Silence du Roi Mohammed VI face à la Guerre en Palestine : Les Marocains Expriment leur Colère

0
Silence du Roi Mohammed VI face à la Guerre en Palestine : Les Marocains Expriment leur Colère

Rabat, le 31 octobre 2023 – Plus de trois semaines après le début des hostilités en Palestine, le roi Mohammed VI du Maroc continue de garder le silence, une attitude qui suscite des critiques même au sein du royaume.

Alors que la normalisation des relations entre certains pays arabes et Israël était en cours, l’ancien Premier ministre français Dominique de Villepin mettait en garde contre le caractère éphémère de ces accords, affirmant que « tout cela peut mourir du jour au lendemain ».

Au Maroc, il ne s’agit pas encore d’une remise en cause de l’accord de normalisation signé en 2020, mais le mécontentement de la société est de plus en plus perceptible face aux horreurs des bombardements israéliens sur Gaza.

La Normalisation au Maroc

Le royaume marocain a normalisé ses relations avec Israël en 2020, presque simultanément avec trois autres pays arabes : les Émirats arabes unis, le Bahreïn et le Soudan. Ces accords, connus sous le nom d’accords d’Abraham, ont été négociés sous l’égide de l’ancien président américain Donald Trump.

Contrairement aux trois autres États, le Maroc a une opinion publique profondément attachée à la cause palestinienne. Les autorités avaient souligné le rôle du roi Mohammed VI, qui s’était auto-proclamé « président du comité Al Qods », et avaient tenté de convaincre que la normalisation ne signifierait pas la fin du soutien du royaume à la cause palestinienne.

Cependant, la position officielle du Maroc depuis le début des bombardements israéliens à Gaza il y a plus de trois semaines ne semble pas étayer cette affirmation.

Le Silence du Roi

Le roi Mohammed VI est resté étrangement silencieux, tout comme son gouvernement. Pendant ce temps, les Marocains se sont mobilisés lors de manifestations impressionnantes dans les grandes villes et ont entrepris d’autres actions pour montrer leur soutien à la cause palestinienne.

Sur les réseaux sociaux, des comptes se présentant comme marocains semblaient soutenir Israël et critiquer la résistance palestinienne, mais il s’est avéré qu’il s’agissait de faux comptes.

Une enquête de la plateforme Eekad a révélé qu’environ 22 000 faux comptes se faisant passer pour des Marocains avaient été créés sur l’ancien Twitter juste avant la signature de l’accord de normalisation en décembre 2020. Le but était de faire croire que la normalisation était acceptée par l’opinion publique, ce que les Marocains réfutent quotidiennement.

Réactions en Colère

Outre les manifestations massives, les Marocains expriment leur mécontentement partout, y compris dans les mosquées.

Une vidéo circulant sur TikTok montre un fidèle prenant la parole pour dénoncer le silence du ministère des Waqfs, qui relève de la responsabilité directe du roi.

L’imam de la mosquée, qui ne semble pas avoir évoqué la situation en Palestine dans son prêche, a été la cible de la colère du fidèle. Ce dernier a déclaré : « Le ministère des Waqfs n’a pas osé parler de ce qui se passe à la mosquée d’Al Aqsa. Ils (les Israéliens) envisagent de la démolir. Y a-t-il une injustice plus grave que ça ? (…) Y a-t-il plus grave alors que nos frères meurent en Palestine ? »

Le fidèle s’est également adressé directement au roi Mohammed VI en disant : « Dans un pays dont le roi est président du comité Al Qods, ils ne peuvent pas dénoncer cela. Il parle d’un petit voleur et oublie le grand voleur, qui a volé toute une nation », faisant référence à l’imam qui n’a pas évoqué la situation en Palestine. Les imams au Maroc sont tenus de respecter les thématiques fixées par les autorités dans leurs prêches.

Les scandales liés à la normalisation se multiplient au Maroc, simultanément à la détérioration de la situation en Palestine.

Récemment, de nombreuses personnes à Tanger sont descendues dans la rue pour protester contre les tentatives d’expropriation par des Israéliens d’origine marocaine qui sont revenus après la normalisation, réclamant des biens fonciers et immobiliers qu’ils avaient abandonnés des décennies plus tôt lors de leur départ pour Israël. Un influenceur s’est demandé sur TikTok si cela était la contrepartie que les Marocains devaient payer pour avoir obtenu la reconnaissance de la « souveraineté marocaine » sur les territoires sahraouis occupés en échange de la normalisation avec Israël.

Article précédentMarine Le Pen domine les intentions de vote pour l’élection présidentielle de 2027
Article suivantBourses MOPGA 2024 : La France offre 40 opportunités aux chercheurs algériens