La pression s’accentue sur Michèle Alliot-Marie

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Michèle Alliot-Marie

La pression s’accentue sur la ministre des Affaires étrangères française Michèle Alliot-Marie, qui est sous le feu de l’opposition pour ses vacances en Tunisie peu avant la chute du régime de Zine Ben Ali.

Après la confirmation de l’existence d’un deuxième voyage fin décembre dans le jet privé d’un homme d’affaires tunisien qui serait associé au camp Ben Ali, la ministre a subi une nouvelle salve d’attaques. Tout en lâchant du lest, elle a jusqu’à présent refusé d’envisager de démissionner.

Le député socialiste Pierre Moscovici a estimé lundi sur France 2 que sa situation était rendue impossible par les révélations à ses yeux « sans cesse plus ridicules ».

« Une femme qui a été dans cette affaire aussi incompétente, aussi indifférente, aussi complaisante et qui en plus ne se rend même pas compte de l’indécence de sa conduite, cet femme-là ne peut pas porter haut et fort la voix de la France », a-t-il déclaré sur France 2.

La ministre juge dans deux entretiens lundi n’avoir commis aucune faute, tout en disant comprendre l’émoi suscité par les conditions de ses vacances en Tunisie avec son compagnon Patrick Ollier, également membre du gouvernement.

« Je me rends compte que les gens ont été choqués, je saurai en tirer la leçon. Si on me le proposait à nouveau, je n’accepterais évidemment pas », a-t-elle dit dans un entretien publié par Le Parisien.

Le gouvernement soutient pour l’instant la ministre, tout en admettant implicitement qu’une faute a été commise.

« Elle a dit qu’elle regrettait, pour moi la polémique est close », a dit la ministre de l’Enseignement supérieur Valérie Pécresse sur RMC et BFM TV.

QUESTIONS SUR L’AMI TUNISIEN

Après une première polémique sur le fait qu’elle avait pris place avec son compagnon dans l’avion de l’homme d’affaires Aziz Miled pour un déplacement de loisirs entre Tunis et Tabarka, la ministre a confirmé après des révélations de presse l’existence d’une seconde excursion dans le même avion.

Alors qu’elle était en vacances avec ses parents, elle s’est rendue en jet privé avec Patrick Ollier, ministre des Relations avec le Parlement, dans la ville touristique de Tozeur, dans le sud du pays, le 29 décembre.

Elle assure avoir payé les frais de voyages et dit que les factures d’hôtel ont été réglées par ses parents.

Les manifestations violemment réprimées au prix de nombreux morts avaient alors atteint la capitale et Zine ben Ali venait d’intervenir à la télévision pour tenter d’endiguer le mouvement qui devait le pousser au départ le 14 janvier.

La position d’Aziz Miled vis-à-vis du régime de Ben Ali est controversée. La ministre l’a présenté comme une « victime » du pouvoir mais d’autres éléments laissent penser qu’il en était proche.

Il avait signé une pétition en faveur d’une nouvelle candidature en 2014 du président au pouvoir depuis 1987 et était associé, sans en avoir eu le choix selon la ministre française, avec plusieurs membres de la famille de l’épouse de Ben Ali.

La ministre dit qu’elle a le droit de mettre entre parenthèses sa fonction : « Dans ma vie privée, avec ma famille et mes amis, je ne suis pas en représentation officielle, je décompresse. »

Trois jours avant le renversement de Zine Ben Ali, Michèle Alliot-Marie avait proposé à son régime le « savoir-faire » de la France pour les opérations de maintien de l’ordre.

Reuters
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