Accueil A La Une Réfugiés syriens : quand la presse est en faute

Réfugiés syriens : quand la presse est en faute

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Tous les médias ont relayé l’information. Pas moins de 12 000 syriens auraient fui le régime criminel de Bachar Al-Assad pour venir se réfugier dans le Square Port Saïd à Alger.

Plus de 3000 km, plusieurs milliers de dinars pour le prix du billet d’avion, 5 heures de voyage pour se rendre en Algérie plutôt que de s’abriter dans les pays frontaliers que sont la Turquie, la Jordanie et le Liban. Vous ne voyez pas la logique ? Nous non plus.

Faire transiter 12 000 syriens, c’est au minimum une cinquantaine de vols Damas-Alger, plein à ras-bord de réfugiés politiques, ce qui prend au minimum 50 jours, puisque l’on compte une liaison par jour. Or, jusqu’à preuve du contraire, le seul mois de juillet ne compte que 31 jours.

En plus de cela, les syriens auraient déboursé un minimum de 68 000 dinars pour le billet d’avion, ce qui équivaut à un total de 272 000 dinars pour une famille de 4 personnes. Slimane Zeghidour, éditorialiste à TV5 Monde, s’étonne également de cet engouement pour l’Algérie dans une interview donnée à la chaîne : « j’ai quand même du mal à comprendre pourquoi ils ont choisi l’Algérie alors que le billet coûte tellement cher… ».

A ce moment-là, deux éventualités. Soit les réfugiés syriens ont commencé à arriver bien avant le mois de juillet et personne ne les a pris en charge depuis plus d’un mois et demi qu’ils sont en Algérie. Soit le chiffre de 12000 Syriens est faux. Dans les deux cas, la désinformation est la règle.

Le chiffre de 12000 syriens pendant le seul mois de juillet a été, paraît-il, émis par une source proche du Ministère de l’intérieur. Quelle est la fiabilité de cette source ? Quel est son but ? Pourquoi diffuser une information fausse ou très partiellement vérifiée ?

Nous ne pouvons que nous permettre d’avoir des idées sur ces réponses, face à ce qui ressemble à une tentative à peine voilée d’une propagande gouvernementale.

Dans tout cela, quid du rôle de la presse ? Avons-nous fauté dans notre recherche de la véracité ? Dans les faits, aurions-nous dû nous déplacer pour mieux comprendre la véritable situation de ces réfugiés ?

Ces questionnements remettent même en question l’indépendance journalistique. Une source proche du ministère diffuse une information, et de fait personne ne juge bon de se questionner sur la véracité de celle-ci. Les médias sont donc accrochés aux paroles des officiels, qu’ils ne jugent pas bon de remettre en question.

Jusqu’où peut aller l’Algérie comme ça ?

La rédaction

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