Sécheresse en Algérie : La Course Contre la Montre des Céréaliers

0
Sécheresse en Algérie : La Course Contre la Montre des Céréaliers

La saison des céréales en Algérie est un véritable pari avec la nature. Après des mois de sécheresse, les agriculteurs luttent pour préparer leurs terres et semer. Les enjeux sont colossaux, les espoirs sont fragiles, et les défis sont nombreux.

Dans cet article, nous plongerons au cœur de cette bataille contre la sécheresse qui menace la filière céréalière algérienne. Nous découvrirons les actions entreprises par l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) pour faire face à cette crise, les défis auxquels sont confrontés les agriculteurs, et les perspectives d’avenir pour une agriculture résiliente face au changement climatique.

Un Combat Contre la Sécheresse

La sécheresse, un ennemi redoutable pour les agriculteurs, s’est abattue implacablement sur l’Algérie ces derniers mois. Les terres assoiffées, les esprits inquiets, et les semences prêtes à être semées. C’est le tableau préoccupant auquel font face les agriculteurs algériens chaque année.

Après des mois d’attente anxieuse, les pluies tant attendues sont enfin tombées, permettant aux agriculteurs de préparer leurs parcelles pour les semis. Cependant, l’incertitude règne toujours, notamment en ce qui concerne la disponibilité des semences certifiées.

L’OAIC, l’organisme en charge de la gestion des céréales en Algérie, affirme pouvoir mettre sur le marché quatre millions de quintaux de semences certifiées pour cette campagne. Une lueur d’espoir pour les agriculteurs qui doivent maintenant faire face à la course contre la montre pour semer leurs terres.

Des Défis et des Enjeux Colossaux

La situation est inégale à travers le pays. Toutes les régions céréalières n’ont pas reçu les mêmes quantités de pluies, ce qui ajoute un défi supplémentaire à la campagne de semis. Cependant, il est encourageant de voir le wali de la wilaya d’Ouled Djellal personnellement impliqué dans le lancement de la campagne de semis, montrant ainsi l’importance de cette étape cruciale pour l’agriculture algérienne.

Les retards dans les pluies automnales ont laissé place à l’inquiétude parmi les agriculteurs. Certains ont même commencé à préparer leurs parcelles avant l’arrivée de la pluie, montrant leur détermination à faire face à la sécheresse. Pourtant, la dureté des sols rendait l’utilisation de charrues incertaine, retardant ainsi la campagne de semis.

Nouredine Amrani, le chef de la division du développement durable à l’OAIC, espère que les surfaces emblavées en céréales dépasseront les trois millions d’hectares cette année. Une ambition soutenue par les pouvoirs publics, qui cherchent à augmenter les rendements et les surfaces cultivées en céréales.

L’Indemnisation des Agriculteurs Affectés par la Sécheresse

La sécheresse n’est pas nouvelle pour de nombreux agriculteurs en Algérie. L’année précédente, certains n’ont rien récolté, en particulier dans l’ouest du pays. Heureusement, des mesures d’indemnisation ont été mises en place pour aider ces agriculteurs à relancer leur cycle de production.

Des commissions locales ont identifié les agriculteurs touchés, et ceux qui dépendent des Coopératives de Céréales et de Légumes secs (CCLS) ou d’organismes privés pour les engrais ont été indemnisés par la fourniture gratuite de semences et de fertilisants, grâce au soutien du trésor public.

L’OAIC au Front contre la Sécheresse

L’Office algérien des céréales (OAIC) joue un rôle central dans la lutte contre la sécheresse. Cette année, l’OAIC a mis en place un plan spécial dès avril pour mobiliser les grains récoltés dans le nord du pays malgré la sécheresse. De plus, la production de semences produites au sud sous pivot d’irrigation a été rapatriée vers le nord.

Nouredine Amrani a assuré la disponibilité de quatre millions de quintaux de semences certifiées de blé dur, blé tendre et orge. Les Coopératives de Céréales et de Légumes secs (CCLS) ont renforcé leurs capacités pour trier et traiter les semences produites par les agriculteurs spécialisés, tandis que l’Institut Technique des Grandes Cultures (ITGC) s’est chargé de la production des premières générations de semences.

Les Défis de l’Approvisionnement en Semences

Cependant, le processus d’usinage des semences n’est pas sans défis. Les équipes travaillent sans relâche, mais la capacité de production des CCLS est limitée à 100 000 quintaux par jour. Une programmation minutieuse des livraisons est essentielle pour garantir que les agriculteurs reçoivent leurs semences à temps.

Les semis peuvent s’étaler sur tout le mois de décembre, mais une mauvaise planification peut affecter négativement les rendements. Certains agriculteurs de l’ouest du pays ont déjà connu des épisodes de sécheresse lors des campagnes précédentes, laissant des exploitations entières sans récolte.

Vers une Agriculture Résiliente

Face au défi constant de la sécheresse, le ministère de l’Agriculture prévoit d’augmenter les surfaces irriguées au nord et au sud du pays. Les conventions avec des investisseurs installés au sud visent à sécuriser la production de semences.

Cependant, l’irrigation d’appoint a ses limites, et il est difficile de généraliser cette pratique à toutes les cultures et exploitations agricoles. Le niveau des nappes d’eau souterraine diminue en période de sécheresse, tout comme l’offre des barrages, ce qui met en évidence l’insuffisance des ressources hydrauliques.

L’Importance de l’Innovation et de la Recherche

L’Algérie collabore avec le Centre international de recherches agricoles dans les zones arides (Icarda) pour développer des alternatives au labour. Ces techniques permettent de semer même en cas de retard des pluies, à moindre coût. Cependant, elles restent méconnues des agriculteurs et des services agricoles.

La sensibilisation à ces pratiques innovantes est essentielle pour aider les exploitations à devenir plus résilientes face à la sécheresse. L’adaptation est la clé de l’avenir de l’agriculture algérienne.

Une Bataille Pour l’Avenir de l’Agriculture

La sécheresse en Algérie est un défi majeur pour la filière céréalière, mais elle est aussi une opportunité de repenser et d’innover. Les agriculteurs, l’OAIC, et les autorités travaillent ensemble pour faire face à cette menace persistante. Les défis sont nombreux, mais l’espoir demeure.

L’avenir de l’agriculture algérienne dépend de sa capacité à s’adapter au changement climatique et à mettre en œuvre des pratiques agricoles résilientes. La recherche, l’innovation, et la sensibilisation joueront un rôle crucial dans cette transformation.

Alors que les agriculteurs algériens s’apprêtent à semer leurs terres, ils le font avec détermination et espoir, conscients que leur combat contre la sécheresse est aussi un combat pour l’avenir de l’agriculture du pays. La nature peut être impitoyable, mais la résilience humaine est sans limite.

Article précédentRiyad Mahrez : La Renaissance d’une Légende dans le Panthéon de la Ligue des Champions
Article suivantAromed 2023 au Jardin Botanique du Hamma : L’Algérie à la Conquête des Plantes Médicinales et Aromatiques