De nouvelles émeutes de la faim dans un an ?

0

1 L’homme qui parle, Lionel Zinsou, n’est ni un gauchiste ni un prévisionniste illuminé.

C’est un banquier d’affaires et l’un des plus respectés – il dirige Paris Affaires Industrielles qui gère onze milliards d’euros de capital.

Cet après-midi, lors d’une session de la World Policy Conference (organisée par l’IFRI) consacrée à l’avenir du capitalisme, il a lancé une mise en garde aussi inattendue qu’éclairante.

 » Dans un an, a-t-il déclaré, il y aura de nouvelles émeutes de la faim. »

« La raison est simple: la crise financière est terminée, la croissance mondiale va repartir à un niveau élevé, ce sera même une nouvelle surchauffe. Or on sait que lorsque le taux de croissance mondiale atteint 5% le prix des matières premières alimentaires double! »

Pourquoi?

« Parce qu’on ne fait rien pour réguler ces marchés agricoles. On investit des centaines de milliards de dollars dans les marchés financiers pour éviter un effondrement, on a triplé la dotation du FMI et ça a très bien marché, mieux qu’on ne pensait. Mais, pour l’agriculture dans les pays pauvres on n’a rien entrepris, on n’a pas donné de moyens supplémentaires à la FAO, on n’a pas investi dans la multiplication des terrains cultivables, dans les équipements agricoles, dans la régulation des produits alimentaires de base…

Les mêmes causes qui ont produit les émeutes de la faim de 2008 sont donc de nouveau remplies. Elles produiront les mêmes effets. Si bien qu’en 2011, après que les stocks de riz, de blé ou de maïs (qui ont gonflé ces derniers mois à cause de la crise économique) seront épuisés, les prix vont repartir très vite à la hausse. Pour les familles dans les pays du Tiers Monde qui consacrent plus de la moitié de leur budget à la nourriture ce sera une catastrophe.

Et pour le monde un choc potentiellement bien plus grave que la faillite de Lehman Brothers« .

Vincent Jauvert
Nouvelobs

Article précédentPORTRAIT. Abdelmalek Boudiaf, un wali-bâtisseur nommé à la Santé
Article suivantRupture des relations diplomatiques avec le Maroc / Rabat réagit à la décision d’Alger