Éoliennes au Sahara Occidental : L’Obscure Quête de Légitimité du Maroc

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Éoliennes au Sahara Occidental : L'Obscure Quête de Légitimité du Maroc

Dans l’ombre des vastes étendues désertiques du Sahara occidental, un vent nouveau souffle. Mais derrière les éoliennes qui se dressent fièrement se cachent des enjeux bien plus complexes. Le Maroc, en quête de « blanchiment » pour son occupation controversée de cette région contestée, a entrepris de développer des projets énergétiques, mais ces initiatives suscitent de vives inquiétudes.

Un article récent publié dans le magazine Forbes, intitulé « Marocgate : corruption et énergies renouvelables sanguines au Sahara occidental », met en lumière les enjeux cachés derrière ces projets éoliens et la controverse qui les entoure.

Les Éoliennes au Service de l’Occupation

Le coordinateur de la campagne « Le Sahara occidental n’est pas à vendre (Western Sahara is not for sale/WSNS) », Mahfoud Bechri, dénonce avec véhémence la manière dont le Maroc tente de « blanchir » son occupation du Sahara occidental en impliquant des entreprises étrangères dans des projets énergétiques situés dans les territoires sahraouis occupés.

Bechri souligne que cette implication rend l’Europe complice des activités illégales du Maroc et crée un dangereux sentiment de « normalité » autour de cette occupation contestée. Les entreprises étrangères qui participent à ces projets sont-elles conscientes de l’illégalité de leurs actions ? Bechri insiste sur le fait qu’elles n’ont jamais obtenu le consentement du peuple sahraoui, une étape juridique cruciale.

La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a déjà confirmé cette illégalité à plusieurs reprises, mettant en lumière la contradiction entre ces actions et le respect du droit international.

Corruption et Lobbying en Europe

L’article de Forbes va plus loin en évoquant un scandale de corruption qui a secoué le Parlement européen il y a près d’un an. Il décrit comment des lobbyistes marocains ont tenté d’influencer l’institution européenne en soudoyant des eurodéputés.

Parmi les noms cités figurent celui d’Abderrahim Atmoun, ambassadeur du Maroc en Pologne, accusé d’avoir financé des campagnes politiques et d’avoir offert de somptueux cadeaux à des eurodéputés. Ce scandale révèle l’ampleur des efforts déployés par le gouvernement marocain pour légitimer son occupation du Sahara occidental.

Les Enjeux Économiques et Militaires

L’auteur de l’article, Elias Ferrer Breda, se penche également sur les motivations profondes derrière cette frénésie d’activités éoliennes dans le Sahara occidental. Il évoque notamment le désir de la monarchie marocaine de « légitimer » son occupation et de compenser les coûts considérables de la colonisation, notamment les investissements massifs dans le secteur militaire.

Le plan de production d’énergie verte prévoit le déploiement d’une importante population de colons dans les territoires occupés, créant potentiellement 200 000 emplois. En parallèle, l’entretien d’une structure militaire illégale qui entoure la région du Sahara occidental coûte près de 2 millions de dollars par jour, selon les analystes. Cette structure est parsemée de millions de mines terrestres, ajoutant un lourd fardeau humanitaire à l’occupation.

Violations des Droits de l’Homme

Il est important de souligner que les forces d’occupation marocaines ont réprimé la population sahraouie sous occupation pendant des décennies. Plusieurs organisations internationales, dont Amnesty International, Human Rights Watch et le Haut-Commissariat aux droits de l’Homme des Nations unies, ont exprimé leurs préoccupations quant aux violations systémiques des droits de l’Homme au Sahara occidental occupé.

Le Maroc peut chercher à « blanchir » son occupation du Sahara occidental à travers des projets éoliens, mais la controverse qui entoure ces initiatives met en lumière la complexité des enjeux en jeu. L’implication d’entreprises étrangères, la corruption présumée, les enjeux économiques et militaires, ainsi que les violations des droits de l’Homme, sont autant d’éléments qui méritent une réflexion approfondie.

La question qui demeure est de savoir si ces projets contribuent réellement au bien-être de la population sahraouie ou s’ils ne font qu’ajouter un voile de légitimité à une occupation qui demeure profondément contestée sur la scène internationale. La communauté internationale se doit de continuer à examiner de près cette situation et de veiller au respect du droit international et des droits de l’Homme.

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