Zaïm Bensaci tire la sonnette d’alarme : « La situation est grave : le prix du baril de pétrole a chuté de 30% »

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A la veille de la tenue de la Conférence nationale sur l’industrie, qui aura lieu du mardi 4 au jeudi 6 de ce mois de novembre, le président du Conseil consultatif pour la promotion de la PME, M. Zaïm Bensaci, considère que la situation économique du pays est « grave » et appelle le gouvernement à revoir « sa copie » en termes d’investissement et de création d’entreprises.

« On assiste actuellement à une baisse du prix du baril de pétrole d’environ 30%. Ce qui nous amène à considérer la situation comme suffisamment grave, d’autant plus que nous sommes à presque 60 milliards d’importations », s’alarme de prime abord l’invité de la rédaction de la Chaîne III de la Radio nationale.

M. Bensaci juge ainsi les mesures prises par les pouvoirs publics pour booster l’économie hors hydrocarbures « insuffisantes ». « Les mesures qui ont été prises, soit par le passé ou même dans la dernière loi de finances (PLF 2015, ndlr), sont, à mon avis, insuffisantes ». Il appuie son propos en affirmant : « nous n’avons pas constaté réellement une pléthore d’entreprises créées, soit au niveau des TPE (Toutes petites entreprises) ou de PME (Petites et moyennes entreprises) ». Il incite ainsi le gouvernement à créer davantage d’entreprises afin de booster la production hors hydrocarbures. Mais, « pour arriver effectivement à cet investissement tant attendu, poursuit-il, il faut peut-être revoir la copie ».

Quant aux obstacles empêchant le secteur des PME de décoller, M. Bensaci évoque, entre autres, la non-application des mesures incitatives prises par le gouvernement et l’absence de concertation entre le décideur et l’opérateur économique. « Qu’on arrive à sortir des lois ou des propositions c’est bien, mais c’est au niveau de l’application que ça ne va pas. L’application a toujours posé problème chez nous, dans ce pays. Tout simplement parce que le législateur est dans un bord et le reste est ailleurs », déplore-t-il, avant de préconiser de « prendre des mesures applicables sur le terrain. »

Le président du Conseil consultatif pour la promotion de la PME n’y est pas allé par quatre chemins pour dénoncer les lenteurs administratives et la bureaucratie qui entravent l’essor de l’industrie nationale. « Il y a trop d’Etat, il y a trop d’implication (de l’Etat) dans cette gestion économique. Il faudrait que chacun reste dans son rôle pour qu’on arrive à des situations normales comme ça existe partout ailleurs, sans oublier le cadre de la concertation qui doit être permanent ». M. Bensaci plaide ainsi pour l’implication des opérateurs économiques dans la prise de décision.

Quant à l’acte d’investir, l’invité de la Chaîne III estime qu’il ne suffit pas juste de le simplifier mais « il faudrait (aussi) inciter les acteurs à investir » à travers des mesures incitatives. A titre d’exemple: « faciliter l’accès au foncier », rendre les crédits bancaire plus accessibles en réduisant « au maximum » leur taux d’intérêt et, surtout,  » en finir avec cette bureaucratie qui nous mine à chaque fois ».

M. Bensaci n’a pas omis d’avertir également que les entreprises algériennes ne sont pas encore prêtes à faire face à la forte concurrence étrangère dans le cadre de  l’entrée en vigueur de l’accord d’association avec l’Union Européenne en 2020 et de l’adhésion de l’Algérie à l’OMC. Cependant, il s’est dit « très optimiste » quant à la Conférence nationale sur l’industrie, qui débutera demain, car, prédit-il, « des recommandations opérationnelles vont être prises. »

Yacine Omar

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