Internet.dz ou la virtuelle téléportation

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img027 Ah cette fameuse porte virtuelle qu’est internet aux yeux d’algériens en mal d’entrée dans le monde de la consommation ! Elle fut l’opium des masses populaires vers la deuxième tranche des années quatre vingt dix qui atténua quelque peu les épreuves de la décennie noire dans notre pays, un baume rédempteur en quelque sorte.

Malgré l’extrême lenteur des connexions les surfeurs boulimiques y passaient le clair de leur temps à cliquer sur tous ce qui bouge. Il y en avait pour tout le monde, pour tous les âges, pour toutes les tendances et les sexes. Les jeux en ligne, les sites interdits aux mineurs mais ces derniers s’en donnaient à cœur joie, les interminables « chats » sur Yahoo, les recherches sur les éventuelles possibilités d’émigrer furent les sources principales de notre jeunesse frustrée.

Ces cybercafés ou cavernes d’« Ali be good » implantés ça et là, d’abord dans les villes et plus tard dans les bourgs et les villages, ne désemplissaient jamais. La soif d’apprendre, de s’informer, d’ouvrir les yeux vers des reproductions que leur pays n’aurait jamais imaginé ne se désaltère presque jamais. La cyberculture est dans tous les esprits, elle règne majestueusement dans l’application quotidienne des candidats en mal d’amour, à la recherche de l’âme sœur dans et au-delà de nos hermétiques frontières dont moult alliances et mariages se sont officiellement engagés. Les regroupements familiaux se sont répandus grâce à la visio-conversation où l’œil de la Cam ratissait en maître entremetteur les milliers de visages qui se proposaient allègrement devant les écrans pixélisés.

A retenir !

Internet fut l’opium des masses populaires vers la deuxième tranche des années quatre vingt dix qui atténua quelque peu les épreuves de la décennie noire dans notre pays, un baume rédempteur en quelque sorte.
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A l’aide de toutes les informations techniques pour les besoins exhaustifs d’un voyage réussi en haute mer sur un zodiac, le futur harrag préparait son départ en sirotant tranquillement son thé à côté d’autres surfer nourris par d’autres pôles d’intérêts. Tout est présenté devant ses yeux inquisiteurs pour peu qu’il navigue d’abord avec méthode sur le net. Les prévisions météo, la distance qui sépare deux localités opposées, la quantité de carburant nécessaire à la traversée, le type d’embarcadère à prévoir ainsi que son prix d’occasion, les mouvements des gardes côtes n’ont plus de secrets pour cet investigateur de l’unique cause : El Harga !

Actuellement en 2009 les choses n’ont point changés, bien au contraire elles ont stagné malgré la conséquente baisse du prix de la connexion au bénéfice des particuliers. Celle-ci est certes destinée à la classe moyenne qui souhaite voir en cet outil un sésame à la réussite sociale des futures générations. Malgré le prix excessif des micros ordinateurs de mauvaises qualités importés des pays d’Asie de l’est, les ratés intempestifs des services de connexions que proposent la dizaine de fournisseurs d’accès à l’Internet implantés dans les principales villes, les consommateurs prennent leur mal en patience dans l’espoir que dans les années à venir ils obtiendront une meilleure prestation de ces apprentis sorciers. « On ne peut malheureusement rien revendiquer face à toute limite ».

A l’image du pays, Internet représente l’exact reflet de sa société. Pas encore question d’achat en ligne où l’inexistence des possibilités de paiement par carte bancaire et autres système de règlements sécurisés. Pour l’instant l’Internet algérien ne sert que de vitrine en ligne qui permet aux internautes de prendre connaissance des entreprises existantes dans le pays. La forte dévaluation du dinar ne permet pas aux consommateurs moyens de profiter de la vaste toile mondiale à travers de diverses tractations ; aussi bien à l’intérieur du pays l’esprit d’échange et du troc n’existe pas. Nous assistons de manière impuissante sur le net algérien à une paralysie de l’activité économique alors qu’avec cet instrument providentiel toutes les excentricités peuvent être réalisées. Tout en sachant pertinemment que le coût du risque reste faible au regard de la noble démarche d’entreprendre qui n’a pas de prix. L’internaute type surf surtout vers les millions de sites que propose l’occident. Le passe temps favori des familles algériennes demeure l’interminable chat sur MSN via les proches ou la communauté immigrée à l’étranger « comme d’habitude, l’insatiable goût du chkilisme quoi ! ».

Finalement l’outil de communication fortement préconisé par les entreprises internationales ainsi que par leurs institutions n’est encore qu’un loisir en Algérie. Il est certain que nous ne manquons pas de cadres en informatique, de créateurs de logiciels, de commerciaux, de gestionnaires compétents mais à l’image du pays tout reste bloqué à cause de quelques individus maintenant des postes clés qui croient détenir la science infuse alors que dans ce monde, le partage des idées et la circulation des diversités permettent à un cœur d’être bien irrigué et faire ainsi marcher un corps vigoureux.

Abdelhafid Ouadda

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