En Algérie, les foules en liesse sont à la commande…

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C’est la question que tous les médias se posent : l’Etat Algérien crée-t-il ses propres bains de foule ? La question revient comme une rengaine, à chaque grand évènement politique les cortèges se planifient, les Algériens sont sagement alignés pour donner une image d’une Algérie unie.

La Visite de François Hollande a relancé le débat, les autorités algériennes peuvent-elles jouer les metteurs en scène d’un bain de foule artificiel ? Le site d’information DNA a publié ce samedi 5 janvier une note que la direction de Sonelgaz avait distribué à ses employés le jour de la visite de François Hollande, dans laquelle il était indiqué que les employés de l’entreprise publique seraient libérés plus tôt « pour leur permettre de se rendre sur le parcours du cortège présidentiel », comme on peut le voir dans le document ci-dessous :

Les écoliers, les lycéens avaient reçu la même note. Des groupes d’enfants avaient été amenés dans le cortège avec leur école. Des lycéennes rencontrées Place Audin le 20 décembre, nous expliquaient que leurs professeurs leur avaient vivement conseillé de se rendre au cortège présidentiel, et qu’elles étaient là « parce que nous n’avons rien à faire ».

Mais ces méthodes ne sont pas inédites, et à chaque évènement politique les Algériens sont mobilisés qu’il le veuillent ou non. Pour les visites d’Etat du président algérien Abdelaziz Bouteflika  dans les wilayas  de l’intérieur,  les écoles et les entreprises publiques appellent leurs écoliers et leurs employés à participer au déplacement, à saluer leur président… et voilà la recette d’un bain de foule !

Au-delà des bains de foule, l’Etat s’assure une mobilisation pour faire croire à une conscience politique générale. Par exemple lors des élections locales du 29 novembre 2012, le gouvernement a donné un congé gratuit aux candidats employés comme fonctionnaires.  Pour les législatives de mai 2012 les écoles étaient fermées deux jours avant le scrutin. Les fonctionnaires et salariés des administrations et des entreprises étaient en congés payés. L’Etat n’hésite pas à redorer l’image de la politique algérienne au détriment de l’économie du pays. Des demi-journées entières de travail s’envolent pour assurer la représentativité du peuple algérien aux yeux du monde.

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