Débat au Parlement français : Retour sur l’Accord de 1968 entre l’Algérie et la France

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Débat au Parlement français : Retour sur l'Accord de 1968 entre l'Algérie et la France

Dans les couloirs du Parlement français, le jeudi 7 décembre 2023 restera gravé dans les mémoires comme une journée où l’histoire a ressurgi, où les passions se sont enflammées, et où les divisions de la nation ont été mises en lumière. Le projet de résolution portant révocation de l’accord de 1968 entre l’Algérie et la France a déclenché un débat houleux, mettant en lumière les véritables intentions de ses partisans et opposants.

Un Vote Tumultueux

Le résultat du vote sur la proposition du parti Les Républicains a été clair : 114 députés ont voté en faveur de la révocation de l’accord de 1968, tandis que 151 ont rejeté la proposition. Les lignes de clivage étaient nettes, avec d’un côté la droite et l’extrême-droite, et de l’autre le parti présidentiel et la gauche. Ce vote illustre les profondes divisions qui existent en France sur la question de l’accord de 1968, et au-delà, sur la relation entre la France et l’Algérie.

Le Débat sur l’Accord

Ce qui aurait pu être un débat technique sur la révocation d’un accord vieux de plusieurs décennies s’est rapidement transformé en un débat sur l’histoire, la mémoire, et l’identité. Les députés ont échangé des accusations passionnées, ravivant le spectre de la guerre d’Algérie qui hante encore les deux pays.

Le député Bastien Lachaud (LFI) n’a pas mâché ses mots en accusant les Républicains de « rejouer à l’infini la guerre d’Algérie » et en dénonçant des « sous-entendus racistes insupportables ». Il a souligné que cette tentative visait à « flatter le vent mauvais de la xénophobie et du racisme, en espérant en tirer on ne sait quel bénéfice électoral inavouable ».

L’Ombre de l’OAS

Le débat a également révélé l’ombre persistante de l’OAS (Organisation de l’Armée Secrète), une organisation terroriste qui a semé la mort en Algérie entre 1961 et 1962. Michèle Tabarot, fille de Robert Tabarot, ancien responsable de l’OAS, a été au cœur de la controverse. Elle a été qualifiée de « descendante de l’OAS » et son soutien à la révocation de l’accord de 1968 a suscité l’indignation.

La famille Tabarot, des Pieds Noirs installés en Algérie, s’est réfugiée en Espagne à l’indépendance de l’Algérie et n’a pu regagner la France qu’en 1969 grâce à l’amnistie générale décrétée par le général De Gaulle. La comparaison entre l’OAS et le FLN (Front de Libération Nationale) algérien, qui a lutté pour l’indépendance de l’Algérie, a enflammé les esprits.

L’Accord de 1968 en Question

Malgré les débats passionnés, il est important de se demander si l’accord de 1968 revêt toujours une importance pratique pour les relations entre la France et l’Algérie. De nombreux responsables politiques français estiment que cet accord n’est plus « opérationnel » et n’a que peu d’impact sur la mobilité et l’installation des Algériens en France.

La mobilité des Algériens en France est principalement déterminée par le visa, dont l’octroi relève de la souveraineté de l’État français et n’est pas dicté par l’accord de 1968. De plus, les chiffres officiels du ministère de l’Intérieur montrent que les avantages présumés de cet accord sont insignifiants. Les Marocains, par exemple, représentent une proportion similaire à celle des Algériens parmi les étrangers installés en France, sans être couverts par un accord similaire.

Les enjeux Politiques

Ce débat houleux a mis en lumière les enjeux politiques entourant la révocation de l’accord de 1968. Depuis son élection en 2017, le président Emmanuel Macron a exprimé sa volonté de construire une nouvelle relation solide avec l’Algérie. Cette démarche est partagée par le président algérien Abdelmadjid Tebboune, qui a régulièrement dénoncé l’action de certains lobbies en France qui s’opposent à cette nouvelle orientation.

Le débat a soulevé des questions sur la montée de l’extrême-droite et son influence sur la droite républicaine, qui semble embrasser certaines idées de l’extrême-droite, notamment en ce qui concerne l’héritage de l’OAS.

Le débat au Parlement français sur l’accord de 1968 entre l’Algérie et la France a mis en lumière les divisions profondes qui existent sur cette question. Au-delà de l’aspect technique de la révocation de l’accord, c’est l’histoire, la mémoire et l’identité qui ont été au cœur des discussions.

Il est essentiel de se rappeler que cet accord n’a que peu d’impact pratique sur les relations entre les deux pays aujourd’hui. Cependant, les enjeux politiques sont réels, et ce débat a révélé les forces en présence et les tensions qui persistent dans la relation complexe entre la France et l’Algérie.

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