L’Algérie annonce son autosuffisance en production de carburants : réalité ou ambition ?

0
L'Algérie annonce son autosuffisance en production de carburants : réalité ou ambition ?

Alger a récemment annoncé avoir atteint l’autosuffisance dans la production de tous les dérivés du pétrole, y compris les carburants. Le président de l’Autorité de régulation des hydrocarbures (ARH), Rachid Nadil, a confirmé cette information à la radio locale Chaine 2 à la fin de février. Le gouvernement algérien se fixe désormais comme objectif d’abandonner l’importation de carburants d’ici la fin de l’année.

Cependant, certains observateurs restent prudents quant à cette annonce. Depuis 2011, le pays importe pour près de 2,2 milliards de dollars de pétrole par an, selon l’ancien patron de la Sonatrach, Abdelmoumen Ould Kaddour.

Sans changement de stratégie, la facture pourrait significativement augmenter à l’horizon de 2025, avec la hausse exponentielle de la consommation interne et des prix du baril de brut. De plus, l’approvisionnement sur les marchés internationaux est fortement perturbé du fait de la guerre menée par la Russie en Ukraine.

L’objectif d’autosuffisance dans la production de carburants est un enjeu majeur pour l’Algérie. En effet, le pays est l’un des plus grands producteurs de pétrole d’Afrique, mais il est également l’un des plus gros importateurs de carburants. Cette situation fragilise l’économie algérienne, déjà mise à rude épreuve par la chute des prix du pétrole et la pandémie de Covid-19.

Pour atteindre cet objectif, l’Algérie mise sur l’exploitation de ses réserves de gaz naturel pour produire du carburant. Le pays dispose en effet de vastes gisements de gaz, ce qui en fait une source d’énergie importante pour l’avenir. Mais cela nécessite des investissements importants dans la recherche et le développement pour améliorer les techniques d’extraction et de production.

L’Algérie se donne donc jusqu’à la fin de l’année pour abandonner l’importation de carburants. Reste à voir si cet objectif ambitieux pourra être atteint dans les délais impartis et si l’autosuffisance dans la production de carburants sera réellement une réalité pour l’économie algérienne.

L’Algérie mise sur la raffinerie de Hassi Messaoud pour atteindre l’autosuffisance en production de carburants

Pour atteindre son objectif d’autosuffisance en production de carburants, l’Algérie doit produire 15 millions de tonnes de dérivés du pétrole, dont 8 millions de tonnes de gasoil, 5 millions de tonnes d’essence et environ 2 millions de tonnes de gaz de pétrole liquéfié carburant (GPLC), selon le président de l’Autorité de régulation des hydrocarbures (ARH), Rachid Nadil.

Cependant, pour l’instant, le pays produit environ 10 millions de tonnes de carburants destinées à la consommation locale à partir des cinq raffineries actuellement en service : celle d’Alger, située à Sidi Arcine et qui produit différentes qualités d’essence, de gasoil et de fioul ; celle d’Arzew, produisant du gasoil, de l’essence et du jet fuel ; la raffinerie de Skikda, produisant une grande variété de carburants, notamment du gasoil, de l’essence, du fioul et du GPL ; celle d’Adrar, produisant du diesel et du GPL ; et enfin la raffinerie d’Augusta en Italie, rachetée par le groupe Sonatrach à l’américain Exxon Mobil.

Pour atteindre son objectif d’autosuffisance en production de carburants, l’Algérie doit donc compter sur la mise en service de la raffinerie de Hassi Messaoud, d’une capacité de production de 5 millions de tonnes. Cette raffinerie reste jusqu’à présent hypothétique, mais le gouvernement algérien a annoncé dans un communiqué qu’elle sera « prochainement mise en service » et permettra de réaliser « l’autosuffisance et de passer à l’exportation du surplus ».

Pour l’économie algérienne, dont 19% du PIB dépend des hydrocarbures, l’augmentation des exportations apparaît essentielle. Cependant, la mise en service de la raffinerie de Hassi Messaoud tarde à se concrétiser, ce qui suscite des inquiétudes quant à la capacité du pays à atteindre son objectif d’autosuffisance en production de carburants.

La production pétrolière algérienne repart à la hausse, le gouvernement vise l’augmentation de la production de gaz pour l’exportation

Après une baisse de la production pétrolière algérienne durant deux années de pandémie, la production est repartie nettement à la hausse. Le ministre algérien de l’Énergie, Mohamed Arkab, a annoncé en août 2022 que la production pétrolière augmenterait pour atteindre 1,057 million barils par jour en 2023.

Parallèlement, le gouvernement algérien a indiqué sa volonté de doubler sa production de gaz pour l’exportation, avec un objectif de 100 milliards de mètres cubes par an. En 2022, Sonatrach, l’entreprise pétrogazière publique algérienne, a découvert de nouveaux gisements de pétrole et de gaz naturel, intensifiant ainsi ses efforts pour augmenter la production.

La production de gaz en Algérie vise également une augmentation significative, passant de 50 milliards de mètres cubes par an à 100 milliards, pour atteindre une production primaire de 205 millions de tonnes d’équivalent pétrole en 2025.

Cette augmentation est rendue possible par la découverte de nouveaux gisements de pétrole et de gaz naturel dans différentes régions du pays, ainsi que par le partenariat renforcé avec l’entreprise italienne Eni.

Le gouvernement algérien a pour ambition d’augmenter le taux de transformation de pétrole à 50%, contre 32% actuellement. Ces avancées dans la production d’hydrocarbures permettent à l’Algérie de poursuivre son développement économique, avec l’exportation de produits pétroliers et gaziers.

Article précédentSuspension des laissez-passer consulaires en France : la cheffe de la diplomatie française élude les questions sur la crise avec l’Algérie
Article suivantCorruption en Algérie : deux ex-ministres de Bouteflika inculpés pour dilapidation de la manne publicitaire