Accueil A La Une Ce que la direction algérienne a dit à Michèle Alliot-Marie

Ce que la direction algérienne a dit à Michèle Alliot-Marie

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Voici les principaux messages que le président Abdelaziz Bouteflika et son premier ministre, Ahmed Ouyahia, ont transmis au cours de leurs entretiens séparés avec Michèle Alliot-Marie, durant la visite que la ministre d’État en charge de la Justice a effectuée ce lundi à Alger, et qui a marqué le réchauffement des relations entre l’Algérie et la France.

– L’Union pour la Méditerranée (UPM) : le président de la République puis le chef du gouvernement ont affirmé à MAM que tant que le conflit israélo-palestinien ne serait pas réglé, il ne servait à rien d’envisager, dans sa forme actuelle, une quelconque suite à l’UPM. En revanche, l’Algérie s’est dit prête à continuer de travailler dans le cadre des pays 5+5, c’est-à-dire outre Alger, le Maroc, la Tunisie, Égypte et la Libye, et de l’autre côté de la Méditerranée : la France, l’Espagne et l’Italie notamment.

MAM a pris note de leur disposition, tout en répondant que ce n’était pas tout à fait «la philosophie» que Paris avait envisagée pour relancer l’UPM. Son entourage souligne toutefois qu’il s’agissait d’un «vrai message» adressé ainsi par les Algériens à Nicolas Sarkozy, message qui lui sera transmis en Conseil des ministres ce mercredi. Pour Mme Alliot-Marie, les Algériens participeront au sommet de l’UPM de Barcelone en novembre. Son entourage paraissait plus réservé.

– La menace terroriste d’al-Qaida au Maghreb islamique : les dirigeants algériens ont déclaré à MAM que «nous n’en étions qu’au début» de la menace posée par Aqmi au Sahel. Bouteflika et Ouyahia ont paru pessimistes. Pour eux, les terroristes vont encore prospérer dans la région, grâce au développement des multiples trafics dont ils bénéficient (armes, drogue…), qui mettent en péril la stabilité de certains états du Sahara, notamment le Niger.

Les dirigeants algériens et français ont insisté sur «la nécessite d’actions communes», mais en matière de lutte antiterroriste, le président Bouteflika a bien redit à MAM que «les pays extérieurs à la région (sous entendu la France et les États-Unis) n’ont pas à agir à la place des états» concernés par le fléau.

– Le travail de mémoire : officiellement, les dirigeants algériens ne font pas «un fromage» des initiatives françaises, comme celle portée par la Fondation pour la Mémoire, visant à réhabiliter certains pans du passé colonial. Selon la partie française, les Algériens préfèrent «laisser de côté ces problèmes», plutôt que de se focaliser sur ces irritants.

«Nous n’arrivons pas encore à régler ces problèmes, mais ils ne doivent pas, pour autant, nous empêcher d’avancer», aurait dit le chef de l’État algérien à son hôte. Cela étant, à voir la virulence de la presse algérienne sur ces questions, on peut mettre en doute la bienveillance supposée du pouvoir algérien sur ces thèmes, qui sont des enjeux de politique intérieure, de part et d’autre de la Méditerranée. Quoiqu’il en soit, une chose paraît certaine : la préparation du cinquantenaire de l’indépendance algérienne s’annonce comme celle de tous les dangers. D’autant que l’anniversaire – le 19 mars 2012 – tombera un mois seulement avant l’élection présidentielle française. Paris aimerait prendre les devants en proposant à leurs hôtes un programme commun de festivités. Mais il n’est pas sûr que cet essai de verrouillage du dispositif soit bien reçu par la partie algérienne, hypersensible à tout ce qui touche à l’histoire des relations avec l’ancienne puissance coloniale.

– Le conflit israélo-palestinien : après avoir longuement parlé de ses entretiens avec le général de Gaulle, Abbdelaziz Bouteflika a affirmé qu’après avoir refusé de faire la paix avec Yasser Arafat, Israël et la communauté internationale se retrouvaient aujourd’hui avec les islamistes du Hamas, comme interlocuteur incontournable. Selon MAM, la direction algérienne «comprend la volonté» de Nicolas Sarkozy de vouloir régler le conflit, et n’aurait pas manifesté d’irritation devant le repositionnement de la politique française vis-à-vis d’Israël, ce qui n’est pas le cas de la presse algérienne qui insiste régulièrement sur les amitiés israéliennes de Nicolas Sarkozy. Au cours de ses 24 heures à Alger, la ministre de la Justice a eu des entretiens avec le ministres des Affaires étrangères, de l’Intérieur, son homologue garde des Sceaux, semblant ainsi jouer le rôle de chef de la diplomatie française. Poste qu’elle ne paraît cependant pas convoiter dans le cadre du prochain remaniement gouvernemental : «J’ai déjà refusé deux fois le Quai d’Orsay du temps de Chirac», a-t-elle confié aux journalistes qui l’accompagnaient en Algérie.  

Le Figaro

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