Est-ce de la naïveté de croire que Bouteflika a décapité le DRS ?

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Le duel entre Bouteflika  et le puissant service de renseignement le DRS continue de faire couler beaucoup d’encre. Les récentes mesures prises par Abdelaziz Bouteflika ont suscité une vive polémique. La dissolution du service de police judiciaire du DRS et le placement de la Direction centrale de la sécurité de l’armée (DCSA) sous l’autorité de l’état-major de l’armée, ont sonné le glas de la toute puissance du DRS, avaient estimé de nombreux observateurs. 

Abdelaziz Bouteflika aurait donc réussi à réduire drastiquement les prérogatives du DRS et de ses dirigeants. Mais cette lecture, le politologue Mohammed Hachemaoui ne la valide guère. Au contraire, il est monté au créneau pour la nuancer pour ne pas dire la démentir. Pour ce Docteur en science politique à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, le DRS n’a rien perdu de son pouvoir. « Le général Toufik reste maître du jeu, en se cachant au maximum et en apparaissant comme dépouillé de ses fonctions », a analysé cet expert dans un entretien accordé au quotidien français La Croix.

Mohamed Hachemaoui reconnaît, certes, que la direction centrale de la sécurité de l’armée, a été « transférée » du DRS vers l’état-major. « Mais le DRS n’appartient pas à une autre galaxie que l’armée ! Le DRS est un appareil de l’état-major de l’armée. Dire que la DCSA sort du giron du DRS est une contre-vérité », a-t-il néanmoins ajouté.

« Faire croire que le DRS est affaibli au profit du chef d’état-major, c’est une autre contre-vérité », relève encore Mohamed Hachemaoui selon lequel « l’état-major n’est plus l’acteur central dans la prise de décision depuis le départ du général Lamari, au lendemain de l’élection présidentielle de 2004. Son remplacement par le général Salah est la consécration de l’affaiblissement de l’état-major comme centre de décision. Ce n’est pas un octogénaire vieillissant qui pourrait représenter un contre-pouvoir à Toufik. Sa « promotion » comme vice-ministre de la défense prépare sa sortie et non pas l’inverse ». Mohamed Hachemaoui va jusqu’à affirmer que « depuis la guerre civile, le DRS a étendu son pouvoir sur l’ensemble de la sécurité de l’armée ». « Puis a infiltré, poursuit-il, toute la société civile, les syndicats, les banques, les partis politiques, les associations… Il n’y a pas eu de rupture dans cette construction mais une continuité remarquable. La même direction est aux commandes depuis 1990 ». Enfin, pour Mohamed Hachemaoui, « c’est une immense naïveté de croire qu’il y a eu décapitation par un président allié au chef d’état-major ».

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