Blé français vs. Blé russe : La bataille féroce pour l’Algérie et au-delà

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Blé français vs. Blé russe : La bataille féroce pour l'Algérie et au-delà

La bataille pour le marché du blé n’a jamais été aussi féroce, et au centre de cette lutte se trouve l’Algérie. Alors que les exportateurs français luttent pour regagner leur position, les opérateurs russes se sont imposés en tant que concurrents redoutables. Dans cet article, nous plongeons au cœur de cette bataille acharnée pour l’approvisionnement en blé de l’Algérie, les enjeux mondiaux qui en découlent, et les défis auxquels sont confrontés les agriculteurs algériens.

L’Appel d’Offres Algérien

L’Algérie, pays d’Afrique du Nord, est un acteur majeur sur le marché mondial du blé. Régulièrement, l’Office algérien des céréales (OAIC) lance des appels d’offres pour l’achat de blé, et cette année ne fait pas exception. L’appel d’offres récent de l’OAIC concerne des livraisons prévues pour les mois de février et de mars 2024.

Pour les exportateurs français, cet appel d’offres représente une opportunité cruciale. La France, avec ses vastes stocks de blé, cherche à regagner du terrain après un début de campagne difficile. Cependant, la concurrence russe, associée aux blés en provenance de la mer Noire, a mis la filière céréale française sous pression.

Les opérateurs russes ont proposé des prix compétitifs, ce qui a conduit à une forte demande de blé russe sur les marchés internationaux. Plus de 70 % des 12 millions de tonnes importées par la Chine étaient d’origine russe. L’Égypte, un autre marché clé, a également privilégié les blés russes avec 11,6 millions de tonnes importées. Il est donc clair que la dynamique d’exportation française est loin d’être à la hauteur des offres russes toujours attractives.

La Russie : Un Géant des Céréales

La Russie a fait une percée spectaculaire sur le marché mondial des céréales ces dernières années. En 2023, elle a récolté une quantité exceptionnelle de blé, estimée entre 85 et 90 millions de tonnes. Ce record a stimulé ses exportations de manière significative.

Selon le Conseil international des céréales, la Russie prévoit d’exporter jusqu’à 46,2 millions de tonnes de blé, voire plus, au cours de la prochaine campagne. D’autres experts estiment que ce chiffre pourrait atteindre 50 millions de tonnes. Ces volumes représentent environ 30 % du marché mondial, donnant à la Russie une position dominante sur le marché mondial du blé.

Marc Zbiri de FranceAgriMer souligne que la Russie a le potentiel de maintenir une présence massive sur le marché de l’exportation tout au long de la campagne, ce qui réduit considérablement les perspectives des exportateurs français.

Les Conséquences sur le Marché International

L’ascension de la Russie sur la scène internationale des céréales a eu un impact significatif sur le marché mondial. Les exportateurs français, qui avaient traditionnellement une part importante de ce marché, se voient maintenant confrontés à une concurrence acharnée.

Après avoir augmenté sa production de blé de 4 % pour atteindre 35 millions de tonnes, la France vise à exporter 17 millions de tonnes, dont 7,5 millions de tonnes vers l’Union européenne. Cependant, la Russie est devenue un adversaire redoutable, évinçant la France de plusieurs marchés clés.

L’Algérie, la Tunisie et le Bangladesh, entre autres, ont tous lancé des appels d’offres pour l’achat de blé, attirant ainsi les exportateurs français. La demande mondiale de blé est solide, et les opérateurs français se battent pour leur part du gâteau.

Le Défi Algérien

En Algérie, la campagne de semis des céréales est en cours. Cependant, cette année, les agriculteurs algériens sont confrontés à des défis de taille. Le ministre de l’Agriculture et du développement rural, Youcef Cherfa, a exprimé son optimisme quant à l’atteinte de l’objectif de porter les superficies dédiées à la céréaliculture à 3 millions d’hectares. Cependant, un certain nombre d’obstacles se dressent sur leur chemin.

Un manque de semences a été l’un des problèmes majeurs signalés par de nombreux agriculteurs. Pour faire face à cette pénurie, l’État a mis à disposition des semences et des engrais. Cependant, la distribution de ces ressources est encore en cours.

Le retard des pluies automnales, survenu fin novembre, a également perturbé la campagne de semis. Les agriculteurs se retrouvent face au défi de semer trois millions d’hectares de céréales en un mois, alors que le potentiel de rendement diminue après la date optimale de semis.

Les Perspectives d’Avenir

La compétition pour le marché mondial du blé est impitoyable, avec la Russie en tête de la course. Les exportateurs français, confrontés à des offres russes compétitives, doivent repenser leur stratégie pour regagner du terrain.

En Algérie, les agriculteurs doivent faire face à des défis climatiques et logistiques pour maintenir la production de blé et réduire leur dépendance aux importations. Les solutions, telles que l’adoption de techniques culturales simplifiées (TCS), doivent être envisagées pour améliorer l’efficacité des semis.

La bataille pour le blé n’est pas seulement un enjeu économique, elle a des implications géopolitiques, commerciales et environnementales. La France et d’autres nations doivent s’adapter à cette nouvelle réalité et trouver des moyens novateurs de répondre à la demande mondiale croissante de blé tout en préservant leur compétitivité sur le marché international.

En fin de compte, la bataille pour l’Algérie est un microcosme de la lutte mondiale pour le blé, où les enjeux sont élevés, les acteurs sont nombreux, et les défis sont nombreux. L’avenir dira quel pays ou quelle région prendra le dessus dans cette compétition cruciale pour nourrir la planète.

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