Criminalisation de la colonisation. La France réagit en créant une Fondation pour la mémoire de la guerre d’Algérie

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Remise sur le tapis dès que les relations entre Alger et Paris se grippent, la surenchère sur la colonisation est de nouveau réactualisée. Alors que le parlement algérien envisage d’adopter une loi criminalisant le colonialisme français, la réaction à cette décision, « regrettable » selon les termes d’Eric Besson, ministre de l’immigration et l’identité nationale, prend désormais corps avec l’intention de créer une Fondation pour la mémoire de la guerre d’Algérie. Le projet est sur les rails, et c’est à Claude Bébéar, le président d’honneur du groupe d’assurance Axa, qu’incombe cette mission.

En effet, reçu le 24 mars dernier par Hubert Falco, le secrétaire d’Etat à la Défense et aux anciens combattants, Bébéar devait peaufiner les statuts de la Fondation, dont il devrait être le président. Matignon ayant validé sa création, la fondation devrait être lancée officiellement cet été.

L’idée de cette fondation a vu le jour en 2005 avec le vote de la loi « portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés », initié par l’ancien président Chirac. Paradoxalement, c’est ce même Chirac qui avait abrogé le très controversé article 4 de la loi du 23 février 2005 portant sur la glorification de la colonisation française en Afrique et dans les pays du Maghreb, et souhaité parapher avec « son ami » Bouteflika, un traité d’amitié Franco-Algérien.

Avec Sarkozy, la politique étrangère dite « pro-arabe » de Chirac est enterrée, laissant place à un niet de la France à toute forme de repentance exigée par l’Algérie. Depuis les relations en dents de scie entre les deux pays se manifestent souvent sous forme de chantages aux droits de l’homme, côté français (notamment l’affaire des disparus de la décennie noire), et la reconnaissance des crimes coloniaux, côté algérien.

Claude Bébéar doit donc jouer un numéro d’équilibriste afin de ménager les sensibilités- les pieds-noirs, les harkis, les anciens combattants français- et dans le même temps veiller à ne pas léser les intérêts diplomatiques de la France.

L’OAS au Mémorial d’Afrique du nord

Voilà qui va compliquer encore plus la tâche de Claude Bébéar : Le très influent député de la majorité UMP, Patrick Balkany, a demandé fin mars à Hubert Falco, s’il n’était pas possible et opportun politiquement pour la droite Sarcozyste d’inscrire au Mémorial d’Afrique du Nord les noms des morts, partisans de l’Algérie-Française, tués dans la répression de la manifestation organisée par l’OAS le 26 mars 1962 à Alger.

Balkany souhaite obtenir cette reconnaissance officielle, car, paraît-il, il lorgne le poste de porte parole de la Fédération des anciens combattants en Algérie, Maroc et Tunisie à l’Assemblée.

RAF (avec Maghreb Confidentiel)

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