5 octobre 1988/ Le jour où vacilla le régime

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L’Algérie célèbre, cette année, le 27ème anniversaire des évènements du 5 octobre 1988. Près de 30 ans après ces manifestations qui ont provoqué la mort de centaines de jeunes algériens, la classe politique n’arrive toujours pas à nommer ce qui s’est passé à cette date.

Entre ceux qui pensent que c’était juste un « chahut de gamins » et ceux qui admettent, des années après, que c’était une vraie « révolution » démocratique, le fossé est toujours énorme. Et malgré le « repentir » de certains politiques –à l’image de Bouteflika- qui ont fini par admettre que les évènements étaient d’abord politiques avant que cela ne soit une émeute du « pain », la donne n’a pas changé. Beaucoup pensent que le soulèvement d’octobre était provoqué par la pénurie des produits alimentaires. Le chômage et la mal vie aidant, les jeunes se ont soulevés contre le pouvoir et tous ses symboles.

Une chose est désormais établie. Les tragiques évènements d’octobre 1988 ont conduit le pays vers une semblant de multipartisme. Et c’est dans le sillage de cette ouverture forcée que les islamistes ont trouvé une brèche pour s’imposer dans une société qui honnissait le parti unique. La confrontation qui a suivi a coûté la mort de dizaines de milliers d’Algériens, entre militaires, civiles et terroristes.

Vingt-sept ans après les évènements d’octobre, la démocratie, qui fut la principale revendication des manifestants, n’est pas vraiment encrée dans le pays. Les mêmes visages, les mêmes pratiques et surtout la rapine sont toujours le menu quotidien des Algériens. Le FLN, qui a été la cible des manifestants, est toujours « première force politique » du pays. Et le rôle de l’armée reste toujours trouble autant que les liens qui unissent les autorités civiles et militaires.

La seule chose qui a changé est le fait de la nature: la majorité des acteurs de cette période commencent à disparaître les uns après les autres. Il ne restera des évènements d’octobre que les cicatrices qui marqueront à jamais la vie de la nation.

Essaïd Wakli

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