Restitution des Biens de l’Émir Abdelkader à l’Algérie : Un Pas Historique vers la Réconciliation

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Restitution des Biens de l'Émir Abdelkader à l'Algérie : Un Pas Historique vers la Réconciliation

Dans un monde où les vestiges du passé colonial continuent de hanter les relations internationales, une commission mixte d’historiens français et algériens a récemment proposé un geste de réconciliation majeur : la restitution des biens de l’émir Abdelkader à l’Algérie. Cette commission, composée de dix membres, a également recommandé l’établissement d’une « chronologie des crimes coloniaux » du 19e siècle, marquant ainsi une étape significative dans la quête de vérité et de réconciliation entre les deux pays.

Le Patrimoine de l’Émir Abdelkader

Au cœur de cette proposition de restitution se trouve le patrimoine de l’émir Abdelkader, une figure emblématique de la résistance à la colonisation française au 19e siècle. L’émir Abdelkader, né en 1808, a joué un rôle central dans la défense de l’Algérie contre la domination coloniale. Il fut non seulement un habile combattant, mais aussi le fondateur des prémices d’un État algérien.

Les biens de l’émir Abdelkader, considérés comme symbolisant la souveraineté de l’État algérien, sont au cœur de cette proposition de restitution. Il est convenu de « restituer tous les biens symbolisant la souveraineté de l’État (algérien) appartenant à l’émir Abdelkader, aux chefs de la résistance et les crânes restants (de résistants à la colonisation), et de continuer à identifier les restes remontant au 19e siècle ». Cette démarche symbolique reconnaît l’importance historique de l’émir Abdelkader et de tous ceux qui ont lutté pour l’indépendance de l’Algérie.

La Question des Crânes et des Archives

La restitution des biens de l’émir Abdelkader n’est pas la première du genre. En 2020, la France a restitué à l’Algérie les crânes de 24 résistants tués au début de la colonisation, qui a duré 132 ans entre 1830 et 1962. Cependant, Alger continue de réclamer le retour d’autres crânes se trouvant dans des musées français. Cette question demeure une préoccupation majeure dans les relations entre les deux pays.

Outre les biens symboliques, la commission mixte a également abordé la question des archives. Il a été convenu de remettre à l’Algérie « deux millions de documents numérisés relatifs à la période coloniale en plus de 29 rouleaux et 13 archives, qui constituent 5 mètres linéaires d’archives restantes relatives à la période ottomane », du début du 16e siècle jusqu’à la période coloniale. Ces archives sont une mine d’informations historiques précieuses qui contribueront à une meilleure compréhension de cette période complexe.

Coopération Académique et Échanges Culturels

Outre les gestes de restitution matérielle, la commission mixte a également établi des plans ambitieux dans le domaine académique et culturel. Les membres de la commission ont décidé de « poursuivre la réalisation d’une bibliographie commune des recherches et des sources imprimées et manuscrites sur le 19e siècle » et de « mettre en œuvre un programme d’échange et de coopération scientifique comprenant des missions d’étudiants et de chercheurs algériens en France et de missions françaises en Algérie pour consulter les archives ». Cette initiative favorisera un dialogue académique riche et une meilleure compréhension des événements du 19e siècle.

Une Étape Historique vers la Réconciliation

La création de cette commission mixte avait été annoncée en août 2022 à Alger par les présidents français Emmanuel Macron et algérien Abdelmadjid Tebboune, dans le but de « regarder ensemble cette période historique » du début de la colonisation française en 1830 jusqu’à la fin de la guerre d’indépendance en 1962. Les trois réunions de la commission, la dernière ayant eu lieu à Constantine (ville natale de l’historien français Benjamin Stora), témoignent d’une volonté commune de réexaminer cette période sombre de l’histoire et de progresser vers la réconciliation.

Cette proposition de restitution des biens de l’émir Abdelkader à l’Algérie marque une étape historique dans cette quête de réconciliation. Elle reconnaît les souffrances du passé et cherche à rétablir une relation basée sur la compréhension mutuelle et le respect. Les gestes de restitution, qu’ils soient symboliques ou matériels, sont autant de pas vers la reconnaissance des crimes coloniaux et la recherche de la vérité historique.

Réécrire l’Histoire avec Réconciliation

La proposition de restitution des biens de l’émir Abdelkader à l’Algérie représente un espoir de réconciliation entre deux nations liées par une histoire complexe et douloureuse. Alors que la commission mixte d’historiens avance dans ses travaux pour établir une « chronologie des crimes coloniaux » et faciliter les échanges académiques, il est clair que la quête de vérité et de compréhension est en marche.

Réécrire l’histoire avec la réconciliation comme objectif est une démarche audacieuse, mais elle offre la possibilité de guérir les blessures du passé et de forger un avenir plus harmonieux. L’Algérie et la France avancent ensemble vers cette réconciliation, espérant que leurs actions inspirent d’autres nations à suivre le même chemin vers la paix et la compréhension mutuelle.

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