Le gaz algérien a-t-il encore la cote en Europe ?

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    Le gaz algérien n’est plus assez attractif ? La question se pose au regard de la réticence de l’Europe à y recourir. Principaux importateurs de ce gaz, les pays européens auraient considérablement réduit leur demande vis-à-vis de cette ressource, nous apprend l’agence Reuters.

    2013 n’est pas un bon cru pour le gaz algérien. Attaque d’un important site gazier, recul des exportations, marché gazier en difficultés. L’Algérie a dû faire face à plusieurs épreuves et ce recul des importations de gaz de l’Espagne et de l’Italie, deux clients primordiaux, est un nouveau coup dur. Les deux pays envisageraient de recourir à des alternatives pour l’acquisition de ce gaz naturel. «Nous avons besoin de nouvelles sources d’approvisionnement», a déclaré Leonardo Senni, chef du département de l’énergie au ministère du Développement économique de l’Italie, rapporte Reuters. Même discours du côté de l’Espagne qui veut se protéger, « nos importations de gaz africain doivent être de plus en plus fiables et notre plus grande préoccupation concerne l’Algérie. Nous sommes donc à la recherche de nouvelles sources d’importation », rapporte encore l’agence de presse britannique, citant un importateur de gaz espagnol.

    Pourquoi ce retournement de situation ? Le prix du gaz est sans doute le premier motif de dissuasion de l’Espagne et l’Italie, qui importaient jusqu’à présent près d’un tiers de leur gaz en Algérie, explique le quotidien El Watan. A ce propos, Sonatrach avait indiqué fin mai que plusieurs clients européens avaient demandé une renégociation des tarifs du gaz algérien. Les prix algériens font jaser depuis plusieurs mois, et plusieurs gros importateurs ont tenté à plusieurs reprises de faire plier Sonatrach.  « L’ effet domino est là, il n’ y avait pas qu’ Edison qui a demandé à revoir les prix (à la baisse), il y a aussi l’ENI (Italie) et GNF (Gas Natural Fenosa, Espagne) », avait alors déclaré Abdelhamid Zerguine. Or Sonatrach n’est pas du tout dans l’optique de baisser ses prix dans le secteur du gaz et compte maintenir coûte que coûte ses tarifs, sans pour autant les indexer sur ceux du marché mondial.

    L’attaque de Tiguentourine a également été un argument de taille. Cet évènement tragique qui a un impact sur la production de gaz, avec une paralysie temporaire de ce site qui produit 18% de la production nationale. Cet épisode a souligné une certaine fragilité de l’Algérie qui n’a pas rassuré les partenaires étrangers, qui demandaient un renforcement de la sécurité sur ces sites sensibles.

    Commercialisation du gaz à revoir ?

    Faut-il donc s’inquiéter ? A l’inverse de Zerguine, Youcef Yousfi le Ministre de l’Energie et des Mines se voulait rassurant il y a quelques semaines en certifiant que « les choses se passent correctement (…). Nous nous adaptons à la situation actuelle du marché. » Et d’ajouter, « il n’y a rien de dramatique (dans cette situation), et nous n’avons pas de difficultés actuellement en matière de commercialisation » du gaz, estimant que la crise économique met beaucoup de pression sur ces états, comme s’il s’agit d’une brève tempête qui finirait par passer.

    Or les déclarations de dirigeants et importateurs espagnols et italiens laissent à penser que l’Algérie devrait penser à une nouvelle stratégie de commercialisation de ses hydrocarbures, car s’ils ne sont que deux clients à bouder le gaz algérien, comment être sûr que d’autres pays ne suivront pas la tendance ?

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