L’Hydrogène Vert en Algérie : Entre Ambitions et Interrogations

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L'Hydrogène Vert en Algérie : Entre Ambitions et Interrogations

Dans un monde en quête de solutions énergétiques durables, l’hydrogène vert est devenu un sujet incontournable. L’Algérie, un pays qui possède d’importantes ressources gazières, se penche sur la production d’hydrogène vert. Mais les ambitions de ce projet soulèvent des interrogations quant à son impact sur l’économie nationale.

L’Engouement Mondial pour l’Hydrogène Vert

L’hydrogène vert, obtenu par électrolyse de l’eau grâce à des sources d’énergie renouvelables telles que l’énergie solaire et éolienne, suscite un véritable engouement à l’échelle mondiale. De nombreux pays, qu’ils soient industrialisés ou en développement, cherchent à développer cette nouvelle source d’énergie. Les objectifs sont doubles : renforcer la sécurité énergétique nationale et réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES).

Le combat contre le réchauffement climatique pousse les nations à explorer des alternatives aux énergies fossiles, et l’hydrogène vert semble être une réponse prometteuse. Cependant, cette source d’énergie présente des défis techniques et économiques qui varient d’un pays à l’autre.

L’Algérie et l’Hydrogène Vert : Quel Intérêt ?

L’Algérie, en tant que producteur, consommateur et exportateur de gaz naturel, envisage sérieusement la production d’hydrogène vert pour répondre à ses besoins nationaux et pour l’exportation vers l’Europe. Cette ambition s’inscrit dans le cadre de son programme d’énergies renouvelables, mais soulève des questions fondamentales.

L’un des principaux défis réside dans l’interdépendance de l’hydrogène vert avec les autres sources d’énergie locales, en particulier le gaz naturel. Actuellement, plus de 98% de l’électricité algérienne est produite à partir du gaz, et l’Algérie cherche à développer l’électricité verte, notamment photovoltaïque, pour économiser son gaz.

Cependant, la production d’hydrogène vert nécessite également une quantité considérable d’électricité verte, qui aurait pu être utilisée pour économiser le gaz en le remplaçant par de l’électricité conventionnelle. Cette situation soulève une question cruciale : est-il plus rentable pour l’Algérie de produire de l’hydrogène vert ou d’économiser son gaz en utilisant l’électricité verte directement ?

Les Chiffres ne Mentent Pas

Pour répondre à cette question, nous devons examiner les chiffres. Imaginons qu’au cours d’une période donnée, l’Algérie produise 30 000 MW d’électricité verte pour la consommation locale, dont 15 000 MW sont utilisés pour produire de l’hydrogène vert. Cela entraînerait un déficit électrique qu’il faudrait compenser en utilisant 15 000 MW d’électricité conventionnelle, ce qui aurait pu économiser le gaz nécessaire à sa production.

Les chiffres sont sans appel. Selon nos calculs, même dans le meilleur des scénarios, avec un coût de production d’hydrogène vert de 20 $ par MMbtu et un prix de vente de 10 $ par MMbtu, le projet d’hydrogène vert enregistrerait une perte sèche de 2,887 milliards de dollars par an. Pour atteindre la parité avec le gaz et compenser cette perte, le prix de vente de l’hydrogène vert devrait être de 34,7 $ par MMbtu, soit 3,5 fois le prix du gaz.

Dans un scénario à long terme avec un coût de production réduit à 10 $ par MMbtu, le projet subirait toujours des pertes importantes. Même en supposant que le coût de production de l’hydrogène vert tombe à zéro, une situation impossible, les pertes seraient considérables.

Une Question de Rentabilité et de Priorité

L’Algérie fait face à un dilemme : investir massivement dans la production d’hydrogène vert ou utiliser son électricité verte pour économiser son gaz naturel. Les chiffres actuels indiquent que la production d’hydrogène vert serait financièrement désavantageuse pour le pays.

Bien que l’hydrogène vert puisse jouer un rôle crucial dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale, il est essentiel pour chaque nation d’évaluer sa propre situation économique et énergétique avant de se lancer dans de tels projets.

L’Algérie, comme de nombreux autres pays, doit peser le pour et le contre, en tenant compte de sa dépendance au gaz naturel, de ses objectifs environnementaux et de sa capacité à tirer profit de cette nouvelle source d’énergie. L’avenir dira si l’hydrogène vert est une véritable opportunité pour le pays ou si d’autres alternatives s’avèrent plus judicieuses.

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