Lycée Averroès de Lille : Sursaut de Solidarité Face à la Menace de Fermeture

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Lycée Averroès de Lille : Sursaut de Solidarité Face à la Menace de Fermeture Lycée Averroès de Lille Sursaut de Solidarité Face à la Menace de Fermeture

France: Au cœur de Lille, le lycée Averroès, le plus grand établissement de second cycle des études secondaires privé musulman de France, se trouve aujourd’hui au centre d’une tempête politique et sociale.

Menacé de fermeture après qu’une commission consultative ait voté la résiliation de son contrat de financement avec l’État français, l’établissement fait face à un élan massif de soutien de la part de citoyens, de personnalités éminentes, et de membres de la communauté éducative.

La menace de fermeture

Le 27 novembre dernier, une commission consultative saisie par le préfet du Nord a voté la résiliation du contrat de financement qui lie le lycée Averroès à l’État français. Bien que ce vote ne soit pas contraignant, il a jeté une ombre menaçante sur l’avenir de cet établissement, qui risque de perdre une part significative de ses revenus, notamment la prise en charge des salaires des enseignants par l’État et ceux du reste du personnel par la Région. Cette décision, attendue incessamment, a plongé les 400 élèves et 110 employés du lycée dans l’incertitude.

Les accusations portées par le préfet et le président de la région des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, à l’encontre du lycée sont variées. Elles incluent l’utilisation de manuels qualifiés de « salafistes » et des préoccupations concernant la gestion financière de l’établissement, jugée opaque.

Un élan de soutien massif

Face à cette situation, de nombreuses voix se sont élevées en France pour défendre le lycée Averroès. Parmi les défenseurs les plus notables figure Jean-René Lecerf, ancien sénateur et ex-président du conseil départemental du Nord, également juriste de profession. Plaidant en faveur du maintien de la subvention de l’État, il a souligné que le taux de réussite au baccalauréat des élèves du lycée se situe « entre 97 et 100% ». Il a ajouté que de nombreux anciens élèves sont devenus diplomates, avocats, médecins et notaires, contribuant ainsi à l’émergence d’une classe moyenne musulmane en France.

Lecerf voit le lycée Averroès comme un élément fondamental du « vouloir vivre ensemble de la République » et appelle à ne pas le laisser disparaître. Cependant, sa prise de position en faveur du lycée a suscité des attaques de l’extrême-droite, l’accusant de favoriser les « frères musulmans ». Face à ces critiques, il a répondu avec fermeté, affirmant que soutenir les élèves, en majorité boursiers, de cet établissement est loin d’être un soutien à une organisation religieuse.

Le soutien de personnalités éminentes

Le directeur de Sciences-po Lille, Pierre Mathiot, a également apporté son soutien au lycée musulman, qualifiant la décision de résiliation de contrat de financement de « disproportionnée » et « inéquitable ». Il a souligné que le rapport de l’inspection de l’Éducation nationale de 2020 n’a relevé aucun problème grave.

Mathiot a décrit le lycée Averroès comme un « formidable outil républicain » et a dénoncé un double standard, affirmant que des problèmes similaires existent dans certains lycées catholiques.

Le député socialiste Roger Vicot s’inquiète quant aux conséquences de la fermeture du lycée sur la communauté musulmane, craignant que cela ne renforce le sentiment de rejet et d’exclusion.

Les voix de la politique

Trois députés de la France Insoumise (LFI), Adrien Quatennens, Ugo Berlanicis et David Guiraud, ont également exprimé leur soutien au lycée Averroès. Ils ont rappelé que l’établissement avait été élu meilleur lycée de France en 2013 et se sont interrogés sur les inspections annuelles dont il fait l’objet en raison de sa confession musulmane. Ils ont souligné que chaque année, 8 milliards d’euros sont alloués aux établissements privés, dont 96% sont catholiques, et que ces écoles subissent des contrôles minimalistes.

Au moins deux syndicats de l’éducation, Sundep Solidaires-Sud de l’enseignement privé et CGT enseignement privé, ont apporté leur soutien au lycée Averroès. Sundep trouve absurde que l’État, en résiliant le contrat, se prive des moyens de contrôler ce qui se passe dans l’établissement.

L’engagement des élèves et de la communauté

Les élèves, anciens élèves du lycée et leurs parents ont lancé une pétition intitulée « Averroès, nous sommes un lycée Républicain ». Ils déclarent fièrement qu’à Averroès, tout comme dans les établissements d’enseignement catholiques, protestants ou juifs, ils sont fiers de pouvoir vivre leur foi ou leurs convictions personnelles, conformément au principe de laïcité.

L’Union juive française pour la paix (UJFP) fait partie des signataires de cette pétition, montrant ainsi la diversité du soutien dont bénéficie le lycée Averroès.

Les Jeunes écologistes Nord-Pas-de-Calais rejettent les accusations du préfet qu’ils jugent « discriminantes et stigmatisantes pour un établissement privé ». Ils mettent en garde contre les dérives islamophobes qui divisent la société et servent des agendas politiques racistes et xénophobes.

Le lycée Averroès de Lille se trouve à un tournant crucial de son histoire, confronté à la menace imminente de fermeture. Cependant, l’avalanche de soutiens qu’il reçoit de la part de citoyens, de personnalités éminentes, de politiciens et de membres de la communauté éducative montre que son importance dépasse largement ses murs. Cette situation soulève des questions cruciales sur la liberté religieuse, la laïcité et l’équité dans le système éducatif français. L’avenir du lycée Averroès reste incertain, mais le débat sur sa survie continuera de faire rage au sein de la société française.

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