Non à la haine, que le meilleur gagne et que l’espoir suscité en Algérie permette une nouvelle gouvernance

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Non à la haine

Une rencontre de football ne doit pas susciter la haine entre les peuples mais au contraire canaliser un message d’amour. Chaque Nation et cela se passe dans tous les pays développés encourage son équipe mais cela ne doit pas aller à la confrontation des populations.

Car le message d’espoir de l’équipe nationale algérienne dans le subconscient des Algériennes et Algériens et certainement pour la population égyptienne adressé à leurs dirigeants est le suivant : nous voulons un changement de gouvernance pour un devenir meilleur. C’est ce message profond qu’exprime cette liesse populaire.

Pour l’Algérie, elle se trouve réconcilier avec elle-même, grâce à cette jeunesse dynamique bien plus importante que toutes les ressources en hydrocarbures, la rente fondement du pouvoir de 1963 à 2009 et certainement encore pour longtemps jusqu’à l’épuisement de cette ressource éphémère si l’on ne change pas de politique.

Cette mobilisation citoyenne est donc sans pareille et que ni les discours chauvinistes auxquels plus personne ne croit , ni les injonctions des autorités notamment du Ministre de l’éducation nationale ou celui du Ministre de la solidarité n’avaient permises , démontrant malheureusement un divorce croissant Etat- citoyens que les autorités devraient méditer avec une extrême attention au lieu de se contenter d’une distribution passive de la rente des hydrocarbures, pour une paix sociale éphémère, car ne relevant pas d’une bonne politique socio- économique hors rente, ni d’une bonne gouvernance.

Partage de surcroît inégalitaire comme en témoigne les enrichissements sans efforts et la course aux fonctions de rentes et non pas dans l’intelligence la recherche, contrairement aux discours que contredisent les pratiques sociales : pour preuve le salaire net d’un simple député ou sénateur souvent désignés par des appareils dont la fonction est de lever la main loin de toute propositions utiles pour le pays, est plus de quatre fois le salaire d’un professeur d’université en fin de carrière et huit fois celui d’un professeur de lycée/cem. Quelle est la place concrètement du savoir ?

Or, les deux piliers du développement du XXIème siècle sont la bonne gouvernance (centrale, des collectivités locales et celle de l’entreprise intiment liée) et la valorisation du savoir, par la considération, et il est utopique de vouloir faire revenir les émigrés lorsque qu’on dévalorise ceux qui sont restés sur place. Pour preuve voici pour l’Algérie, les universités ayant obtenu les meilleurs classements sur 6000 des universités en compétition au niveau mondial 2009 par l’Université de Shanghai Jiao Tong, de 6000 à 10.000, c’est l’élimination et au-delà de 10.000 hors compétition

:a) Universités classées :l’université de Sidi Bel Abbes la 4 116e place- Université de Tlemcen, la 4 143e place -Université de Batna 5 548e place – b) hors classement – l’université de Constantine, 6766e place à travers le monde ; -l’université des sciences et de la technologie Houari- Boumediene à la 7008e place ;-l’université Abdelhamid- Ben Badis de Mostaganem 7205e ; -l’université d’Alger à la 7849e ; l’Ecole nationale de l’informatique 8960e et l’université Mohamed-Boudiaf d’Oran à la 9004e.Toutes les autres universités algériennes n’ont pas été prises en considération mais que l’on s’entende bien, l’Université , et de loin, n’est pas la seule responsable mais est dépendante des niveaux de base des cycles de formation antérieurs héritant d’un faible niveau dans la majorité des cas, montrant l’échec de la réforme de l’école qui a axé sa stratégie sur la quantité au lieu de la qualité .

Cette dévalorisation du savoir a un impact sur le développement socioéconomique dominé par la rente des hydrocarbures , et selon l’adage l’espoir fait vivre, la majorité des Algériens s’attache, faute de mieux avec la détérioration de leur niveau de vie sur le plan socio-économique, à des signes d’espoir. Et ce serait une erreur politique de croire que cette mobilisation est une adhésion aux politiques car pour paraphraser le football le politique est hors jeu.

L’équipe nationale a réconcilié également l’Algérie avec sa communauté émigrée puisque plus de 90% est constituée d’émigrés qui une fois le match terminé retourneront à l’étranger. Cela démontre clairement à la fois l’échec de la politique sportive nationale et montrant qu’un Algérien sportif, intellectuel, ou opérateurs économiques , évoluant dans un autre environnement , loin des tracasseries bureaucratiques s’épanouit et qu’il faut d’abord avoir une autre vision de la gouvernance qui a montré ses limites à travers une incohérence et manque de visibilité dans la politique socio-économique fait d’un système bureaucratique sclérosé figé ne s’étant pas adapté aux mutations tant internes que mondiales .

Il y a lieu donc de remercier l’équipe nationale pour ce renouveau d’espoir qu’elle a suscité au profit exclusif de l’Algérie et quelque soit le résultat le 18 novembre 2009, elle aura suscité un espoir de mobilisation soit au profit de plus de libertés et de démocratie condition d’un développement durable, seule voie afin de résoudre les tensions sociales de plus en plus vivaces.

Car, après ce match les Algériennes et Algériens et particulièrement cette jeunesse se trouveront confrontés toujours à la crise multidimensionnelle et au statut quo qui caractérisent le pays depuis des années, soit alors que les politiques n’auront pas tiré les leçons et ce sera la désespérance et la démobilisation avec un divorce Etat citoyens croissant .

Avec toujours des harragas témoignant d’une situation de désespoir que certains responsables malveillants tentent de banaliser avec des discours en déphasage par rapport aux réalités, alors qu’ils constituent un malaise social profond. Or , au vu de cette immense énergie de la population, femmes et hommes, l’Algérie a toutes les potentialités pour devenir un pays pivot et relever les défis du développement face à la mondialisation , en ce monde en perpétuel mouvement , impitoyable où toute Nation qui n‘avance pas recule.

Le sport étant de mon point de vue, autant que la culture un moyen de rapprochement des peuples et du dialogue des civilisations , je souhaite que le match Algérie Égypte se déroule dans la sérénité, loin de tout chauvinisme et que le meilleur l’emporte, loin de toute instrumentalisation politique.

Docteur Abderrahmane MEBTOUL Expert International Professeur des Universités
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