Le général Toufik, cet homme obscur qui refuse de livrer ses secrets

0

Il est le général qui dirige le Département du Renseignement et de la Sécurité (DRS), les services secrets algériens, depuis plus de 23 ans. Son âge : 74 ans. Son lieu de naissance : la région de  Guenzet, dans la wilaya de Sétif.  Son pseudonyme : Toufik. Que sait-on encore de ce curieux et obscur personnage ? Presque rien d’autre !

C’est la pure et simple vérité. Le Général Toufik est encore plus mystérieux qu’un personnage de roman d’espionnage. Sur lui, on ne colporte que des rumeurs et informations rarement vérifiées ou recoupées. Le monsieur ne parle jamais. Aucun entretien, sortie médiatique, déclaration publique. Rien, absolument rien ! Tout puissant mais invisible. Tellement invisible que beaucoup ont commencé à douter de sa propre existence. D’ailleurs, très peu de photos de lui sont disponibles. Sur le web, quelques photos qui se comptent sur les doigts d’une main circulent depuis des années. En fouillant dans les vidéos de l’ENTV, quelques cyber-activistes ont cru l’avoir repréré parmi de nombreux autres hauts gradés de l’armée dans les cérémonies officielles ou lors des funérailles des deux anciens Chefs d’Etat Ahmed Benbella et Chadli Bendjedid.

Beaucoup de défenseurs des Droits de l’Homme, observateurs politiques, journalistes d’investigation, opposants, blogueurs et cyber-activistes, pourchassent cet homme, en quête de la moindre information précieuse, depuis des années. Mais rien ou presque rien ne filtre sur ce puissant personnage. On dit de lui qu’il est le faiseur de rois en Algérie. Qu’il est à l’origine de toutes les manoeuvres politiques. Homme de coulisses, il nourrit les fantasmes les plus excentriques. Ses détracteurs lui reprochent tous les crimes du régime algérien. Ses admirations lui attribue tous les mérites de la stabilité et la sécurité reconquises en Algérie. Mais qui est-il réellement ce général ? C’est la question qui brûle sur toutes les lèvres des Algériens.

Certains ont peur de lui. D’autres désirent enfin l’affronter pour connaître la vérité. On dit de lui qu’il fut parmi les meilleurs éléments formés par le KBG soviétique. Rompu aux techniques les plus complexes et ingénieuses du renseignement militaire et du contre-espionnage, le Général Toufik a acquis au fur des années une réputation internationale. Sa discrétion et son culte du secret suscitent l’admiration des partenaires étrangers et de leurs services de renseignements. En 2010, un expert britannique avait affirmé que le général Toufik  est le plus ancien «chef des services de renseignement » en fonction dans le monde !

 Même Wikileaks, l’extraordinaire circuit de fuites d’informations les plus confidentielles, n’a pas pu nous procurer des renseignements plus précis sur cet homme obscur qui détient, sans nul doute, tous les secrets de l’Algérie contemporaine. C’est, d’ailleurs, pour cela que peut-être, on essaie à tout prix de le mettre sur la touche. A 74 ans et dans une conjoncture mondiale qui ne cesse de changer, le général Toufik ne pouvait plus continuer à se prévaloir de détenir encore tout ce pouvoir. Confronté à une nouvelle génération d’officier du DRS, et face à la montée en puissance des autorités civiles dirigées par un certain Abdelaziz Bouteflika lequel avait malicieusement préparé une stratégie pour réduire les prérogatives des hauts gradés de l’armée algérienne, le Général Toufik s’est vu contraint de partager son pouvoir. Certaines sources affirment qu’il a perdu le soutien des partenaires américains et anglais qui veulent traiter avec des officiers plus jeunes et plus « branchés ». Vrai ou faux, personne ne le sait. Une seule chose est, par contre, sûre : la mise à la retraite de cet homme obscur signifie un tournant majeur dans la recomposition des rapports de force au sein du régime Algérien. Elle ne signifie certainement pas que les militaires ont cédé le pouvoir. D’autres officiers militaires aurait, visiblement, pris de l’ascendant pour bousculer les plus plus anciens. Mais toujours est-il que l’obscurité demeure jusqu’à aujourd’hui la marque de fabrique du régime algérien dont la colonne vertébrale  est l’establishment militaire. Tant que le Général Toufik ne parlera pas, aucun vent ne peut ébranler les piliers de ce régime. Lui seul détient tous les dossiers les plus délicats et les plus compromettants. Son silence demeure une garantie de stabilité et, aussi, d’impunité pour la plupart des décideurs algériens.

La mise à la retraite, qui n’est toujours pas confirmée officiellement, du Général Toufik ne signifie pas non plus que le régime algérien se démocratise. Car toute démocratie exige d’abord de la transparence et un exercice de vérité. Or, les Algériens, la vérite, ils risquent de ne jamais la connaitre puisque le général Toufik refuse encore et toujours de livrer tous ses secrets…

Article précédentGrande-Bretagne : le gouvernement va geler des comptes de Kadhafi à Londres
Article suivantOuverture d’un livre de condoléances à l’ambassade du Japon en Algérie