Des réfugiés continuent de fuir les violences au Kirghizistan

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Le nombre de réfugiés qui fuient les affrontements ethniques dans le sud du Kirghizistan pour se réfugier en Ouzbékistan pourrait bientôt être supérieur à 100.000, a déclaré l’envoyé spécial de l’Onu Miroslav Jenca. « Selon les informations fournies par les autorités de l’Ouzbékistan, 75.000 réfugiés ont déjà été accueillis dans ce pays et leur nombre pourrait bientôt dépasser les 100.000 », a-t-il dit lors d’une conférence de presse à Bichkek, la capitale kirghize.
Les violences entre Kirghizes et Ouzbeks dans le Sud, notamment dans les villes d’Och et de Djalalabad, ont fait plus de 170 morts et de 1.600 blessés depuis jeudi soir.
Miroslav Jenca a appelé les autorités kirghizes à prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher que les troubles ne s’étendent à d’autres pays d’Asie centrale.
« La tâche la plus importante maintenant c’est de mettre fin à l’effusion de sang (…) Il ne faut pas que le conflit s’étende », a-t-il insisté.
« Nous devons prévenir une catastrophe plus grave parce que l’Afghanistan n’est pas loin et qu’on ne peut exclure que ces deux problèmes en viennent à s’imbriquer. »
Des dizaines de milliers d’Ouzbeks de souche continuent de fuir en direction de leur pays d’origine.
Mardi, la ville d’Och semblait plus calme, a déclaré un journaliste de Reuters sur place.
Azimbek Beknazarov, vice-président par intérim chargé de la sécurité, a rapporté lundi que la situation était stabilisée à Djalalabad après une médiation de « sages » kirghizes et ouzbeks. « Il n’y a plus de foule dans les rues », a-t-il déclaré par téléphone. Mais il a ajouté que beaucoup d’habitations étaient toujours en flammes.

CRAINTES D’UNE CONTAGION AU NORD

Le gouvernement intérimaire kirghize, au pouvoir depuis la chute du président Kourmanbek Bakiev en avril, a organisé l’évacuation des étrangers, notamment de 400 ressortissants chinois et indiens, des zones troublées.
Le premier vice-Premier ministre kirghize, Almazbek Atambaïev, a dit mardi craindre de voir la violence s’étendre au nord du pays, à Bichkek et à la région de Chui. « On peut s’attendre à des provocations dans la région de Chui et à Bichkek mais nous y sommes préparés », a-t-il dit à des journalistes.
L’Onu a appelé lundi soir à la création d’un corridor humanitaire pour permettre l’acheminement de l’aide.
Le sous-secrétaire général chargé des affaires politiques, Lynn Pascoe, a lancé cet appel lors d’une réunion du Conseil de sécurité sur la situation au Kirghizistan.

La Russie et ses partenaires des ex-républiques soviétiques ont proposé d’envoyer des hélicoptères et de l’équipement au Kirghizistan pour aider les autorités à mettre fin aux affrontements.
L’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), qui regroupe sept ex-républiques soviétiques dont le Kirghizistan, n’a pas évoqué l’envoi de troupes.
Toutefois, le président russe Dmitri Medvedev a laissé entrevoir des mesures plus énergiques, indiquant qu’il se réservait le droit de convoquer l’OTSC en réunion extraordinaire « si la situation s’aggrave ».

MEDVEDEV HAUSSE LE TON

« L’atmosphère qui règne au Kirghizistan est intolérable; des gens meurent et l’effusion de sang continue, il y a un désordre massif lié à des questions ethniques », a-t-il dit. « C’est très dangereux pour cette région. »
Selon des agences russes, il a déclaré à la présidente par intérim kirghize, Roza Otounbaïeva, que tout devait être fait pour mettre fin à de tels agissements – « dans le respect de la loi, mais durement ».
Les événements en cours sont les plus graves depuis vingt ans au Kirghizistan, qui abrite des bases militaires russe et américaine. Ils inquiètent aussi la Chine voisine.
Le gouvernement intérimaire kirghize avait réclamé la semaine dernière l’envoi d’une force russe de maintien de la paix mais Moscou avait refusé, estimant qu’il s’agissait d’un conflit interne. Dimanche soir, le Kremlin a toutefois décidé de dépêcher un bataillon de 150 parachutistes pour protéger sa base de Kant, située dans le nord du pays.
A Washington, la Maison blanche a fait savoir que les autorités américaines étaient en contact régulier avec les dirigeants russes à propos de la situation dans la république d’Asie centrale. La base américaine de Manas n’a pas été affectée par les troubles du Sud.

Le gouvernement intérimaire mis en place en avril à Bichkek après la chute de Bakiev, qui s’est exilé en Biélorussie, a accusé des partisans de ce dernier d’attiser le conflit, ce que Bakiev a démenti dans un communiqué dimanche.
Lundi, le président kirghize déchu a préconisé l’envoi de troupes des pays de l’OTSC dans le pays. Il a exhortant les « frères » kirghizes et ouzbeks à faire la paix en faisant valoir que les dirigeants qui l’avaient remplacé étaient incapables de rétablir le calme.
Selon l’agence kirghize Akipress, le fils de Bakiev, Maxim, aurait été arrêté en Grande-Bretagne à son arrivée dans ce pays.
Le gouvernement intérimaire prévoit la tenue d’un référendum constitutionnel le 27 juin.
L’Onu et l’Union européenne veulent que ce référendum se tienne à la date prévue, tout comme les élections législatives annoncées pour octobre.
« L’Union européenne insiste pour que le processus de légitimation des nouvelles autorités se poursuive malgré les difficultés », a dit Holger Green, ambassadeur d’Allemagne à Bichkek.

Reuters

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