Algérie : Les exportations non pétrolières en plein essor

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Algérie Les exportations non pétrolières en plein essor

L’Algérie cherche à diversifier son économie en stimulant les exportations non pétrolières. Depuis 2019, le volume des ventes à l’international – hors secteur pétrogazier – a quadruplé, atteignant plusieurs milliards de dollars. Le gouvernement algérien vise désormais un objectif ambitieux de 10 milliards de dollars annuels d’exportations hors pétrole pour accélérer la diversification de son économie.

Les efforts de diversification sont concentrés dans les vastes plaines semi-arides de Biskra, à 400 km au sud d’Alger, où des milliers de tonnes de fruits et légumes sont produits chaque année sous des serres à perte de vue. Cette région fournit plus de 40 % de la production agricole du pays pour un chiffre d’affaires dépassant les 3 milliards d’euros.

La région abrite également 480 exportateurs, dont la famille Tahraoui, qui possède un groupe spécialisé dans les travaux publics, la médecine, l’hydraulique, et exploite 400 hectares de cultures maraichères. Ils exportent plusieurs tonnes de légumes chaque jour, dont une partie destinée à l’étranger. Les fèves se vendent au Canada, les tomates et les melons en France et en Espagne, et les poivrons à Dubaï. Les frères Tahraoui envisagent maintenant de conquérir de nouveaux marchés, notamment en Ukraine et en Russie, en Chine et en Côte d’Ivoire.

Le gouvernement algérien encourage activement les exportations en prenant des mesures drastiques pour réduire la facture des importations et augmenter celle des exportations. Selon les statistiques officielles, les importations pour l’année 2022 ont atteint 38,7 milliards de dollars, tandis que les exportations ont atteint 56,5 milliards de dollars (dont 49,5 milliards d’hydrocarbures).

La diversification des exportations est devenue une priorité pour les autorités algériennes, conscientes de la nécessité de réduire la dépendance aux hydrocarbures et aux cours fluctuants de l’industrie pétrolière. Avec la croissance rapide des exportations non pétrolières, l’Algérie a l’espoir de réaliser son ambition d’une économie plus diversifiée et résiliente.

L’Algérie mise sur l’agroalimentaire pour diversifier ses exportations

Le président algérien, Tebboune, a annoncé en janvier 2023 que les exportations hors hydrocarbures ont atteint les 7 milliards de dollars en 2022, contre 1,7 milliard en 2019. Un nouvel objectif ambitieux est fixé : atteindre les 10 milliards de dollars. Malgré les doutes, de nombreux opérateurs estiment que l’agroalimentaire est l’un des premiers gisements de croissance pour les exportations, bien que ce secteur ne représente actuellement que 1,5 milliard de dollars de marchandises vendues à l’étranger.

Pour faire entrer des devises, l’agriculture est considérée comme une solution, comme le prouve le groupe Souakri, qui lance un projet de culture de tomates destiné à l’exportation sur un terrain de 1 000 hectares près de Touggourt, à 600 km au sud-ouest de la capitale. Dans le pays, les entrepreneurs cherchent également à exploiter les ressources naturelles inexploitées, comme les dattes et l’huile d’olive. Bien que ces quantités soient négligeables, ils croient en leur potentiel de forte rentabilité si les investissements sont massifs. En 2021, l’Algérie a exporté 600 000 litres d’huile d’olive vers 19 pays pour 2 millions de dollars, un chiffre qui pourrait atteindre les 5 millions de dollars d’ici 2024.

L’Algérie est déterminée à diversifier son économie en stimulant les exportations hors hydrocarbures, et les entrepreneurs locaux ont compris le potentiel de l’agroalimentaire pour atteindre cet objectif. Faire fleurir le désert n’est plus une vue de l’esprit, mais un objectif réaliste pour le développement économique et la création d’emplois.

La diversification de l’économie est donc un enjeu crucial pour l’Algérie, qui peut désormais s’appuyer sur les initiatives de ses entrepreneurs pour ouvrir de nouvelles perspectives à son économie.

L’Algérie sur la voie de l’exportation de ciment et d’acier

Si l’agroalimentaire est le secteur le plus prometteur pour les exportations, l’Algérie a également des atouts dans les industries du ciment et de l’acier.

La production locale de ciment a connu une croissance telle que l’Algérie est désormais en mesure d’exporter son ciment partout dans le monde, pour un chiffre d’affaires de 500 millions de dollars par an. De plus, les prix du ciment et de l’acier algériens sont très compétitifs, selon un ancien ministre de l’Industrie.

L’usine de Biskra, gérée en partenariat par le groupe Souakri et Lafarge Holcim, envoie ses productions en Afrique subsaharienne, en Asie et en Amérique latine. Le patron du groupe, Abdenour Souakri, ambitionne d’atteindre un chiffre d’affaires de 100 millions d’euros à l’exportation.

Le secteur de la sidérurgie n’est pas en reste, avec des investissements locaux et en partenariat avec des entreprises étrangères, notamment turques, qui ont permis de doubler la production de fer et d’acier pour atteindre 2 milliards de dollars à l’exportation.

Cependant, un opérateur économique met en garde contre l’excès d’enthousiasme à propos de ces quantités d’acier et de ciment exportées. En effet, l’excédent à l’exportation est dû en grande partie au recul du marché local qui consommait ces produits. Si les activités du BTP venaient à reprendre, l’Algérie pourrait presque ne plus être en mesure d’exporter de ciment et d’acier.

L’Algérie mise sur la diversification de son économie en stimulant les exportations, y compris dans les secteurs de l’agroalimentaire, du ciment et de l’acier. Toutefois, le pays doit rester vigilant quant à la demande interne de ces produits pour éviter de perdre sa place sur le marché international en cas de reprise des activités du BTP sur le marché local.

Cevital et Rebrab : des acteurs clés dans l’essor des exportations algériennes

En décembre 2022, le groupe Cevital, premier groupe agroalimentaire privé en Algérie, a annoncé l’entrée en service prochaine de son usine de Bejaia pour la production d’huile.

Ce projet, nécessitant un investissement de 150 millions d’euros, devrait générer un chiffre d’affaires de 2,2 milliards de dollars, dont 750 millions à l’exportation.

Cevital était également l’un des principaux exportateurs de sucre en Tunisie et dans d’autres pays africains, avant l’interdiction temporaire d’exportation décidée en décembre 2022, générant un chiffre d’affaires de 300 millions de dollars.

Le conglomérat de la famille Rebrab est également un acteur majeur de la production de sucre en Algérie destiné aux marchés locaux et étrangers.

Toutefois, pour booster les exportations algériennes, un ancien ministre souligne la nécessité de lever les entraves bureaucratiques et bancaires, ainsi que de réduire la facture des importations et de lutter contre les surfacturations.

En effet, les importations ont culminé à presque 60 milliards de dollars il y a dix ans et maintenir le cap des importations à 35 milliards de dollars par an serait déjà une grande victoire pour le pays.

L’Algérie mise sur des acteurs clés comme Cevital et Rebrab pour stimuler les exportations et diversifier son économie. Toutefois, pour y parvenir, il est crucial de lever les obstacles bureaucratiques et bancaires et de lutter contre les surfacturations.

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