L’Enquête Explosive : Nike Canada et Dynasty Gold Impliquées dans le Travail Forcé des Ouïghours en Chine

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L'Enquête Explosive : Nike Canada et Dynasty Gold Impliquées dans le Travail Forcé des Ouïghours en Chine

L’ombre du travail forcé des Ouïghours en Chine continue de planer, et cette fois-ci, elle s’étend jusqu’aux portes du Canada. Une enquête menée par le Bureau de l’ombudsman canadien de la responsabilité des entreprises (OCRE) a révélé des allégations troublantes concernant deux entreprises canadiennes, Nike Canada Corp. et Dynasty Gold Corp. (DYG), qui auraient indirectement profité du travail forcé de la minorité Ouïghoure dans le nord de la Chine.

Cette révélation secoue non seulement le monde des affaires, mais soulève également des questions sur les responsabilités des entreprises canadiennes à l’étranger et la nécessaire vigilance de la communauté internationale.

Les Plaintes Qui Secouent le Canada

En juin 2022, l’OCRE a été confronté à une série de 13 plaintes crédibles accusant des entreprises canadiennes d’exploiter le travail forcé des Ouïghours en Chine. Parmi ces plaintes, 11 étaient liées à l’industrie du vêtement et deux au secteur minier. Une coalition de 28 organisations, dont le Projet de défense des droits des Ouïghours, a déposé deux de ces plaintes, marquant ainsi le début d’une enquête qui pourrait bien changer la donne.

Nike Canada : Des Accusations Explosives

Nike Canada Corp. est au cœur de l’enquête de l’OCRE, accusée d’entretenir des relations d’approvisionnement avec plusieurs entreprises chinoises déjà dénoncées pour avoir profité du travail forcé des Ouïghours. Le rapport de l’OCRE pointe du doigt notamment la firme Qingdao Taekwang Shoes Co., où Nike serait le principal client. Selon les plaignants, cette entreprise n’a pas pris de mesures suffisantes pour exclure le travail forcé de sa chaîne d’approvisionnement. Il est allégué que certains travailleurs suivent des cours du soir en matière de formation professionnelle et d’éducation patriotique.

Nike, de son côté, affirme que son code de conduite et ses normes de leadership imposent des exigences rigoureuses sur le travail forcé et le travail des enfants. Cependant, l’ombudsman canadien a noté que Nike Canada Corp. n’a pas fourni de réponse satisfaisante à toutes les allégations contenues dans la plainte. En particulier, les informations disponibles sont contradictoires concernant l’affirmation de Nike selon laquelle Qingdao Taekwang a cessé d’embaucher de nouveaux employés originaires du Xinjiang après que des violations des droits de la personne ont été signalées en 2019.

Dynasty Gold Corp. : Un Sombre Épisode

Dans le cas de Dynasty Gold Corp. (DYG), une société d’exploration minière, les allégations sont tout aussi graves. La plainte se base sur un communiqué de presse publié en janvier 2021 par la compagnie et sur une déclaration faite au journal The Globe and Mail par la directrice générale, reconnaissant que des Ouïghours travaillaient dans sa mine de Hatu. Cette mine est située à proximité de centres de détention ou de rééducation, selon les plaignants.

DYG a affirmé avoir mis fin à son exploitation minière en 2008 dans la région et ne plus avoir de contrôle opérationnel sur la mine. Cependant, les plaignants soutiennent que DYG reste propriétaire à 70 % de la mine et qu’elle a la responsabilité de s’assurer qu’aucun travail forcé n’y soit effectué. La réponse brève de DYG à la plainte soulève suffisamment de questions pour justifier une enquête approfondie.

Le Contexte Troublant en Chine

Pour comprendre la gravité de ces allégations, il est essentiel de replacer cette enquête dans le contexte des violations des droits de l’homme en Chine, en particulier dans la province du Xinjiang. Depuis plusieurs années, de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer le déplacement massif de membres de la communauté musulmane Ouïghoure dans des camps d’internement. L’ONU a même évoqué des « crimes contre l’humanité » commis dans ces camps.

Les allégations de pratiques de torture, de traitements médicaux forcés, de mauvaises conditions de détention, de violences sexuelles et sexistes sont crédibles, selon la haute-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet. La Chine a d’abord nié l’existence de ces camps, puis a prétendu qu’ils étaient des centres de rééducation politique.

Les Entreprises au Banc des Accusés

Alors que le monde s’efforce de répondre à ces violations des droits de l’homme en Chine, les entreprises canadiennes Nike Canada Corp. et Dynasty Gold Corp. se retrouvent sur le banc des accusés. Ces allégations résonnent non seulement comme une condamnation des pratiques d’approvisionnement, mais aussi comme un appel à l’action pour que les entreprises canadiennes prennent leurs responsabilités à l’étranger.

L’ombudsman canadien de la responsabilité des entreprises, Sheri Meyerhoffer, est en première ligne de cette enquête délicate, bien que son bureau soit critiqué pour son manque de pouvoirs contraignants. Les entreprises Nike Canada et DYG, elles, ont montré peu de coopération jusqu’à présent, ce qui soulève des doutes sur leur engagement envers la transparence et la responsabilité.

La Nécessité d’une Enquête Approfondie

Le Bureau de l’ombudsman aura 90 jours pour présenter ses conclusions, mais la complexité de l’affaire pourrait justifier une prolongation. En attendant, l’enquête résonne comme un appel à une vigilance accrue des entreprises canadiennes dans leurs chaînes d’approvisionnement internationales. Le monde observe de près, car les répercussions de ces allégations pourraient s’étendre bien au-delà des frontières du Canada.

Dans un monde de plus en plus interconnecté, il est de la responsabilité des entreprises de s’assurer que leurs pratiques respectent les droits de l’homme et les normes internationales. Nike Canada et Dynasty Gold Corp. sont actuellement sous le feu des projecteurs, mais elles ne sont pas les seules. Cette enquête devrait servir de rappel puissant que les entreprises ont un rôle crucial à jouer pour contribuer à mettre fin au travail forcé des Ouïghours en Chine et à lutter pour un monde plus juste et éthique.

En cette ère de mondialisation, notre responsabilité envers nos semblables ne connaît pas de frontières. Le Canada, en tant que nation respectueuse des droits de l’homme, doit être à la hauteur de cette responsabilité, et cela inclut nos entreprises.

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