L’Algérie restreint le recours à la grève dans de nombreux secteurs

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L'Algérie restreint le recours à la grève dans de nombreux secteurs

Alger, le 23 octobre 2023 – L’Algérie a récemment mis en place des restrictions sévères concernant le droit de faire grève dans plusieurs secteurs stratégiques du pays. Un décret exécutif signé par le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, interdit catégoriquement la grève dans ces secteurs, suscitant des débats sur la liberté d’expression des citoyens et des travailleurs.

Secteurs interdits de grève

Le décret établit une liste des personnels et des fonctions dans lesquels la grève est formellement interdite. Parmi les secteurs concernés, on retrouve les magistrats, les fonctionnaires nommés par décret ou en poste à l’étranger, les personnels des services de sécurité, les agents de sécurité interne en mission de protection des sites et établissements, les personnels des services de la protection civile, les agents des services d’exploitation du réseau des transmissions nationales des ministères de l’Intérieur et des Affaires étrangères, ainsi que les agents actifs des douanes et les membres du corps de l’administration pénitentiaire.

Les imams des mosquées, les contrôleurs de la navigation aérienne et maritime, les personnels des établissements comprenant des installations sensibles et stratégiques, ainsi que les personnels des centres de contrôle d’installations et de téléconduite du système électrique national et des réseaux d’énergie sont également soumis à cette interdiction.

Objectif de la restriction

Le décret précise que cette interdiction concerne les secteurs liés à la défense et à la sécurité nationales, ainsi que les secteurs stratégiques et sensibles en termes de souveraineté ou de maintien des services essentiels d’intérêt vital pour la Nation. L’objectif est de garantir la continuité des services publics essentiels et de s’assurer que l’approvisionnement en besoins essentiels du pays et de la population ne soit pas compromis. Le texte insiste sur le fait que toute interruption de ces services pourrait exposer les citoyens à des risques pour leur vie, leur sécurité ou leur santé, voire provoquer une crise grave.

Ces secteurs englobent notamment la justice, l’intérieur, la protection civile, les affaires étrangères, les finances, les affaires religieuses, l’énergie, les transports, l’agriculture, l’éducation, la formation et l’enseignement professionnels.

Service minimum obligatoire

En plus de l’interdiction de grève dans ces secteurs, l’Algérie a également établi une liste de secteurs d’activités qui nécessitent la mise en place d’un service minimum obligatoire. Cela concerne les services de santé de permanence, d’urgences, de dispensation et de distribution des médicaments, ainsi que les laboratoires d’analyses médicales. De plus, le service minimum obligatoire s’applique aux services liés à l’administration publique, à l’administration de la justice, à la manutention portuaire et aéroportuaire, au transport de produits dangereux, périssables ou liés aux besoins de la défense nationale.

Le décret précise que ce service minimum ne peut être inférieur à 30% de l’effectif total des travailleurs concernés par la grève.

Réactions et débats

La décision de restreindre le droit de grève dans ces secteurs a suscité des réactions diverses en Algérie. Certains estiment que ces mesures sont nécessaires pour garantir la continuité des services essentiels, tandis que d’autres considèrent qu’elles restreignent la liberté d’expression et le droit de revendication des travailleurs. Le débat sur l’équilibre entre la sécurité nationale et les droits des travailleurs continue de faire rage.

Le décret exécutif a été publié au Journal officiel, provoquant des discussions au sein de la société et au sein des instances politiques et syndicales du pays.

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