Décès du Pr Michel Martini, le Chirurgien Héroïque de l’Algérie

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Décès du Pr Michel Martini, le Chirurgien Héroïque de l'Algérie

Le 28 décembre dernier, un homme qui a marqué l’histoire médicale et politique de l’Algérie nous a quittés. Le Professeur Michel Martini, l’un des pères de la chirurgie orthopédique en Algérie, est décédé à l’âge de 98 ans, laissant derrière lui un héritage exceptionnel de dévouement envers son pays et son peuple. Son parcours de vie est à la fois une saga médicale et un récit de résistance à l’oppression coloniale.

Un Homme au Parcours Extraordinaire

Le Pr Michel Martini est né le 8 février 1925 à Paris, mais son destin le conduira bien au-delà des frontières de la France métropolitaine. Après des études secondaires brillantes, il a choisi de poursuivre sa passion pour la médecine en s’inscrivant à la faculté de médecine. Sa carrière médicale a débuté de manière précoce, alors qu’il passait son premier concours d’internat à l’âge de 21 ans, une indication précoce de sa détermination et de son talent exceptionnels.

En octobre 1946, un événement fortuit l’a conduit en Algérie, où il a découvert Alger, Constantine, Biskra, Touggourt et Ouargla aux côtés de son père. Ce voyage allait changer sa vie et le lier à jamais à cette terre. De retour en France, il a continué ses études de médecine et a été nommé interne en 1949. Sa passion pour la chirurgie l’a amené à passer quatre ans et demi dans différents services de chirurgie parisiens.

Engagement pour la Révolution Algérienne

Mais c’est en mai 1954 que le destin de Michel Martini bascula de manière décisive. Il retourna en Algérie pour remplacer le Dr. Hamida Bentami, chirurgien à l’hôpital de Miliana, pour une période d’un mois. Ce séjour marqua le début de son engagement pour la Révolution algérienne.

Pendant cette période, il accueillit clandestinement dans son service plusieurs membres du Parti communiste algérien (PCA), dont un homonyme de l’ancien président Mohamed Boudiaf. Sous couvert de raisons médicales, il apporta son aide aussi bien aux combattants de l’Armée de Libération Nationale (ALN) qu’aux partisans communistes qui établirent un maquis symbolique dans la région.

Avec le concours de son épouse, qui était anesthésiste, il contribua à la mise en place de maquis des Combattants de la Libération au-dessus d’Orléansville. Ses activités en faveur de la Guerre de Libération le conduisirent à son arrestation et à son assignation à résidence à Sidi Mahdjoub, près de Médéa, par la DST le 5 juillet 1956.

Une Vie Marquée par l’Oppression Coloniale

Michel Martini fut également détenu à Alger, où les interrogatoires et la torture étaient monnaie courante à la villa Sésini. Inculpé d’« association de malfaiteurs », il fut envoyé à la prison d’Oran, où il resta incarcéré de septembre 1956 à août 1957. Bien que condamné à cinq ans de prison, il obtint un sursis après dix mois grâce à l’assistance de Me Deville, l’avocat qui le défendit.

Cependant, son combat pour la justice et la liberté ne s’arrêta pas là. Trois jours après sa libération, Michel Martini et sa famille partirent pour la Suisse, puis l’Italie, avant de rejoindre la Tunisie. De là, il continua à apporter son aide aux blessés de la Révolution algérienne, travaillant avec le Dr. Nekkache pour prendre en charge la rééducation des combattants et former des médecins et infirmiers algériens.

Retour en Algérie et Contribution Exceptionnelle

Michel Martini revint en Algérie à l’indépendance en juillet 1962. Il fut nommé chef de service de chirurgie générale à l’hôpital Parnet, à Alger, et professeur de chirurgie orthopédique et traumatologique. Son influence ne se limita pas à la pratique médicale, car il joua un rôle crucial dans la création de la Société algérienne de chirurgie (SAC) en 1963.

Il devint le secrétaire général du premier bureau de la SAC, contribuant ainsi à l’émergence d’une élite de chirurgiens orthopédistes en Algérie. Au cours de l’année 1964, il obtint la nationalité algérienne, démontrant son engagement profond envers son pays d’adoption.

En novembre 1972, il rejoignit l’hôpital de Douèra, où il créa le service d’orthopédie et forma toute une génération d’orthopédistes. Il devint ainsi le père de l’orthopédie algérienne et l’un des plus grands spécialistes mondiaux de l’infection osseuse en général, et de la tuberculose osseuse en particulier. À sa retraite en 1987, il se retira en France, laissant derrière lui un héritage médical exceptionnel.

Un Hommage Mérité

Le décès du Pr Michel Martini est une perte immense pour l’Algérie et le monde médical. Son engagement héroïque pour la Guerre de Libération et sa contribution exceptionnelle à la médecine orthopédique algérienne en font une figure inoubliable.

L’Algérie perd non seulement l’un de ses plus grands chirurgiens, mais aussi un symbole de résilience, de détermination et de dévouement envers la justice et la liberté. Le Pr Michel Martini restera à jamais gravé dans l’histoire de l’Algérie en tant que médecin, humanitaire et homme de principe.

Son héritage continuera d’inspirer les générations futures, rappelant à tous que la passion et le dévouement peuvent véritablement changer le cours de l’histoire. Le Pr Michel Martini était bien plus qu’un médecin, il était un véritable héros de la nation.

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