Trois finalistes pour devenir le prochain patriarche des coptes d’Egypte

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Les chrétiens coptes d’Egypte ont choisi le 29 octobre trois finalistes pour succéder au pape Chenouda III, mort en mars dernier laissant une communauté inquiète face à la montée de l’islamisme. 

Près de 2500 personnalités religieuses et laïques coptes ont voté à la cathédrale Saint-Marc du Caire, siège de cette église orthodoxe, pour choisir 3 candidats parmi les 5 prétendants, 2 évêques et 3 moines. Les 3 finalistes sont l’évêque Raphael, 54 ans, médecin de formation et responsable des églises du centre du Caire, l’évêque Tawadros, 60 ans, de la province de Beheira dans le delta du Nil, et le père Raphael Ava Mina, 74 ans, a annoncé l’église dans la soirée.

L’évêque controversé Bishoy, qui avait provoqué de vives réactions dans le pays suite à ses commentaires sur le Coran, n’a pas été retenu dans la liste des 5 candidats pré-sélectionnés et son exclusion suggère une volonté de l’Eglise de maintenir les personnalités controversées à l’écart.

Les noms des trois finalistes seront écrits sur des morceaux de papier et placés dans une boîte sur l’autel de la cathédrale Saint-Marc. Le 4 novembre, un garçon aura les yeux bandés et devra tirer au sort l’un des trois candidats. Celui qui sera choisi deviendra alors le 118e Pape dans une cérémonie d’intronisation qui aura lieu le 18 novembre. Il sera le leader spirituel des coptes du pays, qui représente 6 à 10% des 83 millions d’égyptiens. « Nous espérons que Dieu nous donnera un homme attentif à nos problèmes, et soucieux de notre unité », a déclaré le père Kirollos, venu voter à la cathédrale.

Une élection à un moment critique

Conservateur sur les questions de dogme, Chenouda III fut aussi un défenseur infatigable de la plus grande église chrétienne du Moyen-Orient qu’il a dirigée pendant quatre décennies.

Sa disparition, à l’âge de 88 ans, a laissé une communauté inquiète face aux persécutions dont elle est la cible. L’accession au pouvoir d’Ahmed Morsi, issu des Frères Musulmans, en juin dernier a suscité davantage de craintes au sein de cette minorité. L’élection d’un nouveau pape arrive donc à un moment critique, et beaucoup espèrent que le prochain patriarche saura maintenir de bonnes relations avec le président islamiste, qui assure pour sa part vouloir être le président « de tous les égyptiens ».

« L’Etat doit être gouverné par la loi et non par la religion ».

La minorité copte est la cible de violences sectaires sporadiques depuis la révolution qui a renversé l’ancien président Hosni Moubarak début 2011. Dans la nuit du 31 décembre 2010, un attentat contre une église d’Alexandrie avait fait une vingtaine de morts, et en octobre 2011 près d’une trentaine de personnes avaient été tuées lors d’affrontements au Caire entre Coptes et forces de l’ordre.

La mise en cause de Coptes vivant aux Etats-Unis dans la réalisation d’un film islamophobe, à l’origine de tensions dans le monde musulman en septembre dernier, a également mis les chrétiens d’Egypte dans une situation délicate, même s’ils ont été très nombreux à dénoncer cette vidéo.

Le dernier incident en date s’est produit le 28 octobre lorsque des villageois musulmans du sud du Caire ont tenté de bloquer l’accès à une église à des coptes qui venaient participer à la messe du dimanche. 5 coptes ont été blessés lors de ces heurts.

L’évêque Morcos, président de l’influent comité des médias de l’Eglise, a déclaré au journal gouvernemental Al-Ahram : « Nous rejetons la notion d’un Etat religieux qui nous empêcherait d’exercer notre liberté en tant que coptes. L’état doit être gouverné par la loi et non par la religion ».

LS

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