Comprendre l’histoire millénaire de l’Algérie 2/5 : du Kharidjisme à la dynastie des Almohades

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    Deuxième partie

    Le Kharidjisme Amazigh s’étend de 736 à 947. Durant cette période les péripéties historiques vont se succéder; dont la révolte des Imazighen contre l’autorité du calife  d’Orient. Les raisons furent autant financières que politiques et permit à plusieurs royaumes Amazigh autonomes de faire leur apparition. Dans le Maghreb central, la principauté de Tahert se développera pendant près 140 ans.

    À la suite du grand schisme, l’ Islam va se diviser en deux branches principales : les adeptes de la branche dominante prirent le nom de sunnites  et ceux qui se réclamaient proches d’Ali devinrent les chiites.

    La branche qui prédomina en Afrique du Nord est le sunnisme. Quant au kharidjisme, il disparut entièrement de l’Afrique du Nord où il n’a subsisté que dans le Sud algérien, au Mzab. Le peuple de cette région exerçait dans le reste de l’Algérie des activités pacifiques, notamment le commerce contrastant avec le goût pour le combat hérité de leurs ancêtres.

    S’ensuivit la dynastie Rostémide  de 776 à 909. Ibn Rustom fonda en 761 un royaume ibadite dans le nord du Maghreb  avec Tabert pour capitale. Celui-ci, conservera son indépendance du califat malgré les pressions diplomatiques et militaires ainsi que les pertes de territoires. En 909, en proie à des crises intérieures, le chef chiite et fondateur de la dynastie des Fatimides, Obeid  Allah, mit fin au royaume Rostémide.

    Durant la dynastie Idrisside  de 788 à 985,  Idris  eu un enfant qui deviendra Idriss II. Deux versions des faits existent : selon la première, en 790, Abou Ourra invita Idriss à séjourner à Tlemcen. Selon la deuxième, Idriss regroupa ses alliés et fit une incursion à Tlemcen. Le chef des Maghraouas Mohamed Ibn Khazer a fait allégeance à Idris vers 790. Idris  va combattre les kharidjites et les Aghlabides pour prendre le pouvoir au Maghreb .

    La dynastie Ifrenide ayant  régné  de 790 à 1066 est anciennement établie dans leur royaume de Tlemcen. Les Banou Ifren sont des opposants à tous les régimes idéologiques. Ils choisissent d’être sufrites berbères au début viiie siècle. Au xe siècle, Abu Yazid  vers 942 est le chef de la révolte contre les Fatimides. Mais, vers  947, il est tué  et  les Banou Ifren organisent une lutte contre les Fatimides. Les Banou Ifrens reprennent leurs territoires et contrôlent tout l’ouest du pays. Yala Ibn Mohamed  détruit complètement Oran   et choisit Ifgan comme capitale militaire. Les Fatimides font ensuite alliance avec les Banou Ifren.. Des luttes acharnées entre les trois dynasties (Maghraouas, Ifreides  et Zirides) débutent pour le pouvoir du Maghreb. Il en ressort que les Banou Ifren ne cédent pas face aux deux dynasties et Tlemcen reste leur capitale. La dynastie Banou Ifren s’achève dès l’arrivée des Hilaliens  et des Almoravides  au Maghreb.

    Au début du X siècle, une nouvelle dynastie supplante les Aghabides, les Rostémides  et les Fatimides de 909 à 972. De tendance chiite, ils considèrent les khalifes Abbassides  comme des usurpateurs. Ainsi, dès sa prise de pouvoir en 909 à Raqqada, le premier représentant de cette dynastie, Ubayd Allah revêt le titre  de Mahdi et celui de  » Commandeur des croyants » . Il constitue une armée parmi les Kutamas et s’attaque aux Aghlabites dont il conquiert l’émirat en quinze ans (de 893 à 909).Cependant, les tribus berbères  zénètes  d’Abu Yazid vont s’emparer de Kairouan en 944. Le chef berbère  Ziri Ibn Manad, ayant réuni sous son autorité les tribus Sanhadja, met en déroute les tribus Zénètes et sauve l’empire Fatimide. Il y gagne le poste de  gouverneur du Maghreb central comme récompense de sa fidélité. Peu à peu, l’armée affaiblie des Fatimides va se recomposer, puisant ses forces chez les Kutamas, mais également en Perse et en Syrie. Ils parviennent finalement à se réimposer en maîtres du Maghreb occidental, avant de concentrer leurs efforts armés vers l’Orient. Cela aboutira à la conquête de l’Egypte  en 969. Dès lors, les Fatimides commencent à se désintéresser de leurs terres d’origine, les laissant tomber aux mains des  Zirides. En 1060, la dynastie n’a plus pour territoire que l’Égypte.

    Le Maghreb a connu également la domination  de la  dynastie Maghraoua   de 970 à 1068  et celle  des Ziride de 972 à 1152. Les Maghraouas  sont une tribu Zénète  dont le royaume se situe dans l’actuel Chlef. Les Maghraouas vont s’allier aux Fatimides  puis aux Omeyades puis finissent par former une dynastie indépendante  avec pour capitale Oujda.Les Maghraouas, grâce à  Ziri Ibn Attia, prennent les principales villes de l’ouest : Tlemcen   et les Zibans. Les Maghraouas envahissent la partie nord, le Maghreb el Aqsa (actuel Maroc), et choisiront Fès comme capitale. Les deux dynasties Zénètes se font la guerre. Plusieurs chefs des Maghraouas prendront la tête de cette dynastie jusqu’à sa chute vers 1068. Quant à la dynastie Ziride fondée par Bologhine  Ibn Ziri   originaire de ces tribus berbères Sanhadjas, elle   règnera  sur l’Ifriqiya  et une partie  d’Al Andalus pendant environ deux siècles avec Achir Kairouan puis Mahdia pour capitales. En 1046, alors vassaux des Fatimides, les Zirides rompent totalement leurs relations : en reconnaissant les Abbassides  comme califes légitimes, les Zirides montrent ouvertement aux Fatimides qu’ils abandonnent le chiisme. Pour réprimer les Zirides, les Fatimides envoient les Hilaliens  qui détruisent  Kairouan  en 1057.  Mahdia devient alors la nouvelle capitale de l’empire.

    De 1014  à 1152, la dynastie  Hammadite va lui succéder. C’est une  branche des Zirides dont le fondateur est Hammad Ibn Bologhine, fils  de Bologhine Ibn Ziri. Il  gouverna un territoire dont la superficie s’apparente à celle de l’actuelle Algérie. Hammad Ibn Bologhine fonda la dynastie en se déclarant indépendant des Zirideset et en reconnaissant la légitimité des califes Abbassides de Baghdad. Mais c’est seulement en 1018 que les Zirides reconnaissent l’autorité des Hammadides. Leur capitale est dans un premier temps Al-Qala, puis, menacée par les Hilaliens, elle deviendra Bejaia Les incursions des Hilaliens, à partir de 1052  affaiblissent grandement la dynastie jusqu’à ce qu’elle soit définitivement vaincue à l’arrivée des Almohades. À la suite de la rupture avec les Zirides et dans le but de les punir, les Fatimides vont envoyer les Hilaliens, confédération de tribus venues en majorité d’Egypte. Ils étaient  alliés avec les Hammadides ce qui permit la destruction des Ifrenides.  En 1152, un siècle après l’arrivée des premiers contingents bédouins, les Béni Hilal se regroupent pour faire face à la puissance grandissante des Almohades, maîtres du Maghreb el-Aqsa et de la plus grande partie du Maghreb central. Mais ils sont vaincus lors de la bataille de Sétif. Paradoxalement, cette défaite n’aura aucune répercussion sur leur expansion. En effet, elle en modifie seulement le processus. Les Almoha­des n’hésitent pas à utiliser leurs contingents et ordonnent la déportation de nombreuses fractions Ryâh, Athbej et Djochem dans diverses provinces du Maghreb El-Aqsa, dans le Haouz ainsi que dans les plaines atlantiques qui deviendront arabisés.

    Il convient également de retenir l’importance particulière de la dynastie Almoravid berbère  qui régna sur le Sahara  et sur une grande partie  de la péninsule  Ibérique  de la fin du XI au début du XIIème siècle. C’est Yahya Ibn Brahim qui, en islamisant sa   tribu berbère, donna naissance à une communauté religieuse militaire qui sera à l’origine de la dynastie Almoravide. Mais, c’est souvent  Abdallah Ibn Yassin qui est considéré comme le père spirituel de ce mouvement. À la tête d’une armée de plus en plus puissante, il convertit par la force ses voisins, profitant de ce contexte pour agrandir son influence territoriale. Dès 1054, il partit à la conquête de l’empire du Ghana.Abu Bakr Ibn Omar est considéré comme le premier souverain Almoravide. C’est lui qui fondera la ville de Marrakech aux alentours de 1070, avant de repartir au Ghana prendre sa capitale en 1076. Marrakech était la capitale d’un empire immense, du Niger au Tage.   C’est l’apogée des Almoravides qui entrainera l’émergence d’une des plus grandes puissances méditerranéenne mais aussi africaine. La prise de Marrakech par les Almohades  en 1147 marque la fin de l’empire des Almoravides. Le mouvement almohade composé des Masmoudas   et des Zénites,  est né en réaction à l’autorité makeliste en place.  La guerre éclate, et  Tlemcen, Fès  puis Marrakech tombent, annonçant la disparition des Almoravides en 1147. Au fur et à mesure des années et des différents règnes, les Almohades vont agrandir leur royaume, et finir par unifier tout le Maghreb  et le sud de l’Al Andulus  pendant un demi-siècle.La dynastie Hafside, d’abord alliée et vassale des Almohades se proclame indépendante en 1230. Elle est alors divisée entre deux capitales  Bejaia et Tunis. C’est au XVe siècle, sous Muhammad IV al Mutansir  que la dynastie connaît son apogée. Les hafsides contrôlent alors un territoire qui s’étend de l’Est de l’Algérie jusqu’au nord-ouest de la Libye. Au XVIe siècle, l’empire à nouveau affaibli par des luttes internes, subit les attaques des Espagnols qui débarquent sur les villes côtières comme Bejaia.

    La dynastie  des  Zianides ,aussi appelés Abdalwalides, est  une dynastie berbère  zénète  ayant régné de 1235 à 1556 et fondée par Yaghmoracen Ibn Zyan. Une parcelle de ce royaume préfigurait une partie de l’actuelle Algérie. Les Abdalwadides, furent refoulés vers les hautes plaines d’Oranie par l’invasion des Hilaliens  en 105. Les Zianides ont été vaincus par les Ottomans  en 1556. Selon Ibn Khaldoun, la dynastie Mérinide aurait régné de 1258 à 1465. Elle  serait d’origine zénète,  donc issue de la tribu des Wassin. Établis dans le sud des Aurès (Biskra en Algérie), les  Banu Marin furent poussés vers l’Ouest par l’arrivée des tribus arabes des Banu Hilal, au XIe siècle.

    Les Mérinides dominèrent, diverses régions de l’actuel  Maroc et réussirent à imposer leur pouvoir sur une partie du Maghreb. Le centre de leur royaume se situait entre Taza et Fès. En 1358, la mort d’Abu Inan Faris, tué par l’un de ses vizirs marque le début de la décadence de la dynastie. Elle ne parvint pas à refouler les Portugais et les Espagnols qui finirent par s’installer sur la côte. La résistance s’organisa autour des confréries et des marabouts. Rappelons que les musulmans, composés en en partie de berbères islamisés,  ont régné de 711 à 1492, en Andalousie. Une hégémonie musulmane s’est maintenue durant une période significative, notamment en Provence dans le massif  des Maures  et à Ramatuelle  dans le sud de la France jusqu’à la fin du Xe siècle. La Sicile fut également sous domination musulmane pendant près de 250 ans, et la majeure partie de ses habitants durent se convertir à l’islam jusqu’à l’arrivée des armées chrétiennes et normandes. Ils fondèrent le royaume de Sicile. A la suite d’un décret d’expulsion,  les Morisques s’installeront dans certaines régions d’ Europe et plusieurs se convertiront au christianisme. Une autre partie se réfugiera en Afrique du Nord.

    Myriama Mokdahi

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