L’ UGTA peut-elle être le seul interlocuteur des pouvoirs publics ?

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    Personne, en 2011, ne pouvant se targuer d’être plus nationaliste qu’un autre, toutes les régions d’Algérie ayant payé un lourd tribu durant la Guerre de Libération nationale, et à l’occasion de la fête du 01 mai 2011, je me permets de poser dix questions à l’Union Générale des Travailleurs Algériens (UGTA).

    1- Quel est le capital social de l’UGTA (biens immobiliers notamment) et quel est le montant financier qu’elle gère à travers les
    différentes structures de l’Etat ? Rappelons le scandale de Khalifa où des responsables ont hypothéqué les cotisations des travailleurs ?

    2- Combien l’UGTA a-t-elle d’adhérents qui payent leurs cotisations ?

    3- Comment se fait-il que l’UGTA dont la majorité de ses dirigeants sont sénateurs, députés, affilés à des partis politiques (essentiellement RND-FLN où ils doivent choisir entre la fonction politique ou syndicale) malgré ses appels au vote massif aux dernières élections législatives ces deux partis, ont eu moins de 11% des voix par rapport aux inscrits ?

    4- Comment peut-on être au commande du pouvoir et défendre les intérêts des travailleurs, l’UGTA, ayant approuvé et pour tous les
    gouvernements successifs depuis plus de deux décennies toutes les dispositions de politique économique ?

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    Pourquoi ce silence de l’UGTA face à ces mouvements sociaux qui touchent tous les secteurs en même temps où les travailleurs se sont
    retrouvés directement en confrontation avec les forces de sécurité sans intermédiation ?

    6- Comment améliorer le pouvoir d’achat de la population algérienne avec une inflation que l’on comprime artificiellement par les subventions via la rente sachant que 70% de la population active perçoit moins de 180 euros net par mois et consacre 80% de ce modeste revenu aux produits de première nécessité, une exportation hors hydrocarbures de 2 % et une production de moins de 20 % de véritables entreprises, du fait qu’il faille ne pas faire l’erreur d’autonomiser les secteurs dont le BTPH qui est lui-même irrigué par le secteur des hydrocarbures via la dépense publique ? Que propose l’UGTA pour la dynamisation d’entreprises compétitives dans le cadre des valeurs internationales comme le prouvent les politiques d’une libéralisation maitrisée de la Chine, de la Russie, les fondateurs du communisme sans compter Cuba qui va vers la démocratisation ?

    7- Doit-on continuer éternellement à assainir les entreprises publiques sous la pression de l’UGTA, montant estimé à plus de 50
    milliards de dollars US entre 1971/2010 et encore 16 milliards de dollars pour 2011 (de quoi construire plus d’un million de logements F3 et créer plusieurs centaines de milliers d’emplois) et plus de 70 % de ces entreprises étant en déficit structurel selon les données de 2008/2010 du ministère de la Promotion de l’investissement, sont-elles vérifiées ?

    8- Combien emploie l’ensemble du secteur public économique sachant que les données officielles moyenne 2009/2010 sont de moins de 180.000 pour le secteur industriel et tout le secteur public économique moins de 600.000, alors que la demande additionnelle d’emplois varie entre 450.000 et 500.000 emplois par an qui s’ajoute au taux de chômage actuel avec des données officielles les plus contradictoires : 10% pour le ministère du Travail, 11 % dans plusieurs communiqués du Conseil du gouvernement, et plus de 25 % selon des organismes internationaux si l’on soustrait la sphère informelle et si l’on tient compte des sureffectifs des administrations et des entreprises publiques et des emplois temporaires non créateur de valeur ajoutée ? Le gros des effectifs n’est–il pas dans la fonction publique avec la prédominance des emplois rentes destructeurs de richesses à terme ?

    9- Pour l’UGTA, l’Algérie doit-elle donc abandonner l’option de l’économie de marché, l’Accord d’association avec l’Union européenne et les négociations avec l’organisation mondiale du commerce ? Le tout État avec le retour en force des entreprises publiques avec une régulation administrative comme en 1970. Même la Chine et la Russie, fondateurs du communisme, n’ont pas cette démarche, qu’il ne faut pas confondre avec l’Etat régulateur stratégique, est-il la solution miracle en ce monde interdépendant ?

    10- La seule voie n’est-elle pas un dialogue fécond et contradictoire productif, le conseil économique et social (CNES) malheureusement s’étant discrédité ne pouvant être un lieu de dialogue social étant devenu un appendice du gouvernement depuis 2007, une structure
    bureaucratique non renouvelée depuis des décennies, dialogue associant l’ensemble des forces sociales et économiques au sein d’une structure véritablement indépendante avec la reconnaissance par les pouvoirs publics d’autres associations et syndicats représentatifs non instrumentalisés par l’administration , afin de nous permettre de construire, tous ensemble, une Algérie prospère au profit de nos enfants dans le cadre des nouvelles mutations mondiales ?

    Dr Abderrahmane MEBTOUL Professeur d’Université – Economiste

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