Les Nouvelles Conditions de l’Aide Militaire Américaine au Maroc : Un Tournant Géopolitique Délicat

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Les Nouvelles Conditions de l'Aide Militaire Américaine au Maroc : Un Tournant Géopolitique Délicat

Dans un revirement politique qui a secoué les chancelleries du monde entier, les États-Unis ont pris une décision majeure concernant leur aide militaire au Maroc. Dans le cadre du National Defense Authorizations Act (NDAA) pour l’année 2024, signé récemment par le président Joe Biden, l’aide militaire américaine au royaume chérifien est désormais conditionnée à une intensification de la coopération militaire avec Israël.

Cette décision intervient au moment même où Israël mène une agression contre la bande de Gaza, plongeant le Maroc dans une situation politique délicate. Cet article plonge au cœur de cette décision controversée et de ses implications.

Un Précédent Qui A Semé la Controverse

La saga commence en décembre 2021 lorsque le président Joe Biden signe son premier budget de défense. Ce budget impose une condition majeure : les aides militaires au Maroc ne seront octroyées que si le pays s’engage à rechercher une « solution mutuellement acceptable » au conflit au Sahara occidental. Cette décision faisait suite à une campagne menée par des parlementaires américains pour révoquer la reconnaissance par l’ancien président Donald Trump de la « souveraineté marocaine » sur le Sahara occidental.

Cependant, l’administration Biden n’a pas concrétisé les engagements de Trump envers le Maroc et est revenue à la position initiale de Washington sur le dossier sahraoui. Cette volte-face a été perçue par certains comme un affaiblissement de la position marocaine.

Le Conflit Ukrainien et la Guerre à Gaza Change la Donne

La rédaction du budget 2024 a été influencée par deux éléments majeurs de la politique étrangère américaine : le conflit en Ukraine et la guerre en cours à Gaza. Les États-Unis soutiennent sans réserve Israël dans cette dernière, ce qui a un impact sur leurs relations avec leurs alliés régionaux.

La Nouvelle Condition Imposée au Maroc

Dans le NDAA 2024, le préalable à l’aide militaire au Maroc n’est plus la recherche d’une solution politique au conflit sahraoui, mais l’intensification de la coopération et du partenariat avec Israël. Cette nouvelle condition est un signe de l’importance accordée par les États-Unis à leur alliance avec Israël dans une région en ébullition.

L’accord de normalisation des relations entre le Maroc et Israël, signé en décembre 2020, est mis en avant dans le texte du NDAA. Les rédacteurs de la loi ont également souligné que cet accord avait fourni des informations sur les « priorités » des États-Unis « en matière de renseignement ». Cette évolution place le Maroc dans une situation délicate, car il a intensifié sa coopération militaire et sécuritaire avec Israël au cours des dernières années.

Un Rapprochement Qui Inquiète l’Algérie et Divise le Maroc

Le point culminant de cette coopération a été la signature d’un protocole de coopération en matière de défense lors de la visite à Rabat du ministre israélien de la Défense de l’époque, Benny Gantz, en novembre 2021. Cette évolution a été perçue comme une menace par l’Algérie, qui considère le rapprochement entre le Maroc et Israël comme une menace pour sa sécurité.

La guerre en cours à Gaza et les actions controversées de l’armée israélienne contre les civils palestiniens ont mis le gouvernement marocain et le palais royal dans une situation délicate. La population marocaine exprime régulièrement son soutien au peuple palestinien et son rejet de la normalisation par le biais de manifestations de rue massives.

Le Maroc Face à un Dilemme Géopolitique

Le Maroc se trouve désormais face à un dilemme géopolitique complexe. La nouvelle condition imposée par les États-Unis pour leur aide militaire place le royaume dans une position délicate, alors qu’il doit naviguer entre ses intérêts stratégiques et sa relation avec Israël, d’une part, et l’attachement de sa population à la cause palestinienne, de l’autre.

Cette décision controversée risque de creuser davantage le fossé entre les autorités marocaines et la population, mettant en lumière les enjeux complexes de la diplomatie dans une région où les alliances politiques peuvent changer rapidement. La situation demeure volatile, et l’avenir de la politique étrangère du Maroc est plus incertain que jamais.

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