Fac centrale/ SOS, la doyenne des universités algériennes agonise!

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Le collectif d’universitaires « Jamiaât Jazaïr », initiateur d’un mouvement pour le classement de la ‘Fac centrale d’Alger’ comme monument historique, poursuit ses efforts de sensibilisation et tire, à nouveau, la sonnette d’alarme quant au danger de disparition qui pèse sérieusement sur ce patrimoine culturel inestimable.

En effet, une pléiade d’universitaires de renom, membres du collectif, ont réitéré, tour à tour, hier lundi au Forum de Liberté, leur constat alarmant et ont relancé leur cri de détresse à l’adresse des autorités concernées, tout en rappelant la forte symbolique multidimensionnelle de ce haut lieu de savoir et de mémoire.

« La Fac centrale agonise et rien n’est fait pour entretenir l’établissement ni la mémoire de ceux qui ont servi l’Algérie dans ces lieux depuis la guerre de libération nationale », regrette ainsi la moudjahida et ex-directrice de la bibliothèque universitaire, Zoulikha Bekkadour, citée par l’APS. Khaoula Taleb Ibrahimi, professeure de linguistique, dont les propos ont été rapportés par le quotidien hôte, abonde dans le même sens: “Nous sommes fiers d’avoir poursuivi nos études dans l’université qui a vu les étudiants musulmans algériens s’organiser au sein de l’Ugema et décréter la fameuse grève de 1956. Nous sommes fiers d’avoir été formés dans les mêmes murs qui ont été fréquentés par les martyrs Amara Rachid, Taleb Abderrahmane, Maurice Audin et tous leurs compagnons de lutte qui ont quitté les bancs de l’université pour participer au combat libérateur”. Et de citer d’autres figures historiques ayant fréquenté la première université du pays, fondée en 1909, à l’instar de Mohamed Bencheneb, Benyoucef Benkhedda, Pierre Chaulet, Mohamed-Seddik Benyahia, Malika Mufti, Zohra Drif, Hafsa Bisker et Zoulikha Bekkadour, entre autres.

Khaoula Taleb Brahimi n’a pas manqué de relever que le processus de déstructuration, plutôt destruction, de l’institution ne date pas d’aujourd’hui et qu’il remonte à il y a environ un demi siècle. “Le processus a débuté dans les années 70 avec le déplacement des études de droit vers Ben Aknoun, suivi par les sciences dites dures transférées à l’USTHB de Bab Ezzouar. Le mouvement a continué avec le départ des langues et des sciences sociales vers le site du Caroubier et celui de Bouzaréah…”, rappelle-t-elle.

Les intervenants ne se sont pas empêchés d’émettre des soupçons sur une volonté d’accaparement de ce site stratégique, situé au coeur d’Alger, par des cercles « plus ou moins occultes » aux appétits insatiable. Ils ont donc, encore une fois, interpellé les pouvoirs publics pour « “diligenter le plus rapidement possible les procédures institutionnelles pour le classement de l’université dans son site originel et historique de la rue Didouche-Mourad à Alger, comme monument historique appartenant au patrimoine national”. Ils ont également lancé un appel en direction de leurs collègues universitaires ainsi que les intellectuels à conjuguer leurs efforts et adhérer à cette démarche.

Le 18 de ce mois, des membres du collectif ont, faut-il le rappeler, ont déposé une pétition de plus de 300 signatures appelant au « sauvetage de la faculté centrale d’Alger » au niveau du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Samedi dernier, ils se sont rendus au Premier ministère et celui de la Culture pour exiger la classification de cet établissement comme patrimoine national. Ils ont ainsi déposé au niveau du département de Azzedine Mihoubi un rapport intitulé « Université d’Alger, patrimoine en péril » pour exiger la classification de la ‘Fac centrale’ comme monument historique.

A en croire la Pr Fettouma Chikhi, géologue, ex-responsable des collections du Musée de paléontologie, citée par l’APS, les responsables du ministère de la Culture ont estimé « faisable » la transformation de la Fac centrale en un musée.

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