Attentat à Sidi Bel Abbès : « Toutes les wilayas sont exposées au risque terroriste »

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L’Algérie vient de vivre cette année un deuxième attentat mortel perpétré à l’encontre d’éléments de l’Armée Nationale Populaire. Trois soldats et quatre gardes communaux ont tués par une bombe artisanale dans la région de Sidi Bel Abbès samedi soir. Il s’agit de la première attaque depuis la réélection d’Abdelaziz Bouteflika. Comment l’Etat algérien doit-il gérer cette nouvelle attaque ? Sofiane Sekhir, docteur et maître de conférence en sciences politiques à l’Université d’Alger III analyse la situation. 

Quatre mois après un attentat qui a causé la mort de 11 soldats de l’Armée Nationale Populaire (ANP) cette récente attaque est un nouveau coup dur pour les forces militaires. La région de Sidi Bel Abbès, qui n’est habituellement pas soumise à ce type d’attaque, contrairement à des régions comme la Kabylie ou la banlieue d’Alger, vient de subir un attentat à la bombe artisanale. Pour Sofiane Sekhri cette nouvelle agression n’est pas surprenante, étant donné « la situation géographique de l’Algérie, qui doit gérer une région instable », avec des pays frontaliers qui doivent eux-mêmes gérer une menace terroriste. Toutefois l’attaque est la preuve que  « l’Algérie est elle aussi un pays où il y a de pas de stabilité », contrairement à ce que l’Etat avance.

Pour le politologue, d’après le lieu de l’attentat n’est pas forcément important, et encore une fois logique, car « la région de Sidi Bel Abbès était la ville de l’ouest la plus touchée par le terrorisme durant les années 90, il n’est pas étonnant qu’elle soit victime d’un attentat ». « Tizi-Ouzou, Sidi Bel-Abbès ou encore Tiguentourine l’an dernier. Il n’y a pas de région type pour ces attaques. C’est la preuve que toutes les wilayas sont exposées au risque terroriste ».

Un constat qui remet en question la politique de sécurité algérienne. D’autant plus quelques mois après la réélection d’Abdelaziz Bouteflika, reconduit à la tête du pays pour justement être garant de la sécurité et de l’instabilité, ses deux principaux thèmes de campagne. Deux attentats en moins de quatre mois qui prouvent d’après le politologue que l’Algérie n’a pas atteint le niveau maximal de sécurité.

Une armée solide, mais un risque omniprésent

Mais que faut-il améliorer pour avancer dans le combat contre le terrorisme, priorité de l’Algérie? Pour Sofiane Sekhir le problème ne vient pas des services sécuritaires. La preuve l’ANP qui est tout de même parvenue, depuis le début de l’année à neutraliser 37 terroristes sur l’ensemble du territoire algérien. Toutefois « la lutte contre le terrorisme est complexe », estime le politologue. Ce dernier estime que « la sécurité est pourtant très avancée, notamment dans le domaine du renseignement, mais aussi matériel. Mais elle peut encore se renforcer sur le plan du renseignement, militaire et opérationnel ».

Seulement pour Sofiane Sekhri un travail doit également être fait en amont. Cette instabilité et ces risques que connait la sécurité algérienne ne pourront être résolus tant que les groupes terroristes proliféreront sur le territoire et parviendront à recruter des djihadistes. Le problème réside ainsi, d’après le politologue sur « cette rupture entre le pouvoir et la population ». « Cette incompréhension affaiblit l’Etat algérien. Il faut revoir le système politique qui est en perte de légitimité et recréer une union politique », explique Sofiane Sekhri qui souligne l’importance de la crédibilité des représentants de l’Etat.

Même si on ne connait pas, pour l’heure les auteurs de ce nouvel attentat, d’après le docteur en sciences politiques, ces groupes continueront à recruter facilement des jeunes algériens sur le territoire qui n’ont aucune confiance en leurs dirigeants et se laisseront facilement duper par ces organisations terroristes.

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