Tchad : Le Référendum Constitutionnel, une Transition Incertaine vers l’Inconnu

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Tchad : Le Référendum Constitutionnel, une Transition Incertaine vers l'Inconnu

Au cœur de l’Afrique centrale, le Tchad fait face à une période critique de transition politique. Alors que le pays s’enfonce dans l’incertitude, un référendum constitutionnel prévu pour le 17 décembre se profile comme un moment décisif dans l’histoire récente de cette nation sahélienne. Les enjeux sont considérables, les tensions palpables, et les conséquences potentielles pour l’avenir du Tchad sont colossales.

Un Système de Pouvoir Concentré

La nouvelle Constitution proposée ne semble pas éloignée de la précédente, qui avait déjà consolidé d’importants pouvoirs entre les mains du chef de l’État. Dans ce pays africain pauvre et complexe, les partisans du « oui », alignés derrière le pouvoir en place, plaident pour le maintien d’un État unitaire. En revanche, ceux du « non » prônent le fédéralisme, une voie alternative qui pourrait apporter une nouvelle dynamique à la structure gouvernementale.

Cependant, au-delà de cette opposition, le référendum est perçu par de nombreux observateurs comme un plébiscite déguisé. Les électeurs devront choisir non seulement sur la forme de l’État, mais aussi sur la continuité du général Mahamat Idriss Déby Itno, actuel président de transition. Ce vote semble marquer la volonté de pérenniser une « dynastie » qui règne sur le pays depuis 30 ans, depuis l’accession au pouvoir de son père, Idriss Déby Itno, en 1990.

Une Transition Incertaine

Plus de 8,3 millions de Tchadiens, sur une population totale de 18 millions d’habitants, sont appelés à participer à ce référendum. Le Tchad, partagé entre un nord désertique et une population musulmane prédominante qui domine le pouvoir depuis plus de 40 ans, et un sud plus fertile, majoritairement chrétien et animiste, est l’un des pays les moins développés au monde selon l’Indice de développement humain (IDH) des Nations Unies. Il se classe également au 167e rang sur 180 pays dans l’Indice de perception de la corruption de Transparency International.

La transition politique tchadienne a été marquée par une série de rebondissements. En avril 2021, une junte militaire de 15 généraux proclame le général Mahamat Déby, fils du défunt président, comme président de transition à la suite de la mort de son père sur le front. À l’époque, il promet de restituer le pouvoir aux civils par le biais d’élections « libres » après une période de « transition » de 18 mois, sans se porter candidat.

Les Promesses non Tenues

Cependant, 18 mois plus tard, Mahamat Déby prolonge la transition de deux ans, invoquant les recommandations d’un « dialogue national ». Ce dialogue a été largement boycotté par la majorité de l’opposition et les groupes rebelles les plus puissants. De plus, le général Mahamat Déby décide de se présenter à la future présidentielle, échangeant son uniforme militaire contre une tenue civile.

L’opposition tchadienne et de nombreuses ONG internationales qualifient cette transition de « mascarade ». Selon elles, il s’agit d’un « processus électoral solitaire » visant à consolider le pouvoir au lieu de le rendre aux civils. La répression sanglante d’une manifestation le 20 octobre 2022, au cours de laquelle des centaines de manifestants ont été tués par les forces de sécurité, a renforcé le climat de méfiance à l’égard du pouvoir en place.

Un Référendum sous Tension

Les partis d’opposition appellent au boycott du référendum, le qualifiant de « perpétuation d’un système dynastique ». L’une des principales préoccupations réside dans la limitation de la dissidence politique avant le scrutin. Toute manifestation hostile au pouvoir est systématiquement interdite depuis un an, sauf récemment pour l’un des principaux opposants, Succès Masra, qui est revenu d’exil après avoir signé un « accord de réconciliation » avec Mahamat Déby.

Les tensions sont palpables à l’approche du référendum, et les inquiétudes sur l’équité et la transparence du processus électoral persistent. Les organisations de défense des droits de l’homme telles que Human Rights Watch (HRW) ont exprimé leurs préoccupations quant à la « tentative de limiter la dissidence politique avant le référendum ». Elles mettent en garde contre le risque que le référendum ne serve à transformer le gouvernement de transition en un gouvernement permanent.

Le Tchad se trouve à un carrefour critique de son histoire politique. Le référendum constitutionnel du 17 décembre représente un moment décisif qui pourrait façonner l’avenir du pays pour les années à venir. Les enjeux sont énormes, allant de la forme de l’État à la continuité d’une dynastie au pouvoir depuis trois décennies.

Dans ce contexte tendu, le Tchad et sa population font face à des décisions cruciales. Le monde observe avec attention, conscients que les conséquences de ce référendum auront un impact durable sur la stabilité et la direction du pays. Alors que le Tchad s’apprête à se rendre aux urnes, l’incertitude plane, laissant place à l’espoir, à la préoccupation et à la question de savoir quelle voie le pays empruntera pour son avenir.

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