Crise économique, évolution du cours du pétrole, du dollar et problématique du financement de l’économie algérienne

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6a00d83451b18369e200e54fa1dd918833-640wi «Quand on rêve seul, ce n’est qu’un rêve mais quand on rêve tous ensemble, c’est déjà le commencement de la réalité» proverbe Amazonien

Monsieur le président , chers collègues, mesdames et Messieurs, permettez moi au préalable de remercier Monsieur le recteur de l’Université de Bejaia et Monsieur le Doyen de la faculté es sciences économiques commerciales et de gestion, université qui baigne au sein d’une wilaya d’histoire et d’une culture ancestrale , qui est devenu un important pole universitaire pour l’invitation à laquelle j’ai été très sensible , au séminaire international combien important portant sur les effets de la crise mondiale sur les économies euro- maghrébines et ce en collaboration avec l’Institut CEDIMES (Centre d’Etudes sur le Développement International et les Mouvements Economiques et Sociaux) France en présence de nombreux collègues de France, de Grèce, de Roumanie , de la Tunisie , du Maroc et des universités algériennes de l’Est, du Centre , du Sud et de l’Ouest.

C’est qu’en été 2007, au lendemain de l’éclatement de la crise des prêts hypothécaires avec le point culminant au mois d’octobre 2008 ( et comment ne pas rappeler la crise d’octobre 1929 avec des similitudes dominance de la sphère financière sur la sphère réelle, distorsion entre les salaires et les profits(endettement),mais également des différences du fait de l’interdépendance accrue des économies et la naissance de pays émergents , plusieurs responsables magrébins affirmaient, « nous n’avons rien à craindre. Grâce à la déconnexion de notre système financier par rapport au système mondial, la non convertibilité intégrale de nos monnaies ,certains grâce à leurs réserves de change dues à des facteurs exogènes notamment les hydrocarbures, nous sommes immunisés .Nous avons été une infime minorité d’économistes maghrébins à attirer l’attention des autorités politiques, alors que certains s’alignaient sur les discours politiques sans analyse sérieuses, que la crise mondiale n’était pas une crise conjoncturelle mais une crise structurelle , l’histoire nous ayant donné raison, ce qui explique que les discours politiques ont changé depuis la fin du premier semestre 2009. Car, même si la crise a été lente à atteindre les rivages du Maghreb, nous savons tous qu’elle est arrivée et que son impact est sévère avec la chute drastique des échanges commerciaux et de services, une baisse des transferts de capitaux par la diaspora, l’amenuisement des investissements étrangers. Pour le cas Algérie, il ne faut pas être utopique, les hydrocarbures resteront encore pour longtemps la principale rentrée en devises. Aussi ma contribution ayant trait à l’évolution du cours du pétrole et la problématique du financement de l’économie algérienne s‘articulera en quatre parties notamment les fondamentaux du cours du pétrole/gaz , l’impact du cours du dollar,la problématique de l’efficacité de la dépense publique et enfin la problématique du financement par Sonatrach entre 2009/2013.

I -LES DÉTERMINANTS DES COURS DU PÉTROLE

J’en recense essentiellement quatre :

1.1- Raison fondamentale : la décroissance de l’économie mondiale

Le directeur général du FMI vient d’affirmer que la crise mondiale est sans pareil et que la reprise sera lente avec une prévision de la CNUCED début septembre 2009 de 1,8% contre une régression de 2,5% en 2009, d’autres organismes internationaux ne devant pas dépasser 1/0,5%, devant assister donc une stabilisation pour 2010 du fait de l’ampleur du chômage qui connaitra un niveau inégalée malgré l’importance des dépenses publiques et l’envolée des déficits budgétaires. Car il faut savoir qu’un taux de croissance se calcule par rapport à la période antérieure et une croissance après à un taux négatif de l’année précédente donne toujours un taux faible. Comme après une grave maladie , la convalescence durera de longues années, au minimum jusqu’en 2013/2014 si les thérapeutiques s’avèrent efficaces et donc qu’une légère reprise soit effective début 2011, pour que l’économie mondiale retrouve son ancien niveau . Or c’est un élément déterminant de la demande d’hydrocarbures. Aussi, il faut être attentif à l’évolution de l’économie mondiale et surtout américaine qui est le premier importateur d’hydrocarbures et reste la locomotive de l’économie mondiale avec un produit intérieur brut- PIB- trois fois plus que le second du classement mondial, le Japon.

La contraction pour 2009 a touché tous les pays sans exception pays développés et pays émergents. La contraction de l’économie américaine sera plus sévère que prévu et le redémarrage de l’activité sera très lent d’autant plus que la reprise de l’économie mondiale est tributaire de la reprise aux Etats-Unis première puissance économique mondiale et de l’Europe et non pas des pays émergents, décroissance de la Russie , de l’Inde du Brésil , de la Chine du moins à court terme, le PIB chinois étant en valeur seulement équivalant à celui de l’Allemagne D’ailleurs la Banque mondiale vient de revoir à la baisse le taux de croissance chinois le situant à environ 7%,et les autorités chinoises l’estimant à 7,5% (loin des 11/12% des années passées) en précisant que la Banque centrale chinoise dans sa note de conjoncture de juillet 2009 a prévu un retour de l’inflation au deuxième semestre et une croissance de 7,9% au deuxième trimestre, contre 6,1% au premier, loin du minimum nécessaire pour maintenir la cohésion sociale 8/9%. Dans une contribution en date du 03 septembre 2009, le quotidien français les Echos signé par Yann ROUSSEAU son correspondant à Pékin parlent d’illusions chinoises qui auraient trompé bon nombre d’experts y compris le FMI, qui misaient sur la Chine comme fer de lance de la relance de l’économie mondiale, je cite : « dans la panique, le pouvoir communiste a choisi une relance quantitative plutôt que qualitative. Plutôt que de profiter de la crise pour activer un rééquilibrage de sa croissance trop dépendante des exportations, le gouvernement a préféré geler l’appréciation du yuan et renouer avec ses vieilles recettes de relance par l’investissement public, louées pour leur efficacité à court terme. Les grands groupes d’Etat, inondés de liquidités, ont accru leur pouvoir et repris leur course à la surcapacité quand les entreprises privées se retrouvaient, elles, abandonnées dans la crise. A la fin de l’année 2009, le gouvernement chinois pourra célébrer une hausse de PIB éclatante, qui rapproche le pays de la place de seconde puissance économique mondiale, mais il se retrouvera, dans le même temps, confronté à une croissance plus déséquilibrée que jamais. Si les exportations de marchandises « made in China » ne retrouvent pas en 2010 leur dynamisme passé, Pékin sera contraint d’envisager un nouveau plan de relance ou devra, enfin, se résoudre à s’attaquer aux complexes réformes sociale et monétaire dont le pays a urgemment besoin ».

Autre pays émergent l’Inde, la croissance devrait ralentir pour ressortir à 7,1% en 2009 son niveau le plus bas en près de six ans, contre 9,0% l’année précédente, selon l’estimation officielle du gouvernement indien le 10 février 2009. La Russie malgré ses réserves de pétrole et de gaz (premier producteur mondial de pétrole et de gaz) et des dévaluations successives du rouble, est rentrée en récession en 2009 contre un taux de croissance supérieur à 5/7% entre 2007/ 2008. Le président russe Dmitri Medvedev a demandé le 17 février 2009 à l’ensemble de l’administration russe de préparer des propositions des coupes dans les dépense, je le cite « La situation économique n’est pas simple et nous devons réfléchir aux dépenses de l’Etat à tous les niveaux afin de contenir le déficit budgétaire estimé à 8% du PIB », lors d’une rencontre avec des membres de la chambre haute du Parlement russe, cité par l’agence officielle russe Interfax début février 2009. Analyse reprise le 27 février 2009 par le premier ministre russe Vladimir Poutine pour qui la crise économique mondiale n’avait pas encore atteint son pic et qu’elle ne serait vraisemblablement pas de courte durée, inquiétude qui explique la présence de la Russie tant qu’observateurs au niveau de l’OPEP, bien q’ayant déclaré officiellement qu’il n’est pas question qu’elle intègre l’OPEP. Quant aux pays du Moyen Orient, les pays du Golfe ont perdu en sous capitalisation plus de 2500 milliards de dollars dont plus de 500 milliards de dollars en pertes sèches. Un exemple frappant, des projets de construction totalisant 582 milliards de dollars ont été gelés depuis le début février 2009 aux Emirats arabes unis.

1.2.-Le deuxième facteur est que les plus grands pays producteurs depuis 10 ans ne sont pas ceux de l’OPEP ne commercialisant sur le marché mondial en moyenne 2007/2008 que 40/45%, 60/55% se faisant hors OPEP. Et avec ces baisses successives, sous réserves du respect des quotas, ce qui n’est pas évident, notamment il est à craindre des pertes de part de marché allant vers moins de 30/35% au profit notamment des pays hors OPEP qui combleront la différence dont notamment la Russie qui est devenu depuis juillet 2009 le premier exportateur mondial avant l’Arabie Saoudite. C’est pourquoi, les décisions prises par l’Opep, lors des dernières réunion de baisser sa production de 4,2 millions de barils jours depuis le début de l’année 2008 (occasionnant par là un manque à gagner pour l’Algérie d’environ 5 milliards de dollars), ont certes permis de stabiliser les prix mais n’ont pas eu les effets prévus d’un cours de 80/90 dollars devant raisonner à prix constants pour un euro entre 1,28/1,30 dollar, un cours de 70 dollars au cours actuel du dollar équivaut à environ 60/62 dollar par rapport au 01 janvier 2009 et moins de 37 dollars par rapport à l’année 2000 en termes de parités euros, l’Algérie représentant environ seulement 1% des réserves mondiales de pétrole contre 3% pour le gaz, ayant une influence très faible. Comme je précise que le prix de cession du gaz qui nécessite pourtant des investissements coûteux hautement capitalistiques est indexé au prix du pétrole , étant d’ailleurs utopique de parler à court terme d’une OPEP GAZ du fait de la segmentation du marché ( prépondérance des canalisations qui représentent plus de 70% de la commercialisation mondiale), la part des GNL étant minoritaire ne pouvant donc pas répondre aux principes boursiers qui régissent le prix du pétrole ce qui n’empêche pas une entente entre les pays producteurs et les pays consommateurs pour un juste prix.

1.3- Le troisième facteur, déterminant pour l’avenir est que l’on assiste à un changement certes lent mais notable du nouveau modèle de consommation énergétique horizon 2015/2020, certains investisseurs anticipant ce changement inéluctable. Car l’erreur stratégique de certains experts de l’OPEP a été de raisonner en termes de modèle de consommation énergétique linéaire oubliant les cycles énergétiques depuis que le monde est monde, passage par exemple de la prédominance des hydrocarbures au lieu du charbon avec les possibilités récentes de recyclage du CO2, dont la durée des réserves est estimée à 200 ans contre 40 ans pour le pétrole , les réserves des USA étant le double des réserves d’hydrocarbures de l’Arabie Saoudite en termes d’efficacité énergétique non utilisées pour des raisons stratégiques . Les investisseurs potentiels à l’instar de l’abandon partiel du charbon pour les hydrocarbures la décennie passée, peuvent anticiper le nouveau modèle de consommation pouvant assister à un désinvestissement dans ce segment, le pétrole devenant non plus une arme politique dominante mais une énergie comme une autre en diminution relative horizon 2020.

1.4- Enfin quatrième facteur, les phénomènes spéculatifs et il est admis actuellement que les cours passés au dessous de 140 dollars étaient dues à des bulles financières et ne représentaient pas les fondamentaux des cours, la croissance de l’économie mondiale n’ayant pas doublé entre 2005/2008, encore qu’il faille tenir compte des pics pétroliers de certains Etats.

II- L ‘ÉVOLUTION DU COURS DU DOLLAR ET IMPACT SUR LE POUVOIR D’ACHAT DES RESSERVES DE CHANGE

2.1-Les raisons du dérapage du dollar

Je précise que n’existe pas une corrélation entre la baisse/hausse du dollar, mais il est faux de raisonner en prix courants sans tenir compte à la fois de l’inflation ou déflation et de la dépréciation ou de l’appréciation du dollar, bien qu’un des facteurs déterminant ayant un impact sur le financement de l’économie algérienne sera l’évolution du cours du dollar et de l’inflation mondiale qui ont des répercussions directes sur le pouvoir d’achat de nos réserves de change. Car, à la déflation actuelle surtout aux USA, le risque avec l’envolée des dépenses publiques, le retour à la stagflation (hausse des prix, chômage, récession) en cas d’inefficacité de ces dépenses publiques.

Pour le dollar qui représente toujours environ 60% des transactions mondiales, il vient de dépasser la barre symbolique depuis le 08 septembre 2009 à 1,45 dollar un euro , fluctuant depuis quatre mois entre 1,41 et 1,43 dollar un euro ayant perdu plus de 45% de sa valeur depuis 2000, certains instituts stratégiques mondiaux prévoient sa dépréciation à plus de 1,50 dollar un euro. Car la résistance relative du dollar du dollar par rapport au cours de l’euro est du au fait, et cela s’est passé en 1929, aux rapatriements des capitaux américains et non par l’attrait du taux d’intérêt de la FED tendant vers zéro. Aussi si le cours du dollar baisse, la valeur du pétrole libellée souvent en dollars (ainsi que les bons de trésor et les réserves de change libellés en dollars) diminuera. Car, la politique monétaire des Etats-Unis d’Amérique correspond donc à une politique volontaire de baisse du dollar afin d’essayer de réduire le déficit commercial et de limiter la valeur réelle de leur endettement mondial libellé en dollars. Car la remontée du dollar face aux principales monnaies mondiales, supposerait une forte hausse des taux d’intérêts de la Fed et une baisse de la création monétaire, en contradiction avec le programme du nouveau président US dans la mesure où toute appréciation aurait pour conséquence le frein du marché immobilier (crédits inabordables du fait d’une hausse des intérêts sur les ménages endettés à taux variables), la consommation américaine pouvant être freinée avec le risque d’accélération des faillites des entreprises.

Avant 1971, date à laquelle ou existe une relations directe entre la parité du dollar et le stock d’or ( parité fixe contenu dans les accords de Breeton Woods ,est remplacé par des taux de change flexible ) , les investissements américains à l’étranger étaient d’environ 10 % du PIB des Etats-Unis, prêtant au reste du monde , sa position extérieure n’excédait pas 4 % du PIB et les avoirs et dettes externes des Etats-Unis ne dépassaient pas 15 % du PIB américain . Avec la crise des prêts hypothécaires d’août 2007, les actifs étrangers détenus par les Etats-Unis s’élevaient à 122 % de leur PIB en actifs étrangers et leurs dettes au reste du monde à 135 %. L’endettement net extérieur de 13 % du PIB est la résultante des déficits de la balance commerciale américaine accumulés depuis les années 1980. Pour l’exercice 2010, le gouvernement des Etats Unis américain a présenté un budget de 3 552 milliards de dollars reposant sur un déficit record de 1 750 milliards de dollars en 2009 (12,3 % du PIB, cinq fois le budget annuel de la France ). Au déficit budgétaire de 2009, s’ajouteront les déficits de 2010 et 2011, le besoin en financement serait de plus de 3 000 milliards de dollars. Comme le note avec pertinence Hélène Rey professeur à la London Business School dans une contribution aux échos parisien le 22 mai 2009, je cite «les Etats-Unis d’avant la crise ressemblent à une banque d’investissement qui se finance massivement en émettant de la dette et investit de façon colossale en actifs risques étrangers (stocks, investissements directs).

Ce faisant, les Etats-Unis obtiennent un rendement élevé sur leurs actifs et se refinancent à bas pris sur le marché de la dette, profitant de l’engouement mondial pour les bons du Trésor américain. Ils encaissent ainsi la différence de rendements. Mais lorsque les prix des actifs et de la dette deviennent volatils, la valeur du portefeuille externe des Etats-Unis devient encore plus volatile en raison de l’effet de levier. C’est exactement ce qui se passe dans la crise actuelle…. vers fin 2008, la valeur des actifs étrangers détenus par les Etats-Unis est tombée à 85 % du PIB, si bien que la position extérieure nette est tombée à moins – 37 % du PIB ». Mais, l’apparence ne doit pas faire illusion. La résistance relative, malgré le dérapage actuel, du dollar face à l’euro est liée à la liquidation par les investisseurs américains de leurs positions sur les marchés financiers internationaux et à la politique monétaire chinoise. En effet, pour le premier cas, les agents privés ont vendu massivement les actifs qu’ils détenaient à l’étranger. Concernant les bons de trésor représentant environ 45 % de la dette totale externe des Etats-Unis, ils sont concentrés surtout au niveau de la banque centrale de Chine. Au 1er mars 2009, sur 2000 milliards de dollars de réserves de change chinois ( 20% du PIB) dont une grande partie grande libellée en dollars , la Chine détient 712 milliards de dollars de bons du Trésor (selon les statistiques américaines). Malgré certaines déclarations contre l’hégémonie du dollar, la Chine continue à être un gros acheteur de bons du Trésor.

2.2- Impact sur la valeur des importations et les réserves de change

Mais existe un élément déterminant ayant un impact sur le financement et le pouvoir d’achat des réserves de change de l’Algérie c’est l’évolution du cours du dollar et de l’inflation mondiale bien que n’existe pas une corrélation à 100% entre la baisse/hausse du dollar et du cours du pétrole. Une importante étude financière réalisée par Blomberg en date du 08 mai 2009 concernant les bons du trésor confirme mes études 2007/ 2008 concernant les risques de dépréciation des bons du trésor Algérien, du fait que début mai 2009 la Fed ayant acheté pour 590 milliards USD d’obligations et que le prix des bons de trésor américain, baisse sensiblement.

Aussi, le premier impact négatif est sur les réserves de change libellées en dollars qui se déprécient et notamment avec le risque comme montré précédemment de la dépréciation des bons de trésor américain. Avec des taux d’intérêts directeurs allant vers zéro dont la dernière en date est celle de la BCE (1% contre 0,25% pour la FED , idem pour la banque d’Angleterre et la banque du Japon taux se rapprochant de zéro ) et malgré la déflation mondiale (environ 1% taux d’inflation) quel est le rendement réel des placements des réserves de change algérien à l’étranger qui selon le Ministre des Finances lors de la cession de l’APN l’a estimé à 135 milliards de dollars, soit plus de 80% de nos réserves de change. La politique monétaire dont la cotation du dinar qui dépend des fluctuations des monnaies clefs mais la politique de la banque centrale n’est pas claire dévaluant récemment le dinar algérien tant par rapport au dollar que par rapport à l’euro entre 15/20% sus prétexte de réduire les importations alors que ces deux monnaies n’évoluent pas dans le même sens.

Or, l’instabilité du taux de change décourage tout opérateur et ces dévaluations alourdissant les coûts à l’importation tant des équipements matières premières, et biens de consommation gonflant artificiellement tant les recettes des hydrocarbures (dollar reconverti en dinars algériens) et part là la fiscalité pétrolière (voilant le déficit budgétaire) . Par ailleurs, selon les déclarations du gouverneur de la banque d’Algérie algérien en novembre 2007 devant le parlement, la Banque centrale utilise deux manières pour placer les réserves de changes de l’Algérie du moins entre 2007/2008. Les placements à l’étranger seraient de 70% en titre souverain, c’est-à-dire en bons de Trésor américains, japonais, britanniques et européens. Le second placement (30%) s’effectue via les dépôts de la Banque centrale sur le marché bancaire et interbancaire, étant déposé par la Banque centrale auprès de banques internationales qui disposent de références très élevées. Mais, à la lumière de l’expérience récente de la crise mondiale certaines cotées AAA ont fait faillite et d’autres ont d’importantes difficultés. Le problème qui se pose qui sont ces banques ou l’Algérie a placé 30% de ses réserves dans la mesure ou pour les 70% cela est garanti par les États.

Combien avons-nous placées à l’étranger, dans quelles banques et dans quel pays ? Une réponse claire pour éviter les rumeurs dévastatrices ou ce paternalisme comme cette déclaration d’un responsable le 02 septembre 2009 du Ministre des Finances lors de l’ouverture du conseil de la Nation « nous avons supprimé les crédits à la consommation pour protéger les Algériens contre l’endettement ». Même les russes et les chinois fondateurs du communisme ne tiennent plus ce genre de discours. Pour preuve fin août 2009, le gouvernement chinois a donné des instructions aux banques d’être plus attentif à la solvabilité des ménages lors de l’octroi de crédit à la consommation, sans s’immiscer dans la gestion bancaire ce qui es tune violation de la loi sur la monnaie et le crédit .

-Deuxième impact sur la valeur des exportations des hydrocarbures en termes de parité de pouvoir d’achat des autres monnaies qui s’apprécient. Pour le cours futur du pétrole, il sera fondamentalement déterminé par les fondamentaux, ce qui n’est pas le cas actuellement, et par la politique énergétique des USA, des énergies alternatives et du nouveau défi écologique. Aussi, il est faux de raisonner en prix courants sans tenir compte à la fois de l’inflation ou déflation et de la dépréciation ou de l’appréciation du dollar. Pour l’élévation récente du cours du pétrole cela est du essentiellement à la dépréciation du dollar, aux actes spéculatifs comme valeur refuge à l’instar de l’or,(mais le stockage sera temporaire) ,à la réduction de la production pour des raisons politiques au Nigeria, techniques/financières en Russie, à la pression des lobbys pétroliers opérant hors OPEP et au sein de l’Opep.

-Troisièmement sur la valeur de nos importations libellées en euros (60% en moyenne) et plus de 80% si l’on introduit les autres monnaies qui s ‘apprécient par rapport au dollar, pouvant assister à la même valeur mais une diminution en volume. Ce que l’on gagne en appréciation du pétrole, l’Algérie le perd en grande partie du fait de la dépréciation du dollar surtout si l’on maintient la même zone d’importation. Il est à signaler que la cotation du dinar dépendant des fluctuations des monnaies clefs, mais la politique de la banque centrale n’est pas claire dévaluant récemment le dinar algérien tant par rapport au dollar que par rapport à l’euro entre 15/20% sus prétexte de réduire les importations, alors que ces deux monnaies n’évoluent pas dans le même sens. Or, l’instabilité du taux de change, autant que l’instabilité du cadre juridique, découragent tout opérateur et ces dévaluations alourdissant les coûts à l’importation tant des équipements matières premières, et biens de consommation gonflant artificiellement tant les recettes des hydrocarbures (dollars reconvertis en dinars algériens un dollar passant de 63 dollars en 2008 à plus de plus de 75 dinars en 2009) et part là tant le fonds de régulation en dinars que la fiscalité pétrolière (voilant le déficit budgétaire pour entretenir les emplois rentes). Qu’en sera t-il si la dépréciation du dollar devait continuer dans le temps ?

Fait significatif de cette méfiance vis-à-vis du dollar, fin août 2009 l’Inde s’est engagée à acheter 10 milliards de dollars en obligations émises par le FMI et la Chine pour 50 milliards de dollars, obligations libellés en droits de tirages spéciaux (DTS) valeur d’un panier de monnaies dont le dollar représente seulement 41% et les autres monnaies 59%. L’Algérie a-t-elle intérêt à reconvertir ses placements en obligations du FMI pour se prémunir contre la dépréciation du dollar ? La question reste posée et tout dépend si ses placement à l’étranger l’ont été à long, moyen ou court terme, ce qui m’amène à poser brièvement la problématique de l’opportunité de la création d’un fonds souverain

2.3- la problématique de l’opportunité de la création d ‘un fonds souverain

Il faut être modeste, que représente cette modique montant cumulée sur plusieurs années, du essentiellement à l’envolée des cours du pétrole (moins de 2 milliards de dollars d’exportation hors hydrocarbures dont 50% de ces 2 milliards sont des déchets ferreux et semi- ferreux), par rapport à une année d’exportation d’un pays comme l’Allemagne qui a dépassé les 1500 milliards( 10 fois nos réserves de change) de dollars en 2008. Cette dernière doit reposer cinq facteurs, tenant compte du processus de mondialisation, de notre place au sein des différentes stratégies économiques et géo-politiques.

– Premièrement une bonne gouvernance interne (solidité et moralité des institutions), ce qui est loin le cas en Algérie caractérisée par une corruption socialisée, le manque de visibilité et de cohérence dans la démarche de la politique socio-économique. Il faut d’abord répondre à cette question stratégique : que voulons nous et où allons nous par rapport aux réformes car la rentabilité des fonds souverains s’inscrivent dans le cadre d’un marché mondial concurrentiel et dans le cadre d’une économie administrée et de surcroît bureaucratisée à l’extrême comme en Algérie ?

– Deuxièmement la gestion des ressources humaines par la revalorisation du savoir, dont une spécialisation très fine dans l’engeerenie financière et le management stratégique qui nécessitent un minimum de 10 ans d’expérience.

– Troisièmement avoir à la fois un système financier national performent (ce qui est loin d’être le cas avec des banques qui sont des guichets administratifs et une bourse en léthargie, des entreprises d’Etat en difficultés achetant des entreprises d’Etat en difficultés, unique dans les annales de la finance).

– Quatrièmement avoir une surface financière appréciable tenant compte des dépenses pour le développement. Avec les fonds placés à l’étranger ( que reste t-il de disponibles 80% placés à l’étranger selon le Ministre des Finances dans une déclaration à l’APN courant 2008 ) et les dépenses prévues pour le programme de soutien à la relance économique

Enfin cinquièmement de revoir le code pénal dépénalisant les actes de gestion des acteurs économiques et éventuellement choisir un bon partenariat. Car, aller à la bourse c’est comme aller au casino , pouvant gagner mais également perdre( la définition de l’entreprise c’est la prise de risque dans un environnement incertain) en jouant sur la loi des grands nombres impliquant Dans ce cadre, pour le cas de l’Algérie, je pense objectivement que cela implique d’être prudent, les conditions n’étant pas actuellement remplies. Autre élément ayant un impact sur le financement futur de l’économie la non maîtrise des projets et les réévaluations permanentes sous réserve de la maîtrise de la qualité, étant un gaspillage des ressources financières.

III- L INEFFICACITÉ DE LA DÉPENSE PUBLIQUE ET LES REEVALUTIONS PERMANENTES

Avec les dernières mesures gouvernementales de restriction de l’apport étranger donc utilisant presque à 100% les fonds publics, et avec la chute actuelle du baril et du prix de cession du gaz, la capacité financière est d’autant plus réduite que les recettes en moyenne globale de l’Algérie proviennent d’environ 1/3 du gaz ,1/3 du pétrole et 1/3 de produits raffinés l’Algérie ayant réalisé d’importants investissements gaziers alors que selon le quotidien français le Monde du 15 août 2009, qui cite l’Agence économique et financière Breakingviews.com, le prix du gaz naturel a baissé de moitié aux États-Unis, à 3096 dollars par million de BTU (British Thermal Units) du fait de l’introduction de nombreux producteurs et de la faiblesse de la demande due à la crise mondiale. En plus que l’on ne pourra pas renégocier comme l’Algérie l’avait souhaité avec l’Espagne une réévaluation du prix du gaz, pou le marché spot ( supposant que les contrats à moyen ne sont pas affectés) si ce prix se maintient dans cette fourchette, et tenant compte du nouveau modèle de consommation énergétique qui se mettra en place entre 2015/2020, il sera difficile de rentabiliser sur une période raisonnable les investissements hautement capitalistiques surtout que la filière pétrochimique connaît une crise inégalée, bien que les investissements surtout au Moyen Orient aient été rentabilisés, et il est utopique ( comme ce projet d ‘une voiture à 100% algérienne ) pour l’Algérie d’investir dans ce segment sans un partenariat solide qui contrôle les circuits de commercialisation mondiaux, le marché tant oligopolistique . Accepteront-ils d’investir en Algérie, avec une part inférieur à 49% dans le capital social comme le préconise le gouvernement algérien dans ses dernières mesures : rien n’est évident.

Car, le programme de soutien à la relance économique selon les différents conseils de gouvernement est passé successivement de 55 milliards de dollars fin 2004, à 100 milliards de dollars fin 2005 ( le justificatif était des enveloppes additionnelles pour les hauts plateaux et le Sud) puis fin 2006 à 140 milliards de dollars et sera certainement clôturé fin 2009 à plus de 200 milliards de dollars, montant auquel il faudra ajouter les nouveaux programmes inscrits entre 2009/2013 de plus de 100 milliards de dollars. Il est intéressant d’analyser le rapport de la banque mondiale concernant justement ce programme publié en septembre 2007 et remis aux autorités algériennes. Selon ce rapport, au delà des données statistiques qui peuvent être trompeurs , il faut replacer la faiblesse des impacts des transports et des infrastructures qui lui sont liées, à la mauvaise performance des dépenses d’investissement en Algérie étroitement liée aux carences en matière de gestion des dépenses publiques.

Les déficiences observées dans son processus budgétaire et les goulets d’étranglement institutionnels ont systématiquement entraîné une mauvaise exécution des programmes d’investissement. Toutes ces insuffisances aboutissent à une mauvaise programmation, à la surestimation des dépenses et à de longs retards dans l’exécution des projets. Parmi les carences importantes observées, on peut citer : l’existence d’un décalage entre la planification budgétaire et les priorités sectorielles ; l’absence d’interventions efficaces dues à un morcellement du budget résultant de la séparation entre le budget d’investissement et le budget de fonctionnement (récurrent) ; des passifs éventuels potentiellement importants, des écarts considérables entre les budgets d’investissement approuvés et les budgets exécutés ; et des longs retards et des surcoûts pendant l’exécution des projets, ce qui témoigne de la faiblesse de la capacité d’exécution des organismes d’exécution. Pour la formulation, l’Algérie utilise un système de classification obsolète.

Concernant l’exécution, la lenteur dans l’exécution ne s’explique pas par un rationnement de la trésorerie, mais est due à la lourdeur des procédures lourdes qui empêchent la clôture rapide de la période de fin d’exercice pour l’arrêt du budget. L’enquête, « Evaluation et plan d’action », du FMI et la Banque mondiale montre que l’Algérie ne respecte que 5 des 16 principaux critères de référence. Le FMI et la Banque mondiale considèrent que le système de gestion budgétaire d’un pays a besoin d’être considérablement amélioré si moins de 7 des critères de référence sont remplis. La performance de l’Algérie est particulièrement mauvaise à toutes les différentes étapes de la formulation, de l’exécution du budget, de l’établissement de rapports et de la passation des marchés. Les importations ,plus particulièrement celles liées aux projets dans les secteurs du transport et des travaux public, augmenteront plus rapidement que les exportations, une analyse des coûts démontrant que les projets sont extrêmement coûteux. Les trois dernières conclusions tirées de l’évaluation du PSRE font référence au contenu stratégique limité des projets retenus, la faible qualité des projets et les difficultés institutionnelles dans l’exécution et les carences en matière d’analyse des coûts. La qualité extrêmement faible des projets et de graves carences institutionnelles explique largement la mauvaise exécution des projets. De très importants dépassements de budget ont été constatés au niveau de différents projets.

De nombreuses décisions de projet ne sont pas fondées sur des analyses socioéconomiques. Ni les ministères d’exécution, ni le ministère des Finances n’ont suffisamment de capacités techniques pour superviser la qualité de ces études, se bornant au contrôle financier effectué par le ministère des Finances, le suivi technique (ou physique) exercé par les entités d’exécution étant inconnu ou au mieux insuffisant.

Les résultats des projets et programmes ne font pas l’objet d’un suivi régulier. Il n’existe aucune évaluation a posteriori permettant de comparer ce qui était prévu avec ce qui a été réalisé et encore moins de comparer le coût-avantage ou l’efficacité avec la situation réelle. Pourtant, le non respect de normes minimales – dans l’analyse du ratio coûts-avantages, rentabilité sociale et profils des projets a de graves conséquences en termes de ressources gaspillées, de duplication des activités et de problèmes de passations de marchés. Comme l’a montré l’analyse du PSRE, le système algérien des investissements publics comporte plusieurs lacunes. Premièrement, les coûts des projets sont importants. Deuxièmement, la préparation technique du personnel d’exécution et la qualité des projets sont généralement faibles et inégales, les projets contribuant ainsi faiblement à l’atteinte des objectifs stratégiques sectoriels. Troisièmement, de nombreuses faiblesses trouvent leur origine dans l’urgence qui accompagne la préparation de projet à cette échelle – non des moindres, la myriade de demandes spécifiques auxquelles les projets sont supposés répondre et le chevauchement des responsabilités entre les diverses autorités et parties prenantes (25 commissions ministérielles et 48 commissions de wilaya dans le cas du PSRE). Dans ce rapport, il est clairement explicité que les enjeux institutionnels et de gouvernance contribuent aussi largement à limiter la réussite en particulier dans les domaines de la santé et l’eau et surtout dans l’éducation et le transport, pour ce rapport.

Cela renvoie à la faiblesse des réformes institutionnelles et micro-économiques, bien que les réformes macro-économiques sont relativement satisfaisantes mais éphémères, l’Algérie possédant l’une des économies les moins diversifiées parmi les pays à revenus intermédiaires et les pays producteurs de pétrole. Le programme de réformes est à la traîne dans les domaines tels que l’accession à l’OMC, la privatisation des entreprises publiques, la modernisation du secteur financier et dans des domaines de la gouvernance tels que la réforme de l’administration fiscale et de l’appareil judiciaire. Alors que l’ambitieux PCSC progresse, le pays est confronté à un défi fondamental : le créneau d’opportunités sera-t-il exploité à l’appui d’une croissance à long terme de l’économie et de l’emploi et d’un développement social permanent, – ou sera-t-il perdu pour des raisons d’inefficacité, de gaspillage, et de corruption s’interroge la banque mondiale ? Précisément dans le domaine des transports, les objectifs sont de moderniser et développer les services et systèmes de transport et d’améliorer l’intégration des modes de transport. Les objectifs de développement du projet sont de :

(a) établir un cadre politique et institutionnel qui facilitera la participation privée dans l’infrastructure (PPI) ;
(b) démontrer la viabilité de l’intégration des concessions dans les transports à l’aide du lancement réussi du dispositifs BOT (Build-Operate-Transfer) ;
(c) renforcer la capacité du Gouvernement algérien à gérer et réguler le secteur des transports et (d) réhabiliter les chemins de fer pour qu’ils contribuent mieux au coût efficacité du transport des personnes et du fret au niveau national , maghrébin et même africain supposant une volonté commune d’intégration. Dès lors se pose question fondamentale pour l’avenir de l’Algérie : pétrole bénédiction ou malédiction et l’urgence de poser les véritables problème à savoir l’approfondissement de la réforme globale pour un véritable développement hors hydrocarbures.

C’est que les richesses en Algérie de 1963 à 2009 (capital argent) à ne pas confondre avec l’accumulation du capital créant de la valeur, a suivi le processus de positionnement des cadres dans les secteurs névralgiques ou même secondaires de l’économie et surtout son domaine public en fonction des positionnements au sein de la société, des relations tribales, expliquant la faiblesse de véritables entreprenants créateurs de richesses. Ces richesses, tributaires de relations de clientèles et donc de la redistribution inégalitaire de la rente des hydrocarbures façonnent l’actuelle la structure sociale en Algérie, structuration en mutation non encore achevée , pas de changement dans le fond mais dans la forme entre 1963 et la période 2009. Car, la crise même si elle perdure au-delà de 2013/2014, se terminera bien un jour et faute de visibilité, il ne faut pas s’attendre à une dynamisation de la production et exportation hors, hydrocarbures. IL s’agit de ne pas de ne pas confondre le rôle de l’Etat régulateur stratégique en économie de marché avec le retour à l’étatisme des années 1970 qui, selon mon humble point de vue, serait suicidaire pour le devenir du pays et ne pas diaboliser le secteur privé qu’il soit national ou international.

L instabilité juridique trouve son fondement dans l’absence de visibilité et de cohérence dans la politique socio-économique de l’indépendance à nos jours, cette politique fluctuant en fonction des cours du pétrole et du dollar. Les entrepreneurs qu’ils soient nationaux ou étrangers demandent seulement à voir clair et posent cette question cruciale : que veut et où va le gouvernement algérien ? Car les investisseurs tant nationaux qu’étrangers qui misent sur le moyen et long terme (investissement inducteurs de valeur ajoutée contrairement à l’importation solution de facilité) sont totalement désemparés face aux changements périodiques du cadre juridique en Algérie ce risquent de faire fuir le peu de capitaux surtout en cette période de crise qui montre le rapatriement massif vers les pays d’origine. L’on peut se poser la question si une circulaire peut remplacer une loi ou une ordonnance présidentielle remettant en cause l’Etat de droit ? Il faut aller jusqu’au bout de la logique, et remplacer alors les textes en vigueur selon la même procédure.

Comment ne pas rappeler les ambiguïtés dans la gestion des capitaux marchands de l’Etat qui traduisent en réalité la neutralité des rapports de force au sommet de l’Etat et explique le manque de visibilité et de cohérence de la politique économique et sociale, que l’on essaie de voiler tant par de l’activisme ministériel et des dépenses monétaires sans se préoccuper des coûts et de la qualité,permis grâce aux cours élevé des hydrocarbures que des replâtrages juridiques avec une instabilité juridique qui décourage tout investisseur sérieux-Le blocage essentiel de l’investissement local et étranger n’est-il pas le terrorisme bureaucratique qui se nourrit du manque de visibilité et de cohérence dans la réforme globale. Et ce nouveau juridisme est-il suffisant sans objectifs politiques précis et sans cohérence et visibilité dans la démarche ?

A-t-on mis en place d’autres mécanismes pour éviter que les investisseurs soient pénalisés par les différentes tracasseries administratives (registre de commerce, plusieurs mois alors que dans des pays normaux cela met quelques heures,) banques qui sont des guichets administratifs, fiscalité fonctionnant sur les méthodes du XIXème siècle, douane, terrain au niveau des collectivités locales,(le cadastre n’étant pas à ce jour réactualisé et le problème du foncier non résolu malgré certains discours ). Car le parcours du combattant lorsqu’on a pas fait faillite dans les méandres bureaucratiques dure plus de 3 années entre le moment de la maturation du projet et sa réalisation alors que dans tous les pays du monde l’écart ne dépasse pas quelque mois pour ne pas dire quelques semaines.

A-t-on analysé les impacts des différents assainissements des entreprises publiques sans résultats : plus de 40milliards de dollars entre 1991-2008 de quoi créer tout le tissu industriel existant mais cette fois compétitif ; le développement écologique fondement du développement durable avec ces unités polluantes , ces constructions dans la majorité des secteurs selon les normes dépassées et ce taux d’urbanisation effréné (des éco- pôles mais réalité de vulgaires hangars comme l’a souligné le Président Bouteflika lui-même) avec les risques de ghettos qui enfanteront inéluctablement la violence ? A-t-on analysé objectivement l’importance de la sphère informelle drainant plus de 40% de la masse monétaire en circulation, employant plus du quart de la population occupée, fonctionnant dans un espace social de non droit, dont la croissance est proportionnelle au poids de la bureaucratie et de la corruption et les moyens de l’intégrer loin des mesures administratives autoritaires ?

S’est –on soucié de la connaissance du bouleversement mondial où les capitaux iront s’investir là ou les obstacles politiques sont mineurs, ( il existe un marché mondial des privatisations ) d’un grand espace socio-économique d’où l’importance de l’intégration maghrébine au sein de l’espace euro- méditerranéen, et des impacts réels de notre adhésion à la zone de libre échange avec l’Europe (applicable depuis le 01 septembre 2005) et du futur accord avec l’organisation mondiale du commerce (OMC) et les moyens de s’y adapter ? Et donc est-il réaliste de vouloir opposer des Etats alors que n’existent pas de divergences fondamentales en termes géostratégiques entre les Etats Unis et l’Europe mais pour paraphraser les militaires seulement des tactiques divergentes à court terme et notre diplomatie ne devrait-elle pas s’adapter à cette nouvelle donnée différente fondamentalement des années 1970, période de la guerre des blocs avec l’implication plus importante des organisations non gouvernementales crédibles et non crées artificiellement ?

Tout entrepreneur qu’il soit algérien ou étranger étant mu par la logique du profit, il n’y a pas de nationalisme dans la pratique des affaires, ne devant pas confondre retour à l’étatisme des années 1970 suicidaire pour le pays, et renforcement nécessaire de l’Etat régulateur indispensable en économie de marché, comme le démontre la crise économique mondiale actuelle avec la dominance de la sphère financière sur la sphère réelle. Il s’agit de mettre en place des mécanismes économiques et financiers d’encadrement souples favorisant l’investissement productif y compris les services qui ont un caractère de plus en plus marchands, en respectant le droit international pour toute crédibilité de l’Etat algérien. Une loi n’est jamais rétroactive et une circulaire d’un premier Ministre ne peut remplacer dans tout État de droit, une loi ou une ordonnance présidentielle qui doivent être le cas échéant être abrogées selon les mêmes procédures.

La facilité et la fuite en avant est de vouloir imputer les causes du blocage seulement à l’extérieur ( ce discours anti-impérialiste chauviniste pour faire oublier les problèmes intérieurs, ce chat noir dans un tunnel sombre que l’on ne voit jamais) alors que le mal essentiel est en nous. L’extérieur est-il responsable de la montée en puissance de la bureaucratie destructrice et de la corruption dominante ; l’extérieur est-il responsable de notre mauvaise gestion et du gaspillage de nos ressources.

Enfin l’extérieur peut-il engager à notre place les réformes structurelles dont l’Etat de droit (justice), la garantie des libertés dont le droit de propriété, de l’école mère de toute les réformes, du système financier, du foncier afin d’asseoir l’économie de marché concurrentielle base d’une une production hors hydrocarbures, assistant à un pas en avant et deux en arrière dans les réformes pour paraphraser Lénine ? Car, seules des réformes internes profondes réhabilitant l’entreprise et son fondement le savoir, permettront de modifier le régime de croissance pour atteindre une croissance durable hors hydrocarbures condition de la création d’emplois à valeur ajoutée, mettant fin progressivement à cette croissance volatile et soumise aux chocs externes, les dépense monétaires sans se préoccuper des impacts et l’importance des réserves de change, n’étant pas synonyme de développement car fonction, du cours des hydrocarbures.

Comme conséquence de cette situation, Les derniers rapports internationaux semblent mitigés, et le changement de cadres juridiques semble constituer un des facteurs à l’entrave affaires. Selon le nouveau rapport Doing Business 2010 de la Banque mondiale en matière de climat des affaires concernant les réformes menées en 2008/2009, l’Algérie est classé à la 112e place en matière de facilitation du commerce extérieur sur une liste comportant 121 pays devançant cinq pays pauvres africains, Burundi, Nigeria, Zimbabwe, Côte d’Ivoire, Tchad, avec une très mauvaise note pour le marché financier national qui se voit attribuer un score de 2,8 sur 7 avec la 132e position pour ce qui est de l’efficience et de la sophistication du système financier algérien .

De ce fait la situation du système financier algérien ne peut être isolée de la réforme globale et donc du mode d’accumulation. Aussi selon ce rapport , l’Algérie doit d’améliorer sa compétitivité du point de vue de la sophistication des affaires (128e place), de l’efficience du marché du travail (127e place), de l’efficience du marché des biens ( 126e place), du développement technologique (123e place), du point de vue des institutions (115e place), de l’innovation (114e place) et de l’enseignement supérieur et de la formation (102e place) en rappelant le classement des Universités de l’Algérie en 2007 ayant été classées 6995ème sur 7000(baisse alarmante du niveau, les universités devenant une usine de fabrication de chômeurs) par le prestigieux Institut de Schangai.

Par ailleurs, selon le FDI Intelligence, une division spécialisée du groupe britannique de presse «Financial Times LTD» de septembre 2009 dans une étude détaillée couvrant 59 pays africains et prenant en compte les critères comprenant les infrastructures, les stratégies visant à encourager les IDE, le potentiel économique, le niveau et la qualité de la vie, les ressources humaines et l’ouverture des marchés, l’Algérie a reculé en matière d’attractivité des investissements directs étrangers (IDE) étant largement devancée par l’Afrique du Sud, l’Egypte, le Maroc et la Tunisie.

Le rapport note une détérioration du climat des affaires en 2009 où l’Etat algérien émet des signaux négatifs et contradictoires alors que ces quatre pays ne cessent de faire des progrès dans de nombreux domaines, particulièrement en matière de la promotion de l’investissement privé national et étranger et ce malgré sa proximité géographique avec l’Europe et ses réserves énergétiques pour attirer davantage de capitaux étrangers n’ayant même pas profité de l’afflux des pétrodollars du Golfe, contrairement au Maroc, Egypte, Turquie et Syrie, le Golfe étant devenu le deuxième émetteur d’IDE après l’Europe et devant les Etats-Unis.

A part le secteur des hydrocarbures et lorsque le cours est élevé (car on peut découvrir des centaines de gisements mais non rentables financièrement), et celui des télécommunications, l’Algérie ne semble guère intéresser les investisseurs étrangers. L’entrave aux affaires toujours selon ces deux rapports est due surtout à l’accès aux financements, la bureaucratie d’ Etat, la corruption, l’inadéquation de la main-d’œuvre formée, la politique du travail considérée comme restrictive ainsi que le système fiscal et l’environnement dont la qualité de la vie. Ce qui vient d’être confirmé par une étude réalisée par le célèbre tabloïd anglais The Economist le 10 septembre 2009, une enquête qui mesure, selon plus de 30 indicateurs qualitatifs et quantitatifs, cinq grandes catégories, à savoir la «stabilité», les «soins de santé», la «culture et l’environnement», l’«éducation» et l’«infrastructure», catégories compilées et pondérées pour fournir une note globale variant de 1 à 100, où 1 est jugé intolérable et 100 est considéré comme idéal. La ville d’Alger, malgré toutes les dépenses a été classée au 138e rang sur les 140 métropoles pour 2009, classement inchangée par rapport à l’année dernière 2008 au même niveau que Dhaka (Bengladesh), obtenant un score de 38,7, l’Algérie devançant la capitale du Zimbabwe Harare.

IV- LA PROBLÉMATIQUE DU FINANCEMENT DE L’ ÉCONOMIE ALGÉRIENNE PAR SONATRACH

L’Algérie est une économie essentiellement rentière de l’indépendance à nos jours, les recettes en devise provenant pour 98% de Sonatrach et de surcroît sur le s2% hors hydrocarbures 70% sont constitués de déchets ferreux et semi ferreux, donc n’exportant rien de biens à valeur ajoutée. Pour rappel, l’analyse du tableau d’échange interindustriel technique bien connue des économistes montre clairement que sur les 5/6% de taux de croissance hors hydrocarbures entre 2004/2009, et certainement encore pour de longues années, invoqué souvent par les officiels , 80% des segments dont le bâtiment, travaux publics , hydraulique sont irriguées indirectement par la rente des hydrocarbures restant aux entreprises créatrices de richesses pouvant vivre suer leur autofinancement moins de 20% à la participation du produit intérieur brut. Peu d‘entreprises sont insérées dans le cadre des valeurs internationales comme le montrent les données au niveau du registre national du commerce pour fin 2008, la structuration des entreprise y compris publiques étant la suivante : -49,90% personnel -32,14% SNC -13,32% SARL -4,64% SPA dont Sonatrach et Sonelgaz, donc plus de 95% des entreprises sont des PMI/PME évaluées en juin 2009 à environ 400.000.

D’une manière générale, l’explication de la faiblesse des entreprenants est due au fait que la logique rentière l’emporte sur la logique entrepreneuriale avec ce paradoxe, l’avancé ou l’accélération des réformes en Algérie étant inversement proportionnelle au cours du pétrole, étant freinée lorsque les cours s’élèvent avec des jeux contradictoires du couple rentiers dominants actuellement /réformateurs minoritaires des différents acteurs économiques et sociaux internes et externes. A partir de ce constat essayons de quantifier les besoins en financement en devises , ne devant pas faire une double comptabilité avec le fonds de régulation en dinars( différence entre le cours réel du pétrole et le prix établi par la loi de finances ) , sur la base d’une hypothèse le même rythme de dépenses que pendant la période 2007/2008,n’étant pas évident que les dernières mesures puissent restreindre substantiellement les sorties devises.

A) Les recettes SONATRACH

Avec la chute actuelle du baril et du prix de cession du gaz, la capacité financière est d’autant plus réduite que les recettes en moyenne globale de l’Algérie proviennent d’environ 1/3 du gaz ,1/3 du pétrole et 1/3 de produits raffinés et que depuis juin 2009, le prix du gaz naturel a baissé de moitié aux Etats-Unis, à 3096 dollars par million de BTU du fait de l’introduction de nombreux producteurs et de la faiblesse de la demande due à la crise mondiale certes s’appliquant au marché spot. Mais l’impact est que l’Algérie ne pourra pas renégocier comme elle l’avait souhaité avec Gaz de France et l’Espagne une réévaluation du prix du gaz, pour les contrats à moyen terme si le prix du marché spot se maintient dans cette fourchette. Les recettes pétrolières de l’Algérie pourraient atteindre 40 milliards de dollars en 2009, soit un peu plus de la moitié des recettes réalisées en 2008 (78 milliards de dollars). Aux recettes de Sonatrach, il faut ajouter la somme modique de 2 milliards de dollar hors hydrocarbures, et soustraire l’autofinancement de Sonatrach. Qui selon les responsables ne subira pas de changement évalué à 63 milliards de dollars entre 2009/2013 , montant auquel il faut ajouter les investissements de Sonelgaz pour environ 15 milliards pour la même période , au total 78 milliards donc une moyenne annuelle de plus de 19 milliards de dollars par an, soit près de 50% des recettes de Sonatrach sous réserves qu’il n’y aura pas de réévaluation des projets. Pour ne pas faire un double emploi on peut supposer que 5 milliards de dollars sont déjà contenus dans la rubrique importation de biens nous donnant donc 28 milliards de dollars au cours de 65/70 dollars le baril pour le reste de l’économie.

B) Les différentes sorties de devises

Premièrement les importations de biens ayant été presque de 40 milliards de dollars, en soulignant que la politique de la banque centrale n’est pas claire dévaluant récemment le dinar algérien tant par rapport au dollar que par rapport à l’euro entre 15/20% sous prétexte de réduire les importations alors que ces deux monnaies n’évoluent pas dans le même sens , ces dévaluations alourdissant les coûts à l’importation et gonflant artificiellement tant les recettes des hydrocarbures (dollar reconverti en dinars algériens), le fonds de régulation en dinars et part là la fiscalité pétrolière (voilant le déficit budgétaire)

Dès lors se pose une autre question d’actualité : le crédit à la consommation dont celui de l’automobile est –il à l’origine de l’envolée de la valeur des importations ou ce que les 40 milliards de dollars d’importation de biens trouvent son essence surtout dans l’envolée et la non maîtrise de la dépense publique sachant que selon le rapport de décembre 2008 de l’ABEF cela concerne seulement 100 milliards de dinars ( 1,3 milliard de dollars avec seulement 3% d’insolvables, concernant donc surtout les couches moyennes., cette mesure favorisant le crédit informel sphère qui contrôle 40% de la masse monétaire en circulation. Par ailleurs, selon le récent forum tenu à El Moudjahid (septembre 209) en présence de banques publiques, ce sont les crédits à l’immobilier, la demande en logement est forte mais insolvable à l’instar de la crise des prêts hypothécaires (bas taux d’intérêt puis hausse des taux) qui risquent d’accroire l’insolvabilité des ménages algériens surtout avec la mesure récente d’un taux d’intérêt à 1% alors que le taux d’inflation officiel dépasse 5% en 2008/2009 amenuisant el pouvoir d’achat.

Deuxième poste celui des services pour 11 milliards de dollars en 2008 contre 4,7 milliards de dollars en 2006 avant de passer à 7 milliard de dollars en 2007, l’Algérie étant le seul pays du pourtours méditerranéen a avoir une balance déficitaire en matière des services , la plupart des grands projets étant confiés à des bureaux d’études étrangers pour la conception et le suivi se faisant au détriment des compétences nationales assistant donc à ce paradoxe exode de cerveaux algériens et importation des compétences étrangères(dévalorisation du savoir au profit des emplois rentes) .

Troisième poste, le transfert des dividendes d’environ 7 milliards de dollars dont les associés de Sonatrach qui sont passées de 3,9 milliards de dollars en 2007 à 4,8 milliards de dollars en 2008 fonction du CA réalisé en association grâce au prix élevé en 2008 mais réduit grâce aux nouvelles dispositions fiscales. C’est justement pour limiter le transfert de capitaux que le gouvernement a justifié dans la loi de finances complémentaire 2009 le CREDOC, système documentaire qui est une procédure normale lorsque existent des banques qui fonctionnent normalement au sein d ‘une véritable économie de marché concurrentielle où selon la banque d’Algérie , fin 2008 les banques publiques assurent en 2008 la presque totalité du financement du secteur public et 77% du financement du secteur privé contre 79,4% en 2007. Et là on revient à l’efficacité du système financier qui a certes des cadres valables qui n’ont rien à envier aux managers étrangers, mais évolue dans un environnement paralysant.

Aussi, cette procédure risquent d’ avoir un impact négatif sur les PMI/PME qui constituent la majorité des entreprises privées algériennes déjà soumises à d’importantes contraintes bureaucratiques, les poussant dans la sphère informelle, du moment qu’on doit payer avant de recevoir la marchandise, et en plus étant contraints de mobiliser le montant de la transaction au niveau de la banque qui garantit le paiement pour le fournisseur, ne pouvant pas dans la grande majorité des cas assumer cette trésorerie d’où les risques de rupture des stocks pour les entreprises n’ayant pas de fonds de roulements importants, surtout de jeunes entrepreneurs qui sont l’avenir de l’Algérie de demain. Car, la lettre de crédit, pour ces entreprises est coûteuse, le gouvernement invoquant la traçabilité supplémentaire, qui existe déjà dans le REMDOC, mais qui ne garantit en rien la possibilité de surfacturions.

2.3-Quatrième poste -les investissements en dehors des infrastructures

Le gouvernement n’entend pas ralentir le rythme des infrastructures/logements par rapport à la période 2004/2009 le programme de soutien à la relance économique sera clôturé fin 2009 à plus de 200 milliards de dollars avec d’importants surcoûts( avec des réévaluations entre 20/25%) comme l’a montré le récent rapport de la banque mondiale sur le bilan des dépenses publiques remis aux autorités algériennes en septembre 2007 montrant l’inefficacité de la dépense publique,. Pour la période 2010/213, il est prévu un nouveau programme de 150 milliards de dollars financés sur fonds publics et en plus la création de 200.000 PMI/PME et d’une dizaine de champions industriels dont l’effacement de la dette de l’ENIEM de Tizi Ouzou et la SNVI de Rouiba , la reprise par l’ANP de l’ INIE e tle site de Tiaret en sont les tendances lourdes en rappelant que l’assainissement des entreprises publiques a coûté au trésor public plus de 40 milliards de dollars entre 1991/2008 sans résultats probants montrant que ce n’est pas une question seulement d’argent oubliant que les piliers du développement du XXIème siècle sont la bonne gouvernance et la ressource humaine. Ainsi se pose la question stratégique : ces fameux champions industriels seront –ils compétitifs en termes de qualité,coûts( on ne peut plus interdire l’importation) tenant compte qu’avec l’Accord qui régie l’Algérie avec l’Union européenne applicable depuis le 01 septembre 2005,où l’on va vers un dégrèvement tarifaire zéro horizon 214/2015 ?. Par ailleurs, le gouvernement prévoyait pour le financement du développement un afflux de capitaux étrangers minimum de 20 milliards de dollars par an qu’il conviendra maintenant de combler par les recettes internes à presque 100% en raison des dernières mesures d’encadrement de l’investissement étranger 30% étrangers 70% pour le commerce et 49% étrangers et 51% nationaux pour les nationaux.

Aussi, faudra t-il s’attendre à un frein aux IDE hors hydrocarbures en Algérie selon l’ensemble des derniers rapports internationaux A part le secteur des hydrocarbures et lorsque le cours est élevé (car on peut découvrir des centaines de gisements mais non rentables financièrement), et celui des télécommunications, l’Algérie ne semble guère intéresser les investisseurs étrangers. L’entrave aux affaires étant due à l’accès aux financements, la bureaucratie d’ Etat, la corruption, l’inadéquation de la main-d’œuvre formée,( rappelons le classement de nos universités par l’institut Changeai 2007 6995ème sur 7000 ) la politique du travail considérée comme restrictive ainsi que le système fiscal. Partant de là, on peut donc supposer un besoin en devises additionnel pour ces projets hors infrastructures, que j’estime au minimum à 17 milliards de dollars par an.

Aussi le total en besoin en devises annuel sera au rythme des dépenses prévues de 75 milliards de dollars l’Algérie fonctionnant donc sur un cours de plus de 90 dollars le baril. Aussi, par rapport aux besoins de financement le solde accuse un résultat négatif de 49 milliards de dollars qui devrait être soustrait des réserves de change estimées à 144 milliards de dollars. Certes, pour un cours de 70 dollars le baril, le dernier rapport du FMI du 02 octobre 2009 et de l’AIE du 8 octobre 2009 donnant une moyenne de 55 dollars le baril pour 2009 avec un redressement à 63 dollars pour 2010, l’Algérie ne devrait donc pas connaître de problèmes de financement pendant au moins trois années. Cette situation explique les dernières mesures prises afin d’éviter l’épuisement des réserves de change à terme si le prix ne remontent pas au dessus de 85/90 dollars à prix constants, à moins que l’on aille vers des restrictions budgétaires qui peuvent occasionner de vives tensions sociales.

III- Devant cette situation quelles sont donc les perspectives ?

Car, n’oublions pas qu’existent deux rapports contradictoires , qui certes sont fonction du couple vecteurs prix/coût futur, celui de l’AIE d’août 2009 qui prédit un épuisement des ressources en pétrole en Algérie dans 16 ans et celui du premier ministre Ahmed Ouyahia qui dit 25/30 ans car le dernier rapport du CREG extrapolant une consommation intérieure d’environ 75 milliards de mètres cubes qui s‘ajoutent aux prévisions de 85 milliards de mètres cubes exportables horizon 2014 sur une réserve établie de 4500 milliards de mètres cubes donnant pour le gaz également moins de 25 ans les gisements marginaux étant non rentables. Or 30 ans c’est demain l’Algérie étant indépendante depuis 47 ans.

Il faut donc éviter tant l’illusion financière que le retour à l’étatisme des années 1970 suicidaire pour le pays, à ne pas confondre avec l’importance stratégique de l’Etat régulateur, et le problème central est la sphère réelle, comment induire une production et exportation hors hydrocarbures l’Algérie et sans chauvinisme , car le problème n’est pas tant dans le transfert de devises si les investisseurs étrangers comme cela se passe dans tous les pays émergents permettent une création de valeur interne supérieure au transfert. Et se pose cette question centrale.

Comment donc suite au rapport du FMI en date du 02 octobre 2009 avec 200 milliards de dollars injectés entre 2004/2009, l’Algérie crée moins de 3% de richesses en moyenne 2006/2009 étant dans l’impossibilité de créer trois millions d’emplois ( (taux de croissance de la population active supérieur à 3,4%) alors que ce montant devrait permettre un taux de croissance supérieur à 6/7%, condition indispensable pour assurer d’une manière pérenne, la cohésion sociale future et non se limiter à des redistribution de rentes pour une paix sociale éphémère? Et le rapport du 04 octobre 2009 du PNUD ( l’indice du développement humain beaucoup plus fiable que le PNB par tête d’habitant) où l’Algérie passe de la 100ème place en 2008 à la 104 ème place en 2009

Or, l’Algérie a les potentialités de devenir un pays pivot, tenant compte des avantages comparatifs mondiaux, donc des nouvelles mutations mondiales dont l’espace euro- méditerranéen, et arabo- africain constituent son espace naturel, d’où l’importance stratégique de l’intégration maghrébine, intégration laquelle je suis profondément attachée depuis de longues années . Ainsi je terminerai par une note optimiste pour l’Algérie et les pays du Maghreb dans leur ensemble en citant un proverbe amazonien : « Quand on rêve seul, ce n’est qu’un rêve mais quand on rêve tous ensemble, c’est déjà le commencement de la réalité».

Docteur Abderrahmane MEBTOUL Professeur d’Université Économiste (conseiller des Ministères de l’Énergie 1974/1980-1990/1995-2000/2005) -Expert International. Algerie-Focus.com

(1) Intervention de Abderrahmane MEBTOUL à l’Université Abderrahmane MIRA de BEJAIA, séminaire international sur la crise économique et les impacts sur les économies euro-maghrébines 11/12 octobre 2009 en collaboration avec l’Institut CEDIMES (Centre d’Etudes sur le Développement International et les Mouvements Economiques et Sociaux) France.

NB- Pays membres de l’OPEP- Afrique (Algérie 1% des réserves mondiale de pétrole ayant donc une influence très faible et environ 3% pour le gaz avec deux scénarios d’épuisement entre 16 ans selon l’AIE , 25 ans selon le premier ministre algérien( Angola , Libye , Nigeria) Moyen-Orient (Arabie saoudite, les Émirats étant une confédération crée en 1972, seule Abou Dabi est membre de l’OPEP, les autres émirats ne se considérant pas liés par les quotas- Irak, depuis le conflit , le pays est encore nominalement membre de l’OPEP, mais n’est plus inclus dans les quotas. Iran- Koweït -Qatar) Amérique du Sud (Équateur, Venezuela) – Asie du Sud- Est ( Indonésie, le pays étant devenu importateur net, en mai 2008 le gouvernement a annoncé son retrait de l’organisation). Parmi les pays importants non OPEP , on peut citer, le Canada, le Soudan, le Mexique, le Royaume-Uni, la Norvège, des États-Unis, la Russie et Oman. Mais avec les découvertes en Amérique latine dont récemment le Brésil, et surtout en Afrique d’autres pays sont non membres de l’OPEP ce qui risque avec le pic pétrolier des pays de l’OPEP devenant importateur, d’accroître sa marginalisation future et amplifier le poids de l’Arabie Saoudite.

(1)-Pour plus de détail voir l’ ouvrage collectif coordonné par le Docteur Abderraghmane MEBTOUL « Le secteur Energie en Algérie face aux mutations mondiales » Dar El Gharb Algérie -2005- 2 volumes (432 pages)avec en annexe (volume à part) rapport CNUCED sur la libéralisation de la sphère énergétique. Avec les contributions du Docteur Chakib KHELIL Ministre de l’Energie et des Mines- Mohamed MEZIANE PDG Sonatrach- Nourredine BOUTERFA PDG Sonelgaz- Said AKRETCHE PDG Naftal- Akli REMINI ex PDG Naftec ; Abdelakader BENYOUB Président groupe Mines – Ali HACHED ex-Vice Président Sonatrach- Abdelbaki BENABDOUN Expert MEM ex PDG Sonelgaz- Salah CHEROUANA ex PDG Naftec ; Tewfik HASNI ex PDG NEAL- Aissa Abdelkrim BENGHANEM Ex PDG Sonelgaz – Pierre René BAUDIS Ex Directeur Stratégie Planification groupe français Total- Docteur Mustapha MEKIDECHE Vice Président CNES- Ahmed BOUDHEBZA Expert ingénieur- Amine MOHAMED BRAHIM Expert, diplômé de l’Institut français du pétrole ; Docteur Abdelkader BENGUEDACH , directeur de recherche Université physique – Docteur Abderrahme LELLOU Professeur d’ Université économiste expert et vice recteur au centre de la francophonie Paris- France ; Docteur Ahmed BOUYACOUB-économiste- directeur de recherche Université, ex conseiller économique ( chefferie du gouvernement Algérie).

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