Tunisie: des opposants appellent le pouvoir à faire son autocritique

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« L’Alliance pour la citoyenneté et l’égalité », regroupant plusieurs partis d’opposition de gauche et de personnalités indépendantes en Tunisie, a appelé jeudi le pouvoir à « faire son autocritique » et à tirer les enseignements des troubles qui ont secoué la région de Sidi Bouzid (centre-ouest), sur fond de chômage et de précarité des conditions de vie.

« Loin d’être conjoncturels ni des cas isolés, les événements de Sidi Bouzid illustrent une crise grave qui nécessite des solutions radicales », a déclaré le chef du Forum démocratique pour les libertés et le travail (FDLT), le Dr Mustapha Ben Jaâfar, lors d’une conférence de presse.

Dans un communiqué, l’Alliance estime que « la poursuite du mouvement de protestation pour la deuxième semaine sans interruption et l’extension de leur aire géographique dénote une crise sociale et l’impasse auquel a abouti la politique suivie qui n’a pas répondu aux attentes légitimes de toutes les régions et catégories sociales » de Tunisie.

Le communiqué déplore, par ailleurs, « le fossé qui sépare les médias officiels de la réalité du pays », notant que « la langue de bois et le verrouillage ont contribué à alimenter une atmosphère tendue ».

Dans ce contexte, le secrétaire général du mouvement Ettajdid (Le Renouveau), Ahmed Brahim, a plaidé pour « un changement du mode de gouvernance » en Tunisie et « une révision des choix économiques, sociaux et politiques ».

Il a fait état de la saisie du journal de son parti « Ettarik Al Jadid » (La nouvelle voie ») ainsi que de l’hebdomadaire « Al Mawkif » (« L’opinion »), organe du parti démocratique progressiste (PDP), autre formation de l’opposition légale.

Pour Ahmed Brahim, il est impératif de « tourner la page et ouvrir le dialogue avec tous les partis politiques et les composantes sociales pour une analyse objective de la situation afin d’éviter la répétition de telles crises ».

L’Alliance a également réclamé l’ouverture sans tarder d’une enquête indépendante « pour déterminer les responsabilités de toutes les parties impliquées dans les troubles, mettre un terme au recours aux solutions sécuritaires et libérer tous les détenus ».

Les troubles de Sidi Bouzid qui se sont propagés à plusieurs régions du pays se sont soldés par deux morts et un blessé grave ainsi que de nombreuses arrestations.

Du côté du pouvoir, après le remaniement du gouvernement mercredi, marqué notamment par le départ du ministre de la communication Oussama Romdhani et l’annonce d’un « programme d’urgence » pour la création d’emplois en faveur des diplômés chômeurs, le président Zine El Abidine Ben Ali a en outre limogé jeudi le gouverneur (préfet) de Sidi Bouzid.

AP

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