Manifestations anti-gaz du schiste dans le Grand Sud : « Le peuple veut l’arrêt du projet »

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Grandiose! « Le jeudi de l’union, de la solidarité ou encore de la résistance » a tenu ses promesses. La grande mobilisation à laquelle a appelé le mouvement citoyen anti-gaz de schiste était au rendez-vous dans la matinée de ce jeudi 15 janvier 2015 dans plusieurs localités du Grand Sud.

La ville d’In-Salah, située à environ 700 km au nord du chef-lieu de wilaya de Tamanrasset, où le vent de révolte contre l’exploitation du  gaz de schiste a pris naissance à la veille du Nouvel An, a vibré durant une bonne partie de la matinée au rythme d’une imposante marche a laquelle ont pris part « plus de 4000 personnes », selon plusieurs sources concordantes. « C’était une manifestation gigantesque! Du jamais vu à In-Salah. Hommes, femmes, vieux, jeunes et enfants, tout le monde a répondu à l’appel », se réjouit une activiste d’In-Salah. « Très tôt le matin, les manifestants commençaient déjà à affluer vers la « Place de la résistance » jouxtant le siège de la daïra. Certains sont venus de Tamanrasset, d’autres de la localité d’Aoulef, qui relève de la wilaya d’Adrar et dont les habitants ont fait de notre combat le leur. Vers 9h l’esplanade était noire de monde », affirme un manifestant. C’est de là, où des tentes sont plantées depuis le 1er du mois courant pour servir de quartier général au protestataires qui y campent depuis en permanence, de jour comme de nuit, que la procession s’est ébranlée pour sillonner « toutes les artères de la ville ». Se référant au printemps dit « arabe », les marcheurs scandaient « Le peuple veut l’arrêt du projet », ressuscitant ainsi le fameux slogan des révoltes ayant abouti à la chute de Ben Ali, Moubarak et Kaddafi.

Nos sources indiquent que des centaines de manifestants ont entamé une marche de la localité d’Ikesten pour rallier au bout de 25km le symbole du mouvement anti-gaz de schiste en Algérie, In-Salah en l’occurrence. Des manifestations similaires sont également signalées dans la ville d’In-Gher, à l’ouest d’In-Salah, toujours selon nos sources.

Des localités du Sud « paralysées »

Tout comme In-Salah, la ville de Tamanrasset, la capitale du Grand Sud, est, elle aussi, « entièrement paralysée ». Des milliers de manifestants y ont également battu le pavé avant de se rassembler devant le siège de la wilaya. Le mot d’ordre de désobéissance civile décrétée par les indignés dans les deux villes précitées a pris tout son sens aujourd’hui à Tam. La capitale de l’Ahhagar est en effet « ville morte « . « En ce jeudi de gloire, point de réticence chez les commerçants qui étaient jusque-là hésitants et partagés quant à la justesse de l’action de fermeture des commerces », ajoutent nos source.

A Ouargla, capitale du pétrole, la population locale a également répondu présente pour soutenir les habitants d’In-Salah où le premier puits de gaz de schiste est entré en exploitation fin décembre dernier. A l’appel des acteurs locaux de la Commission nationale de défense des droits des chômeurs (CNDDC), des centaines de manifestants ont marché de la place de Souk Lahdjar ver le siège de la direction de wilaya de l’Energie et des Mines, où un sit-in suivi de prises de parole a été organisé.

Un émissaire du président de la République envoyé à In Salah ?

Quant à l’émissaire du président de la République qui devrait se rendre aujourd’hui à In-Salah, comme annoncé par des médias, une rumeur largement relayée sur les réseaux sociaux et parmi les manifestants, nos sources affirment que jusqu’en milieu de journée rien d’officiel ne leur est parvenu à ce sujet. D’après nos interlocuteurs, « il ne s’agit que d‘un ballon sonde et une énième tentative désespérée du pouvoir qui tente de gagner du temps en misant sur un essoufflement de la contestation ». Tout en réaffirmant leur unique revendication consistant en « l’arrêt immédiat et sur tout le territoire national des opérations de forage du gaz de schiste », les protestataires se disent « déterminés à poursuivre leur mouvement jusqu’à ce que le gouvernement renonce à ce projet de la honte ».

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