Chronique HEBDO. Le changement, c’est pas pour demain !

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Par Saâd Doussi

A quoi donc servira le 10 mai prochain lorsque à la fin on nous ressert le même plat de résistance. Et c’est de la résistance que font ces hommes quand ils s’accrochent à leurs mandats, aux fauteuils ministériels, changent les serrures de leurs bureaux et se barricadent derrière leurs dossiers d’affiliation politique, parentale et clanique. Sinon comment expliquer cet immobilisme qui caractérise la sphère décisionnelle nationale lorsque rien ne change et tout est frappé de paralysie. Est-ce dû au manque de compétences ou à l’absence d’idées nouvelles pouvant faire avancer le pays ? Pourquoi donc garder la même équipe lorsque celle-ci a montré ses limites dans la gestion des affaires de l’Etat ?

Pratiquement tous les secteurs ont présenté des bilans négatifs (ne pas se fier aux chiffres officiels et passer au moins 48 h avec le peuple sans gardes du corps ni protocoles). Émeutes, mal vie, suicides collectifs, criminalité, chômage, précarité, terrorisme résiduel et la liste reste ouverte, ont été le pain quotidien des Algériens d’en bas ces cinq dernières années. Il n’y a pas de quoi pavoiser quand on sait que l’embellie des coffres de la République n’est due qu’au boum qu’a connu le prix du baril de pétrole et ce n’est surtout pas grâce à l’ingéniosité, ni à la clairvoyance de nos ministres que les caisses ont été renflouées.

Cette campagne électorale qui rase les murs, honteuse des milliards qu’elle a engloutis (la bouffe des seuls membres des commissions communales de surveillances des élections législatives coûtera 160 milliards de centimes), a du mal à démarrer faute d’un peuple qui préfère regarder ailleurs que ces listes placardées dans l’indifférence urbaine où franchement la photo même de certains candidats à la députation vous fait passer l’envie de vous réveiller le 10 mai prochain. Leitmotiv présidentiel, l’œil extérieur oblige, aller voter. Mais pour qui ? Et surtout pourquoi ? Depuis que les élections existent en Algérie, aucun scrutin n’a bénéficié de présomptions d’innocence, c’est dire en quelle estime on tient les urnes chez nous.

Du parti unique, où on gonflait le taux de participation avec des 98% de Ouiiiiiiiiii à faire pâlir une république bananière, aux premières élections pluralistes barbues en passant par la naissance d’un parti à la moustache, les jours d’élections en Algérie ont toujours été des moments d’anthologie. Du traitement médiatique de la chose aux résultats solennels, sans pince-rire, les différents votes ont été entachés d’irrégularités flagrantes. Est-ce que ça va changer cette fois ? Rien n’est certain puisque même les partis qui y participent ont avoué la part de fraude attendue le 10 mai. Rien que ça.

D’autres vont plus loin, affirmant que les sièges ont déjà été distribués entre les sigles, anciens et nouveaux venus embouteiller une scène politique improbable. Les nouveaux partis venus fleurir un champ miné ne sont en fait que le fruit d’un recyclage de noms vomis par leurs anciennes formations politiques. Rien de nouveau donc de ce côté-ci de la lune si ce n’est de féroces appétits laissées sans brides qui veulent rattraper le temps perdu et mordre dans le jarret du pays. Alors devrait-on voter pour cette faune qui fourbit ses armes pour les retourner contre le peuple ou s’abstenir d’alimenter des urnes, véritables potiches pour le spectacle ? La question mérite d’être posée et même si le peuple décide de dormir le 9 mai et ne se réveiller que le 11, d’autres mains sont prévues pour remplir les vases.

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