Maroc : Sécheresse, Exportations Agricoles et Pénurie d’Eau : une Crise Inévitable

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Maroc : Sécheresse, Exportations Agricoles et Pénurie d'Eau : une Crise Inévitable

Le Maroc, pays aux multiples facettes, est confronté à une crise aiguë qui met en péril son économie, sa population et ses ressources en eau. Alors que la sécheresse s’installe pour une cinquième année consécutive, les autorités marocaines sont en alerte. Mais derrière cette crise se cache une gestion hasardeuse des exportations agricoles, une stratégie qui met en danger la sécurité alimentaire du pays et l’emploi de milliers de Marocains.

Le Maroc : Une Dépendance Agricole

Le secteur agricole a toujours été le fer de lance de l’économie marocaine. En 2018, il a contribué à hauteur de 14 % au PIB du pays et a fourni des emplois à près de 38 % de la population active. Une stratégie mise en place à travers le Plan Maroc Vert en 2008, visant à stimuler l’ensemble de l’économie nationale.

Cependant, cette dépendance à l’agriculture moderne et aux exportations agricoles a eu des conséquences désastreuses sur les ressources en eau du pays.

Les Exportations Agricoles Assèchent le Maroc

Le Plan Maroc Vert a encouragé massivement les exportations agricoles, en subventionnant la réalisation de forages et l’acquisition de matériel d’irrigation, permettant d’irriguer 1,6 million d’hectares. Mais cela a eu pour conséquence une utilisation excessive de l’eau, notamment des nappes souterraines.

Pour Marcel Kuper, expert en hydraulique agricole, l’utilisation des nappes devrait être réservée aux périodes de crise, et non pas à des fins d’exportation. Aujourd’hui, toutes les nappes souterraines au Maroc sont au plus bas, mettant en péril l’ensemble de l’agriculture du pays.

Une Sécheresse Implacable

La sécheresse au Maroc ne cesse de s’aggraver. Les précipitations ont diminué de 67 %, et le taux de remplissage des barrages ne dépasse pas les 24 %. Le ministre de l’Équipement et de l’Eau, Nizar Baraka, a qualifié la situation de « très dangereuse » et a alerté sur une nouvelle année de sécheresse.

Pourtant, aucune remise en question des exportations agricoles n’est faite. Au contraire, le plan Génération Green 2020-2030 ne fait que consolider cette stratégie, ignorant les avertissements sur les conséquences pour les ressources en eau.

L’Appel à la Raison

Face à cette crise, les autorités marocaines ont annoncé des mesures drastiques, interdisant l’arrosage des espaces verts, limitant le remplissage des piscines et interdisant les « cultures aquavores ». Cependant, ces mesures sont-elles suffisantes pour éviter le désastre ?

De nombreux citoyens marocains se mobilisent sur les réseaux sociaux, appelant à réduire les exportations d’avocats, de tomates, d’oranges et de melons pour garantir les besoins du pays en eau. La sécurité alimentaire de la population doit-elle être sacrifiée au nom des exportations ?

Une Vision à Repenser

La crise actuelle souligne la nécessité urgente pour le Maroc de revoir sa stratégie agricole. Plutôt que de privilégier les cultures gourmandes en eau destinées à l’exportation, le pays doit investir dans des cultures plus adaptées à la disponibilité en eau limitée.

Le chômage massif, en particulier chez les jeunes et les femmes, est un autre défi que le Maroc doit relever. La réorientation vers des cultures locales et la préservation des ressources en eau pourraient créer de nouvelles opportunités d’emploi.

En conclusion, la crise de l’eau au Maroc est le résultat d’une gestion hasardeuse des exportations agricoles et de l’ignorance des conséquences sur les ressources en eau. Il est temps pour le Maroc de revoir sa vision agricole et de garantir la sécurité alimentaire de sa population tout en préservant ses ressources en eau. Une transition vers une agriculture plus durable est la clé pour un avenir plus prometteur.

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