Contribution. Césarienne au Soudan, pacification de la Libye et spéculations sur la suite : le candidat Algérie !

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Dans l’information distribuée et partagée sur le Net, après la naissance le 8 juillet 2011 d’un pays, le Sud-Soudan, les évènements de Tunisie et d’Égypte, la pacification de la Libye ; la tragédie qui se joue en Syrie ce pays météorite en orbite géostationnaire, le Qatar remis au silence, le Yémen oublié et son dirigeant soigné en Arabie Saoudite, la Corne de l’Afrique ignorée dans sa douleur; les regards sont braqués sur l’Algérie et son avenir proche. L’Algérie qui a vécu courant février et mars 2011 un intermède ou plutôt un prélude à une nouvelle morphologie des rapports internationaux dans cette partie du monde et même dans le monde entier.

Dans cette contribution, Il n’y aura pas de retours sur ce que des universitaires, chercheurs, éditorialistes, analystes et chroniqueurs ont écrit sur ces tragédies. Ceux que nous avons appréciés s’ils ne sont pas cités seront filigranés. Il ne s’agit pas non plus de revisiter l’histoire.

Les habitants des pays cités supra ont mangé durant longtemps de la vache enragée. Ils se sont réveillés en criant qu’ils sont des peuples. Mieux, ils ont changé rapidement d’avis : ils ont décidé de devenir des citoyens.

Une revue brève des évènements. Tunisie : la France en tant que Membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU (CS-ONU dans la suite) n’est pas montée sur ses grands chevaux pour initier une résolution. Une raison : les Tunisiens ayant carburé au vers du poète Abou Elkacem Ecchabi et se sont mis debout pacifiquement, la violence non wébérienne est venue de l’État avec ce qu’il signifie sous un régime, dans son sens académique, dictatorial. Résultat : ses symboles personnifiés ont fui le pays qu’ils ont promis de servir. Une cause : dans son ancienne colonie, ses intérêts économiques formels et informels, les tribulations de certaines de ses personnalités politiques, l’ont empêchée de le faire car elle risquait d’ouvrir un peu plus la boite de Pandore de ses relations et de faire exploser certaines mines sur son propre territoire. Si le CS-ONU avait été saisi, les gains de la France auraient été négatifs et absolument négatifs.

En Égypte, même scénario que chez le voisin occidental. Les Égyptiens ont occupé pacifiquement la place Tahrir. L’État a exercé la même violence qu’en Tunisie. Résultat : le rais et sa clique ont quitté le pays qu’ils ont juré de servir. La raison est identique à la Tunisie en pensant au poète Ahmed Fouad Nedjm ou Cheikh Imam; la cause aussi en affirmant que ce pays est une chasse gardée des USA, un soutien objectif d’Israël. Conséquence, même conséquence : pas de résolution du CS-ONU. S’il y en avait une, les gains des USA auraient été négatifs et absolument négatifs.

La relation Égypte-Israël est un exemple édifiant des enjeux dans la région et dans le monde. Israël n’a pas hésité à attaquer des flottilles d’aide humanitaire au profit des Palestiniens suppliciés et à assassiner des pacifiques. Son ambassade au Caire a été attaquée, sa réaction a été très douce voire affectueuse. Comme quoi la peur et les intérêts y sont lourds dans toute action diplomatique ou de politique étrangère.
Une coïncidence, les dirigeants de ces pays et leurs familles sont hébergés par l’Arabie Saoudite dont la position ne vaut pas la peine d’être décrite tellement elle est notoire.

Le cas de la Libye est problématique. Un indice de développement (IDH) enviable et envié, un peuple « au repos » grâce à l’État-providence et à une main d’œuvre très bon marché, un dirigeant dont les intentions sont difficiles à décoder pour cause de versatilité et un pays qui est une zone de turbulence difficilement contrôlable avec la présence de mouvements de rebellions et contrebande. Une certitude, des richesses inestimables, des opportunités d’affaires immenses. Toujours est-il que c’est un peuple qui veut vivre…Une rébellion soudaine, des mercenaires uniquement du côté du pouvoir, un intellectuel entre en scène, un Conseil de transition est né et est rapidement reconnu. Des informations contradictoires entre les divers reportages journalistiques et en complète opposition avec les écrits de certains chercheurs.

En deux temps, trois mouvements, le CS-ONU présidé par le Brésil a mis en œuvre une résolution, la 1970. Elle a été votée par les USA, la France et …le Royaume Uni pour rester dans les appellations officielles, la Russie et la Chine s’étant abstenues. Son exécution a été « confiée » à l’OTAN qu’une certaine France a boycotté et que l’actuelle a décidé de réintégrer son Commandement intégré. La France de l’Irak et la France de la Libye sont décidément différentes !

Dans le cas de la Libye, les raisons qui ont fait les succès progressifs des Tunisiens et Égyptiens n’étaient pas présentes ou réunies (activités de militants, écrits d’intellectuels libyens, occupation des places publiques et manifestations pacifiques). Les causes, celles qui portent sur les intérêts économiques, stratégiques ont été rapidement transformées en leitmotiv sous l’oripeau du Droit humanitaire. Le tout pour assurer, cette fois-ci, des gains positifs et absolument positifs de tous les coalisés y compris certains pays arabes. A ces gains, il faut ajouter ceux engendrés par les assurances que paieront le Qatar et l’Arabie Saoudite par exemples.
Il est certain que cette résolution sera « recyclée » pour d’autres missions avec d’autres intitulés et qui seront toujours placées sous l’égide de l’ONU pour le respect des formes du Droit international. Elles porteront sur la stabilisation, désarmement, démobilisation, rapatriement et autres mots commençant par la lettre « r » ainsi que des processus transitoires qui toucheront les élections, la justice principalement.

Il est important de dire que cette résolution s’inscrit dans le cadre des Chapitres VI pour la paix et VII pour la gestion des Conflits de la Charte des Nations unies, deux piliers ou béquilles du Droit international. Le lecteur choisira le mot qui lui plait en pensant qu’il ne convient pas peut-être.

A la différence de Haïti, de la République Démocratique du Congo (RDC) , de la Somalie, du Liban où ce sont les contingents de l’ONU qui sont intervenus; en ex-Yougoslavie, Libye, Côte d’Ivoire ce sont les forces de l’OTAN avec une nuance pour la Côte d’Ivoire. Et c’est la première différence qui se mesure en avions de chasse, drones, missiles, transmissions, services spéciaux, mercenaires et troupes tant publiques que privées dans le cas des USA. Comme quoi l’OTAN est pour la protection des intérêts des riches et l’ONU pour le secours des pauvres.

Cette Organisation a pourtant tenté de se doter d’une force militaire d’intervention ou d’interposition et a fait des propositions à l’Assemblée générale avec le Rapport du Groupe d’études sur les opérations de la paix plus connu sous le nom de Rapport Brahimi produit en 2000. Une parenthèse pour dire que la compétence et l’expertise de certains diplomates n’ont rien à voir avec leur(s) nationalité(s) ni l’état de leur pays d’origine. Toujours dans ce sillage, après la mise dans le tiroir des propositions de reforme du CS-ONU, c’est un afghan, Zahir Tanin, qui a pris le relais du Groupe des 24 et suivez mon doigt.

Pour terminer cette partie; plus haut, il a été question des gains et de leur nature. Ils caractérisent le néolibéralisme. C’est l’imposition de cette idéologie qui est l’objectif ultime des USA, de la France et du Royaume-Uni. Si ces pays n’y vont pas avec le dos de la cuillère, ils font attention à leur conjoncture politique interne et son agenda : crise/récession économique, élections présidentielles. La Russie étant out, cette stratégie vise aussi à contenir la Chine qui a opté pour la diffusion structurelle de sa puissance. Cette autre guerre, en plus de celle des monnaies, devant se produire en « terrains ou pays» neutres. Cette idéologie n’a rien de moral et c’est ce qui manque aux pays de l’OTAN. Et c’est ce que demande les révoltés des pays arabes en s’abstenant de réclamer une démocratie à l’occidentale parce qu’elle est tout simplement non viable. Elle est devenue comme ces papiers commerciaux dits toxiques.

Venons à l’Algérie et les spéculations qui l’entourent

Une digression pour commencer cette partie. Nous disons 1 chasseur + 1 pêcheur = 4 menteurs, nous rions ou sourions et nous passons. Les anglo-saxons ne sont pas passés dessus, ils ont construit une théorie politique basée sur la chasse du cerf. Ils ont construit d’autres sur la base de la guerre des sexes ou du dilemme du prisonnier. Dans certaines autres théories, ils prennent en considération les perceptions des uns et des autres, l’état d’esprit des dirigeants. Pour les anglo-saxons, rien n’est négligée. Chez nous, sans aucune forme de politesse, les expressions du type « Toi, tu ne comprends rien! Tais-toi ! » sont monnaies courantes. Nous avons payé pour ce genre de comportement et nous continuerons à en baver. Aussi dans la suite, ni leçons de patriotisme encore moins de nationalisme.

L’Algérie a vécu une guerre civile atroce. Elle a des instances élues démocratiquement même si les trafics et bricolages des élections sont légion et ne servent pas le peuple. Étant riche et sans aucune consultation ni sondage du Peuple, elle a opté pour une économie libérale et se retrouve étranglée par les tous ces Régimes internationaux. La constitution a été écartelée malgré une certaine opposition. La justice merci. La corruption est pire que le SIDA, le cancer, tous les tremblements de terre et inondations qu’elle a vécus.
La presse n’a jamais été le 4ème pouvoir sauf quelques journaux électroniques attaqués à chaque fois qu’ils publient une information dérangeante. Une opposition politique et un syndicat caporalisés.

Elle a été passive dans les tragédies que ses voisins, ces pays frères et d’aucuns ajouteront mon oeil, ont vécues en 2011. Elle a reçu une famille pour des considérations « humanitaires » et non plus pour des raisons de plein exercice et jouissance de sa Souveraineté. L’État algérien parle « correctement » dans les sommets avec les Puissances occidentales dans les salons surtout, l’État-major de l’armée nationale reçoit son homologue de l’Africom, baragouine s’il ne se tait pas à l’intérieur mais et surtout menace et réduit au silence les voix qui crient.

De la bouche de chercheurs, d’universitaires et d’hommes politiques occidentaux que nous avons entendus, interrogés, c’est un pays-pivot. Après la pacification de la Libye, ses rapports avec la Communauté internationale sont en dents de scie très pointues.
Pour éviter les désastres de la Libye et récolter le bienfait le plus important, des changements qui se produisent en Égypte et Tunisie, celui de la liberté du Peuple et du respect de sa volonté, et pour éviter les déboires des dirigeants de ces pays, il n’y a pas trente-six chemins.

Sa marge de négociation à l’international étant aussi étroite qu’un cheveu, un seul chemin et il est à sens unique : organiser une transition qui en plus d’être TRÈS URGENTE, doit être RAPIDE et PACIFIQUE en mettant hors circuit tous les grabataires civils et militaires et certains poulains nuisibles par tous les moyens non dégradants non pas par pitié, mais pour la Dignité du Pays tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Cette Dignité qu’il faut voir non pas comme une vertu morale ou incantation sentimentale, mais comme une caractéristique qui augmente les gains. Certains ont commencé à se dédouaner à travers des déclarations faites ou interviewes accordées aux médias, d’autres sont carrément absents. Les USA, le Royaume-Uni et la France en particulier, sont en train de reconfigurer le monde.

Ni les pleurnicheries ni les discours enflammés ne les arrêteront. Les Algériens qui ont été assassinés, emprisonnés ou les sincères, pas les manipulés y compris les leaders politiques, qui ont tenté de manifester dans le prolongement des Tunisiens et Égyptiens trouveront les moyens PACIFIQUES de crier tout leur soul par des moyens astucieux, du chant par exemple, des affiches, graffitis, tags sur tous les murs d’Algérie car la re-peinture dans un vrai blanc sera très facile par du volontariat ou de la création d’emplois.

L’humiliation subie par certains dirigeants arabes est plus que de l’avilissement. Si la Cour pénale internationale a le droit de s’autosaisir, elle peut être aussi actionnée par le CS-ONU dont la réforme est plus qu’urgente. Le temps de chien ou pour chiens de ce troisième millénaire n’est pas encore fini. Même l’asile politique est devenu cher.

Pour conclure, un extrait du draft de la résolution 1970 qui a autorisé la pacification de la Libye : Speaking before the vote, ALAIN JUPPÉ, Minister for Foreign Affairs of France, said the world was experiencing “a wave of great revolutions that would change the course of history ». Son pays et leurs amis n’en veulent pas. Il est inévitable car les peuples ont faim de liberté, justice et pain. Un effort au moins pour la compréhension de ce passage en anglais est sollicité. S’il est fait, les Algériens pourront faire d’autres qui rappelleront que c’est un pays africain. Un continent qui vit avec 1.5$ par jour, tel est le seuil fixé par l’argentier du monde.

Chérif AISSAT

Étudiant en coopération internationale à l’Université de Montréal.

1- http://daccess-dds-ny.un.org/doc/UNDOC/GEN/N11/245/59/PDF/N1124559.pdf?OpenElement
2- Dans la mission des Nations unies au Congo (MONUSCO), il y a une algérienne.

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