l’Éléphant Ahmed: La Coexistence Tumultueuse entre Nature et Humanité en Côte d’Ivoire

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l'Éléphant Ahmed: La Coexistence Tumultueuse entre Nature et Humanité en Côte d'Ivoire

Au cœur de la savane luxuriante de la réserve naturelle du N’Zi, une silhouette massive se fond discrètement dans le paysage. C’est Ahmed l’éléphant, un géant à la peau grise, qui, après des mois de tumulte, a trouvé refuge dans cette réserve du nord-est de Bouaké, en Côte d’Ivoire. Dans cet article, nous plongeons dans le récit captivant de la cohabitation complexe entre Ahmed et les habitants, une histoire qui révèle les défis de la conservation de la faune dans un monde en mutation.

Le Nouveau Départ d’Ahmed

Karl Diakité, directeur des opérations au N’Zi River Lodge, observe Ahmed avec précaution alors que l’éléphant s’acclimate à son nouvel environnement. À seulement une vingtaine de mètres de l’équipe de pisteurs et de rangers, Ahmed se déplace avec grâce, cherchant sa nourriture parmi les racines, les branches et les écorces. Le respect pour cet animal majestueux transparaît dans chaque mouvement de l’équipe.

La réserve, qui s’étend sur 41 000 hectares, sera bientôt partiellement clôturée, avec 25 000 hectares destinés à abriter la vie sauvage, garantissant la sécurité d’Ahmed et des villages voisins, situés à une quinzaine de kilomètres.

Une Histoire de Rencontre et de Conflits

Durant plusieurs mois, Ahmed a fait la une des journaux en Côte d’Ivoire. Originaire du parc d’Azagny sur la côte ivoirienne, il a quitté son troupeau pour explorer les riches plantations de la région de Guitri, située à 225 kilomètres d’Abidjan. Les habitants de la petite ville de Guitri ont été les premiers témoins de sa présence.

Pour les enfants de Guitri, Ahmed était bien plus qu’un éléphant. Il était mystique, se comportant presque comme un être humain. Ils lui ont donné le nom d’Ahmed et se sont liés d’amitié avec lui, le voyant danser et récolter des fruits pour eux.

Le Défi de la Coexistence

Cependant, la cohabitation avec Ahmed n’a pas toujours été idyllique. L’éléphant s’est mis à saccager les plantations, se nourrissant des cultures locales et même s’aventurant à boire des alcools de palme artisanaux, le bandji et le koutoukou, fabriqués par les planteurs. Face à ces destructions, certains habitants ont réagi violemment, allant jusqu’à tenter de brûler l’animal ou de le blesser.

Les vidéos qui ont circulé sur les réseaux sociaux ont montré un éléphant à la fois joueur et brutal, mettant en danger la vie des gens et causant des dégâts matériels considérables. La situation est devenue insoutenable pour les habitants de Guitri, qui dépendent largement de l’agriculture pour leur subsistance.

Les Pressions sur les Écosystèmes

Selon Bertin Akpatou, zoologue et directeur de l’ONG Action pour la conservation de la biodiversité en Côte d’Ivoire (ACB-CI), ces conflits entre l’homme et la faune sauvage sont de plus en plus fréquents. L’expansion non contrôlée de l’agriculture et de l’exploitation minière illégale dans les habitats naturels perturbe les animaux, en particulier les éléphants, qui sont des créatures migratrices.

De plus, les crises politiques récentes en Côte d’Ivoire ont entraîné des mouvements massifs de population, provoquant un déplacement incontrôlé vers les zones forestières. Ces changements ont contribué à la disparition des habitats naturels au profit de cultures telles que le cacao, le palmier à huile et l’hévéa.

Une Lueur d’Espoir pour Ahmed

Face à la pression croissante exercée sur Ahmed et les éléphants en général, les autorités locales ont décidé d’agir. Aidé par un vétérinaire britannique spécialisé dans de telles opérations, Ahmed a été transféré du zoo d’Abidjan, actuellement fermé pour audit, vers la réserve du N’Zi, où il a été accueilli par Karl Diakité et son équipe.

Ce transfert a été salué comme une bonne nouvelle pour la coexistence entre les humains et la faune sauvage en Côte d’Ivoire. Jadis, en cas de conflit, les éléphants étaient abattus. Aujourd’hui, l’État met davantage de moyens pour protéger la faune, même si le déplacement d’un éléphant reste une opération coûteuse.

La Promesse d’un Avenir Meilleur

Au N’Zi River Lodge, l’arrivée d’Ahmed représente la réalisation d’une vision vieille de vingt ans axée sur la préservation de la faune et de la flore locales. L’objectif est d’attirer à nouveau les animaux qui vivaient autrefois dans la région, avant l’essor du braconnage et de la déforestation. Créer des zones de transhumance entre les parcs et les réserves, respectant les besoins migratoires des animaux, fait partie de cette ambition.

Le défi de la coexistence entre l’humanité et la nature reste complexe, mais l’histoire d’Ahmed offre un éclairage sur les efforts continus déployés pour préserver la biodiversité en Côte d’Ivoire. Tandis qu’Ahmed prend ses marques dans sa nouvelle maison, l’espoir règne que cette expérience pave la voie vers un avenir où la nature et l’humanité coexistent harmonieusement.

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