, répression ».

RAF

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