L’Algérie, ce géant gazier au pied d’argile

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L’avenir du secteur énergétique algérien est-il menacé ? A en croire une analyse du magazine The Economist, l’Algérie a de sérieux soucis à se faire…

Si Abdelaziz Boutlefika n’a pas été emporté par le printemps arabe comme Hosni Moubarak et Zine el-Abidine Ben Ali, le président algérien doit son salut à un contrôle militaire très étroit sur la société civile et à l’abondance de l’or noir dans son pays. C’est la thèse soutenue par le magazine britannique hebdomadaire The Economist, dans une analyse parue le 9 février dernier.

Un taux de chômage plus faible qu’ailleurs

Il faut dire que l’Algérie ne manque pas d’atouts. En 2011, les exportations pétrolières ont rapporté pas moins de 55 milliards de dollars, entraînant une hausse du PIB. Selon le Fonds monétaire international, l’Algérie peut tabler sur une croissance d’environ 3% cette année. Et même si le taux de chômage officiel est dans l’absolu élevé (10%), il reste relativement bas comparé à celui des autres pays de la région, souligne le journaliste de The Economist.

L’électricité, un sérieux concurrent au gaz

Mais le tableau n’est toutefois pas si rose. A cause du prix du baril de pétrole qu’elle exige (autour de 120 dollars), l’Algérie perd certains de ses clients. C’est le cas de l’Amérique du nord, qui n’hésitait pas autrefois à mettre la main à la poche pour s’offrir des barils de pétrole brut d’une excellente qualité en provenance d’Algérie et qui fait aujourd’hui appel à des fournisseurs moins chers, implantés notamment dans l’Etat du Dakota du nord, explique The Economist.

Le secteur gazier, l’autre pilier de l’économie algérienne, est aussi fragilisé. Les besoins en électricité ont augmenté de 12% l’an dernier dans le pays. Une hausse qui a surpris le gouvernement algérien, assure The Economist. En conséquence, la production en gaz de l’Algérie est en baisse. Elle a chuté  de près de 10 millions de mètres cubes en l’espace de six ans pour s’élever en 2011 à  78 milliards de mètres cube.

Et les difficultés risquent de s’aggraver dans les années à venir, estime The Economist. Le magazine en veut pour preuve le fait que les projets de construction de nouveaux gazoducs entre l’Afrique du nord et l’Europe peinent à aboutir. L’Algérie pourrait aussi perdre nombre de ses partenaires étrangers, séduits par des sources d’énergie innovantes, notamment le gaz de schiste, indique The Economist.

L’Algérie, un pays peu accueillant

Pour prévenir la chute, l’Algérie n’a donc pas d’autre choix que de diversifier son portefeuille énergétique. A commencer par un investissement dans le solaire, affirme le média britannique. Et il reste beaucoup de ressources en gaz de schistes à exploiter et de puits de pétroles à repérer, d’après l’Agence américaine d’information sur l’énergie.

Mais encore faut-il que l’Algérie soit une terre plus accueillante envers les entreprises internationales. Dans un index où elle passe au peigne fin 185 pays « business-friendly », la Banque mondiale classe l’Algérie 152ème, juste en-dessous du Mali ! Il faut dire que dans un récent appel d’offre pour l’exploitation d’une dizaines de ressources pétrolières et gazières, seules deux licences ont été accordées, dont l’une à Sonatrach, une société étatique frappée par des scandales de corruption à répétition en 2010. Des scandales qui ont conduit à la démission de plusieurs de ses dirigeants.

Gérer l’après-In Amenas

Et l’attaque terroriste sur le complexe gazier d’In Amenas constitue un coup dur de plus pour l’économie algérienne. Comment le gouvernement algérien peut-il convaincre les entreprises étrangères de rester sur le sol algérien et de continuer à faire des affaires ici, depuis ces événements,  interroge The Economist. Selon l’hebdomadaire libéral, ce n’est pas gagné, même si le géant britannique BP a déclaré vouloir poursuivre son expérience algérienne malgré l’assassinat de trois de ses employés.

Outre la corruption, un autre fléau menace directement les deux piliers de l’économie algérienne : la fuite de ses cerveaux. Chez Sonatrach, plusieurs ingénieurs ont effectivement quitté le navire pour naviguer vers les eaux moins turbulentes des pays du Golfe. De quoi faire sombre l’Algérie ?

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