FLN : de Ben M’hidi à Saïdani

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Le FLN, un sigle, un symbole, une histoire glorieuse, un passé légendaire, et désormais un présent trouble. Ce parti historique qui a conduit la Révolution algérienne, l’un des épisodes historiques les plus marquants du siècle passé, s’enfonce ces dernières années dans une inquiétante spirale de médiocrité. 

Le FLN, ce mouvement révolutionnaire qui a inspiré des milliers d’études académiques dans les universités les plus prestigieuses du monde, est réduit à une formation politique dirigée par une voyoucratie dont les comportements mafieux choquent les plus indifférents des algériens. De la verve révolutionnaire aux logomachies les plus obscènes, du combat héroïque contre le colonialisme et l’impérialisme aux débats byzantins conduits par des fraudeurs notoires, des sacrifices pour l’Indépendance et la Libération nationale au règne des corrompus et corrupteurs, le FLN entame bel et bien une vertigineuse chute morale.

De Larbi Ben M’hidi à Amar Saïdani, le FLN a changé au fur des années de visage, de dimension, d’univers et surtout d’identité. Le FLN révolutionnaire, militant pour la cause des libérations des peuples quelles que soient leurs religions, leurs origines ethniques ou leur situation géographique, est fini. Place désormais au FLN des intrigues, des complots, des machinations politiques ordurières, des polémiques inutiles, des divisions internes, des bagarres violentes entre militants et des convoitises illégitimes.

Qui l’eût cru ? Certainement pas ces martyrs qui ont donné leur vie à l’Algérie pour défendre leur foi en ce mouvement politique qui a façonné leurs âmes. Il leur a permis surtout de croire à la liberté, l’égalité et la dignité. Les Didouche Mourad, Rabah Bitat, Mohamed Boudiaf, Mostefa Khider, et les autres grands noms de la Révolution algérienne, que pourraient-ils nous dire en ces moments tragiques où le FLN se dissout dans l’imaginaire collectif des Algériens sous l’emprise de la corruption, la triche, la fraude et une ignoble guerre de clans ? Et que pourront dire Amar Saïdani ou Abdelaziz Belkhadem à ces grandes figures du passé révolutionnaire du FLN pour expliquer la déchéance d’un parti naguère si cher aux Algériens ? Un tel dialogue serait inimaginable dans les circonstances actuelles où le sinistre congrès de l’Aurassi, suite auquel le controversé Amar Saïdani a été désigné comme nouveau patron du FLN même si son nom est cité dans plusieurs affaires de corruption,  nous a fait oublier à jamais le célèbre congrès de la Soummam qui a structuré la future Algérie libre et indépendante.

Ce n’est donc plus le même FLN. Ce n’est plus le même combat, ni les mêmes valeurs.  « Si je reviens à l’impression qu’il m’a faite, à l’époque où je l’ai capturé, et toutes les nuits où nous avons parlé ensemble, j’aurais aimé avoir un patron comme ça de mon côté, j’aurais aimé avoir beaucoup d’hommes de cette valeur, de cette dimension, de notre côté », avait déclaré le colonel français Jacques Allaire lorsqu’il avait arrêté l’inénarrable Larbi Ben M’hidi en 1957. Allons-nous un jour entendre de tels propos émouvants sur les dirigeants du FLN d’aujourd’hui ? Malheureusement non…

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