A propos de la lettre de Daho Djerbal à El Watan Week-end. Lumumba n’est pas Saddam, Sankara n’est pas Kadhafi

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Tribune libre.

Il est tout à fait légitime d’être scandalisé par la Une d’El Watan Week end du vendredi 21 octobre 2010. Il est tout aussi légitime de chercher dans les trop nombreuses illustrations de l’Histoire des parallèles et des comparaisons. Patrice Lumumba n’a rien de commun ni avec Saddam, ni avec Ceausescu et encore moins avec Kadhafi. Thomas Sankara encore moins.

L’Histoire a ceci de magnifique: elle résume les grands personnages à leurs actes et je ne vois pas en quoi Kadhafi peut prétendre à une place parmi les Lumumba ou les Sankara.

Être un libérateur et un combattant de la lignée de Che Guevara ne peut être croiser avec le financement du terrorisme international contre des cibles uniquement civiles, le massacre d’Abou Salim et d’autres, les snipers qui tirent sur la foule, les opérations de déstabilisations des États voisins et, pour couronner cette beau palmarès, le règne par l’ignorance, pour l’ignorance avec le ridicule en prime!

Kadhafi aurait du être jugé par la Justice international, n’en déplaise à ceux qui la prennent pour de l’ingérence. Et oui, le patriotisme n’est pas de défendre becs et ongles la souveraineté d’un pays quand cette même souveraineté et piétinée, violée et privatiser par ceux qui sont chargés de la sauvegarder. On ne peut pas à chaque fois résumer l’Histoire en des raccourcis aussi faux et indécents. Kadhafi et Saddam sont des dictateurs qui ont massacré leurs peuples respectifs et fait des victimes bien au-delà. L’exécution des deux est légitimement condamnables mais il reste aussi, que sans l’intervention de États Unis en Irak et sans celle de l’OTAN en Libye, jamais ces deux fous n’auraient été inquiétés par quoique ce soit.

Ni l’opposition dans leur pays, ni leur détracteurs au sein du régime n’auraient pu faire en si peu de temps ce que les victimes de tortures, d’exécutions sommaires, de disparitions forcées, de liquidations, d’assassinats, de condamnations arbitraires, d’emprisonnement sans procès, de persécutions, de massacres par différentes armes non conventionnelles, attendaient : Qu’ils payent.

Parler de Kadhafi, de Saddam et de Bachar El Wahch (car c’est son véritable nom avant que son sinistre père ne le modifiât) comme des victimes du Satan occidental est un cliché qui ne mange plus. C’est fini. Nous comprenons une seule chose : Les puissants sont puissants et font ce que bon leur semble parce que nos dirigeants à nous sont faibles, vieux, obsolètes et déphasés. Lumumba aurait été très heureux de voir le peuple libyen se libérer ou être libéré de son despote, idem pour la Syrie, la Tunisie et Égypte et bien d’autres encore.

La sensibilité que nous avons par rapport à notre souveraineté nationale ne peut pas justifier qu’on puisse ainsi toujours justifier les actes immoraux, indécents et populistes de dirigeants binationaux pour la plupart et qui servent tout, sauf l’intérêt de nos pays.
Je ne suis ni pro Otan, ni pro Occident, même si je ne sais même pas ce que ceci signifie. Ce sont la des termes qui accrochent et qui vous rappelle la nostalgie des années où vous aviez des idéaux.

Il n’est point de notre faute, jeunes d’aujourd’hui, si vos idéaux tiers-mondistes ont été dévorés par les régimes corrompus et autoritaires que vous avez laissé s’installer et dans la main desquels l’Intelligentsia bouffe avec tant de hargne ! Pour nous, la mort de ces tyrans n’est que justice à leurs pauvres victimes.

Hillel MEDDI
Interprète, traducteur

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