Affaire Amira Bouraoui : l’Algérie rappelle pour « consultations » son ambassadeur en France

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Amira Bouraoui

L’exfiltration de la militante algérienne Amira Bouraoui vers la France a suscité une réaction ferme de la part du gouvernement algérien. Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger a fermement condamné la violation de la souveraineté nationale par les services consulaires français en Tunisie.

Selon le communiqué, l’Algérie considère l’exfiltration d’Amira Bouraoui comme illégale et clandestine et déplore le « grand dommage » causé aux relations algéro-françaises par cet « inadmissible et inqualifiable » développement.

Amira Bouraoui, âgée de 46 ans et médecin gynécologue de formation, a été arrêtée en Tunisie alors qu’elle cherchait à embarquer pour la France avec son passeport français. Elle était en détention provisoire et sur le point d’être expulsée vers l’Algérie, mais a finalement pu embarquer pour la France lundi soir, grâce à l’intervention du consulat général de France à Tunis.

Selon son avocat, Me François Zimeray, Amira Bouraoui faisait l’objet d’une interdiction de sortie du territoire national algérien et risquait de purger une peine de deux ans de prison en Algérie. La militante a déjà été condamnée à deux ans de prison ferme pour « offense à l’islam » et « atteinte à la personne du président de la République » en mai 2021. Elle avait déjà purgé une courte peine de prison en 2020 avant d’être libérée provisoirement.

Amira Bouraoui animait une émission de radio en Algérie, Radio M, dont le directeur, Ihasane El Kadi, a été placé en détention provisoire fin décembre 2022.

L’Algérie dénonce une « violation de la souveraineté nationale »

Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a pris une décision historique mercredi 8 février, rappelant « pour consultations » son ambassadeur en France, Saïd Moussi. La présidence algérienne a annoncé la décision dans un communiqué qui indique que cela fait suite à « l’exfiltration clandestine et illégale » de la militante et journaliste franco-algérienne, Amira Bouraoui, par la Tunisie, la veille.

Le parcours d’Amira Bouraoui a été riche en rebondissements. Arrêtée vendredi en Tunisie, où elle risquait d’être expulsée vers l’Algérie, la militante a finalement pu embarquer lundi soir sur un vol à destination de la France. Elle faisait l’objet d’une interdiction de sortie du territoire en Algérie, et avait été interpellée par la police tunisienne alors qu’elle cherchait à prendre un avion pour la France. Une juge tunisienne l’avait remise en liberté lundi, mais elle a été de nouveau emmenée par des policiers tunisiens avant d’obtenir la protection du consulat français à Tunis.

Peu avant le rappel de l’ambassadeur algérien à Paris, le ministère des affaires étrangères algérien a exprimé mercredi, dans une note officielle, à l’ambassade de France « la ferme condamnation (…) de la violation de la souveraineté nationale par des personnels diplomatiques, consulaires et de sécurité relevant de l’Etat français ». Selon le ministère, ces personnels « ont participé à une opération clandestine et illégale d’exfiltration d’une ressortissante algérienne dont la présence physique sur le territoire national est prescrite par la justice algérienne ».

L’Algérie a dénoncé dans cette note officielle l’événement comme étant « inadmissible et inqualifiable », causant « un grand dommage » aux relations algéro-françaises. Les autorités algériennes sont de plus en plus déterminées à faire respecter leur souveraineté nationale et à défendre leur territoire contre toutes les formes d’ingérences étrangères.

Cet événement rappelle à la fois la complexité des relations diplomatiques entre la France et l’Algérie, mais aussi les défis auxquels les autorités algériennes sont confrontées pour faire respecter leur autorité sur leur territoire. Il est également une référence aux défis auxquels les militants et les journalistes sont confrontés pour exercer leur droit à la liberté d’expression.

Amira Bouraoui promet un retour rapide en Algérie

La journaliste a déclaré sur Facebook mercredi: « Ce n’est pas un exil, je me sens chez moi ici tout comme je le suis en Algérie. »

Bouraoui a affirmé avoir été séquestrée en Tunisie et a remercié toutes les personnes qui ont permis qu’elle ne soit pas à nouveau incarcérée, citant les ONG Amnesty International et Human Rights Watch, les journalistes et les personnel consulaire de l’ambassade de France en Tunisie. Elle a promis de revenir rapidement en Algérie.

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